Butterfly Vision ★☆☆☆

Lilya (Rita Burkovska) est une jeune opératrice ukrainienne pilote de drone. Capturée par les séparatistes du Donbass, elle fait l’objet d’un échange de prisonniers et rentre à Kiev où l’attendent Tokha son époux, un ancien militaire comme elle, sa mère et ses anciens compagnons de lutte démobilisés. Malgré ses cauchemars récurrents, Lilya cache aux siens les viols qu’elle a subis et l’enfant qu’elle attend. Elle doit rapidement décider d’avorter ou pas.

Présenté à la sélection Un certain regard au dernier festival de Cannes, Butterfly Vision est le premier film d’un jeune réalisateur ukrainien. Il a pour thème le retour au foyer d’un ancien prisonnier de guerre après une captivité traumatisante. C’était celui de Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) ou de Rambo. Une scène du premier m’avait marqué – sans parler évidemment de la roulette russe jouée par Christopher Walken : celle où Robert De Niro sort du taxi qui le ramène chez lui, voit sa maison pavoisée et ses amis qui l’y attendent pour célébrer son retour, mais se refuse à y rentrer. Elle m’avait dérouté à l’époque. Je ne comprenais pas comment on pouvait ne pas avoir envie de fêter sa libération avec les siens. La maturité – et la misanthropie – aidant, je la comprends mieux aujourd’hui.

L’invasion qu’a subie l’Ukraine a provoqué une telle indignation à travers le monde qu’elle a compliqué la réception des films ukrainiens, surtout lorsqu’ils ont la guerre pour objet. Comment ne pas les applaudir en solidarité avec les épreuves que ce peuple courageux traverse ? Comment s’autoriser la moindre réserve qui ne soit pas aussitôt interprétée comme un manque de soutien à la résistance ukrainienne voire un appui silencieux à l’agresseur russe honni ?

Butterfly Vision appelle d’autant moins de réserves qu’il a reçu des critiques unanimement positives et qu’il a l’honnêteté, à travers le personnage de Tokha et les choix qu’il fait, d’évoquer la face sombre du nationalisme ukrainien. Pour autant, je dois avouer honteusement que ce film ne m’a pas embarqué. Une fois qu’on a compris le traumatisme subi par son héroïne et pressenti la décision qu’elle va prendre, Butterfly Vision perd toute tension, tout suspens. Le fil du récit se détend. Si Lilya inspire de la sympathie et sa résilience de l’admiration, son histoire tristement banale et la façon dont elle se dénoue ne suscitent guère d’intérêt.

La bande-annonce

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