Par cœurs ☆☆☆☆

Avignon. Juillet 2021. Malgré l’épidémie de Covid et le mistral, le festival se tient. Isabelle Huppert joue La Cerisaie dans la cour d’honneur du Palais des papes. Fabrice Luchini lit Nietzsche et Baudelaire dans la cour du musée Calvet. Benoît Jacquot les filme.

On ne peut qu’être séduit par le joli titre de ce film et par son sujet : capter, au plus près de leur intimité, deux géants de la scène et nous faire comprendre en les observant le processus créatif.

Le problème est que le résultat semble bien paresseux.
Si l’on était médisant, on crierait même à l’arnaque et accuserait Benoît Jacquot de s’être fait financer son week-end en Avignon en promettant à son producteur ce documentaire : – « J’aimerais bien aller à Avignon cet été »
– « Tu comptes quand même pas sur moi pour te payer ton séjour ?
– « Ben si ! Y’a Isabelle et Fabrice qui jouent. Je vais leur demander quelques minutes et les filmer avec mon portable. Et on en fera un documentaire d’une heure seize »
– « Mais ça n’intéressera personne »
– « Mais pas du tout ! On mettra leurs photos sur l’affiche et tu verras : tous les gogos qui les aiment iront le voir »

Immanquablement, la salle était remplie de spectateurs – et ils sont nombreux – qui aiment Huppert et/ou Luchini.
Tel n’est pas mon cas, vous le savez. Mais vous savez aussi combien je suis masochiste.

Je ne sais pas si les admirateurs de Huppert et de Luchini en ont eu pour leur argent.
Je sais en revanche que je n’en ai pas eu pour le mien – même si, titulaire, d’un abonnement, la séance ne m’a rien coûté.
La raison n’en est pas tant l’irritation épidermique que provoquent en moi les moues d’Isabelle Huppert et les rugissements de Fabrice Luchini. J’essaie de dépasser mes phobies et de reconnaître lucidement le talent et de l’une et de l’autre.
Mais je ne supporte pas la paresse de Benoît Jacquot qui se contente de filmer ces deux acteurs, alors que leur démarche n’a rien de commun (Huppert s’évertue maniaquement à mémoriser un texte qui lui échappe alors que Luchini disserte prétentieusement sur le fait de le lire). Manifestement, il lui manquait de la pellicule pour se focaliser sur un des deux et/ou il n’a pas réussi à en convaincre un troisième (Olivier Py ?) de se prêter au jeu/je.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *