Frankenstein (1931) ★★★☆

Le docteur Frankenstein fut un brillant étudiant en médecine, passionné par le galvanisme et l’électrobiologie, avant de devenir obsédé par un projet prométhéen : recréer la vie. Avec son fidèle assistant, Fritz, il s’est reclus dans un moulin abandonné pour se livrer à de sinistres expériences sur des cadavres qu’il déterre en cachette. Sa fiancée, la belle Elizabeth, son ancien maître, le docteur Waldman, et son père, le Baron Frankenstein, se rongent les sangs pour lui et voudraient le détourner de sa macabre entreprise.

Fort du succès qu’elle vient de remporter avec Dracula, Universal décide en 1931 d’adapter le roman à succès de Mary Shelley qui, durant tout le dix-neuvième siècle, avait déjà fait l’objet de nombreuses adaptations théâtrales. Bela Lugosi doit jouer le rôle du monstre sous la direction de Robert Florey. Mais finalement James Whale et Boris Karloff leur sont préférés par le studio. Le maquillage est confié à Jack Pierce qui leste de cire les paupières du monstre et lui rajoute un front carré bourré de coton et une calotte.

Frankenstein prend beaucoup de libertés avec le livre de Shelley dont il ne reste quasiment rien. Ce n’en est pas moins un film de légende qui figure en bonne place dans toutes les anthologies du cinéma. Il a bien sûr vieilli. Ses personnages ont les poses artificieuses dont le cinéma naissant n’était pas encore arrivé à s’affranchir. Mais le monstre n’a rien perdu de son aura magnétique. Son apparition provoque encore chez le spectateur un frisson régressif. Son destin nous émeut – qui rappelle celui de King Kong que filmera deux ans plus tard Selznick.

On croit souvent que Frankenstein est le nom du monstre, mais c’est celui du docteur qui l’a créé. Le monstre, c’est lui, qui défie la loi de Dieu et les règles de la Nature. Le monstre, lui, restera innommé tout au long du film, symbole du refus de lui reconnaître une quelconque identité. Par un étonnant renversement, il devient sympathique – comme Kong le deviendra aussi – dès qu’il se retrouve en butte à la méchanceté des humains.

La dernière scène n’est pas aussi connue que celle de King Kong. Mais elle pose une grammaire qui restera celle de tout le cinéma d’horreur pendant des décennies.

La bande-annonce

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