Falcon Lake ★★★☆

Bastien a treize ans. « Bientôt quatorze » ajoute-t-il dans le désir de se vieillir d’une année à cet âge charnière. Il vit en France et vient passer ses vacances dans une cabane perdue au fond des Laurentides au Québec. Ses parents et lui y retrouvent une amie et sa fille, Chloé, qui vient d’avoir seize ans. Entre les deux adolescents s’installe vite une complicité ambiguë.

Charlotte Le Bon, une actrice québécoise qu’on regrette de ne plus avoir vue depuis longtemps à l’écran, passe derrière la caméra pour son premier film. Elle s’est inspirée de Une sœur, un roman graphique de Bastien Vivès (l’auteur de Polina qui avait déjà été adapté à l’écran), dont l’action se déroulait en Bretagne. Elle en transpose l’action dans les Laurentides où elle passa toutes ses vacances pendant son enfance. Elle y filme, comme on en a déjà tant vu, une initiation amoureuse entre deux adolescents. Mais elle le fait avec une immense sensibilité.

Bastien et Chloé ont trois ans d’écart. Mais un monde les sépare. Lui entre dans l’adolescence ; elle est sur le point d’en sortir. Il ne se passe pas grand chose dans ce film qui ne quitte guère le petit chalet au fond des bois où les estivants se sont installés et le lac avoisinant où ils vont se rafraîchir. Pas grand chose jusqu’à son dénouement aussi surprenant que logique.

Plane au dessus de Falcon Lake une ombre menaçante. Une légende urbaine – ou plutôt forestière – voudrait qu’un fantôme qui s’y est jadis noyé hante ses berges. Cette légende a beaucoup impressionné Chloé qui, avec le goût, vaguement gothique, du paranormal qu’ont parfois les ados à cet âge, s’essaie à reconstituer, avec l’aide de Bastien, des scènes morbides et à les photographier.

Joseph Engel, que Louis Garrel avait déjà dirigé dans L’Homme fidèle et dans La Croisade, interprète à la perfection la confusion des sentiments, la peur du sexe et son attrait, l’enthousiasme des premières fois et les déchirements qu’elles provoquent. La révélation Sara Montpetit lui donne la réplique.

Couronné par le prix Louis-Delluc du premier film, Falcon Lake malgré son apparente modestie fait souffler un vent frais dans le genre pourtant essoré du coming-of-age movie.

La bande-annonce

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