Meurs, monstre, meurs ★☆☆☆

Au cœur des Andes argentines, une paysanne est sauvagement décapitée. L’inspecteur Cruz de la police rurale est chargé de l’enquête. Le principal suspect est un voisin que le drame a laissé à moitié fou, qui sera bientôt enfermé en asile psychiatrique. Il tient des propos incohérents et évoque la menace d’un monstre qui rode.

Meurs, monstre, meurs mélange des genres bien connus. Le thriller policier : son héros est un policier taciturne qui enquête sur des crimes en série. Le drame social : l’enquête se déroule dans la campagne argentine et met en scène des gens de peu, écrasés par la pauvreté et abrutis par l’isolement. Le film atmosphérique : le héros, frappé d’insomnie, évolue dans une veille nébuleuse qui contamine les êtres et les choses autour de lui. Le gore : plane constamment la menace d’une apparition monstrueuse.

Le problème est le dosage de ces éléments-là. L’enquête policière tourne court car l’identité de l’assassin est vite dévoilée. Le drame social n’est guère creusé dès lors que le film bascule dans le seul registre du fantastique. Le film atmosphérique tourne vite à la succession hypnotisante de plans diurnes ou nocturnes d’une sauvage beauté. Reste le gore qui perd toute son efficacité dans ses séquences finales.

Cette conclusion est absurde et ridicule. Absurde : elle réduit à néant l’idée sur laquelle le film semblait s’être construit que la monstruosité se terre en chacun d’entre nous et n’attend que l’occasion propice de se libérer. Ridicule : quand le monstre apparaît – qui ressemble plus au Casimir de L’Île aux enfants qu’au monstre d’Alien ou de Predator – le rire le dispute à la gêne. L’angoisse en tout cas a disparu.

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68, mon père et les clous ★★☆☆

Jean Bigiaoui est le patron de Bricomonge, une quincaillerie, du cinquième arrondissement de Paris. Les affaires vont mal. La quincaillerie va fermer et ses employés vont devoir être licenciés.
Dans sa jeunesse, Jean Bigiaoui était un militant de la gauche prolétarienne, engagée dans la lutte clandestine.
Son fils le filme.

Comme son titre ternaire l’annonce, 68, mon père et les clous peut se lire à trois niveaux.

Le premier est la chronique émouvante d’un petit commerce de quartier, de ses clients, de ses employés et de sa fermeture inéluctable. La faute à la concurrence des grandes enseignes (qui va acheter ses clous à Bricomonge quand Leroy Merlin est au bout de la rue ?), à des clients indélicats qui ne paient pas leurs crédits et aussi à la gestion calamiteuse d’un patron qui n’est pas un grand manitou de la finance.

Le deuxième est l’énigme d’un homme qui posa des bombes avant de vendre des clous. Comment passe-t-on de la Gauche prolétarienne à la quincaillerie de détail ? Jean Bigiaoui est pudique et secret, qui refuse de se dévoiler. On apprend plus de lui à travers les témoignages de quelques amis de longue date, un ancien camarade du lycée Charlemagne, un compagnon de lutte.

Le troisième est le portrait d’un fils par son père. Un portrait d’une grande pudeur d’où transpire une rugueuse tendresse, sans jamais verser dans le sentimentalisme. Le fils respecte les silences du père. Mais il ne s’interdit pas de le pousser dans ses retranchements, réussissant enfin, dans les tréfonds du magasin, à recueillir les bribes d’une confession.

68, mon père et les clous ne révolutionnera pas l’histoire du documentaire. Mais le regard mélancolique et tendre que ce fils porte sur son père n’est pas le moins émouvant des hommages.

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Les Météorites ★☆☆☆

Nina a seize ans. Elle vit seule avec sa mère. Elle a laissé tomber le lycée. Elle tue le temps avec son meilleur ami, Alex, qui a décidé de quitter l’exploitation viticole familiale pour s’engager dans l’armée.
Nina a trouvé un job d’été dans un centre d’attractions où elle travaille auprès de Djamila. Un jour, elle voit une météorite dans le ciel et croit la fin du monde advenue. Le lendemain elle rencontre Morad, le frère de Djamila, et en tombe immédiatement amoureuse.

Premier film d’un jeune réalisateur formé à la Fémis, Romain Laguna, Les Météorites n’est pas sans qualités. Il s’inscrit dans un terroir, l’Hérault, ses montagnes, son littoral, ses centres urbains, dont la géographie minérale résonne chez l’héroïne. Il essaie d’ajouter au naturalisme avec lequel l’adolescence est souvent filmée une touche poétique voire fantastique. Il s’attache corps et âme à l’actrice principale, la jeune Zéa Duprez, recrutée lors d’un casting sauvage, que la caméra ne quitte pas d’une semelle.

Mais Les Météorites creuse un sillon déjà trop souvent exploré pour surprendre vraiment. Shéhérazade, dont l’héroïne, récompensée par le César du meilleur espoir féminin, n’est pas sans rappeler Nina, et la relation que ses deux protagonistes entretenaient celle qui se noue avec Mourad, était autrement plus bouleversant. Mektoub my Love était autrement plus maîtrisé. Et Luna, un petit film sorti l’an dernier, passé inaperçu, qui se déroulait dans le même département et dont l’affiche a les mêmes couleurs, m’avait plus ému que ces Météorites pré-formaté.

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Hard Paint ★☆☆☆

Depuis qu’il a été renvoyé de l’université, Pedro vit reclus à Porto Alegre dans l’appartement qu’il partage avec sa sœur. Il est devenu camboy : il s’exhibe moyennant finance devant sa webcam en enduisant son corps dénudé de peinture fluo.
Pedro rencontre bientôt Leo, un autre camboy. Les deux jeunes gens décident de s’exhiber ensemble. Leur complicité se mue bientôt en amour.

Tinta Bruta (traduit pour l’export aux États-Unis et dans le reste du monde Hard Paint) explore avec une lente langueur les troubles d’un jeune homosexuel. Le film n’est pas sans qualités, qu’il s’agisse des exhibitions de Pedro plus poétiques que suggestives ou de la façon dont est mis en scène son mal-être. Mais ses défauts l’emportent à commencer par sa durée : Hard Paint dure près de deux heures sans qu’on comprenne l’utilité d’une pareille longueur.

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Une part d’ombre ★★☆☆

David (Fabrizio Rongione) a tout pour être heureux : une femme aimante (Natacha Régnier), deux enfants, des amis indéfectibles (on reconnaît Myriem Akhediou, actrice fétiche des frères Dardenne, Christophe Paou, l’assassin de L’Inconnu du lac, et la rousse Erika Sainte révélée par Baron noir).
Mais sa vie se dérègle après l’assassinat, dans les Vosges, sur son lieu de vacances, d’une femme qu’il est le dernier témoin à avoir rencontrée durant un footing dans la forêt à la tombée de la nuit.
Suspecté par la police, David voit sa vie passée au crible. Un secret enfoui est dévoilé qui éloigne de lui sa femme et ses amis qui se mettent à douter de son innocence.

Le film du belge Samuel Tilman a un parti pris stimulant. Il choisit de raconter une enquête policière sans rien nous dire du travail des policiers, du seul point de vue du principal suspect et de son entourage. Du coup, Une part d’ombre ne se réduit pas à la seule dimension à laquelle se cantonnent trop souvent les films similaires : le héros est-il ou non coupable du crime dont on l’accuse ? Mais il s’en leste de deux autres : comment une enquête policière fait-elle exploser une vie normale ? comment croire un homme qui clame son innocence quand on découvre sa « part d’ombre » ?

Bien joué, bien monté en flash-back successifs qui révèlent progressivement le déroulement des événements le soir du crime, Une part d’ombre ne révolutionnera pour autant pas l’historie du cinéma. Sorti en plein festival de Cannes, il risque d’être oublié au bénéfice de la Palme coréenne, de Jarmusch, d’Almodovar ou des frères Dardenne. Le choix de la date de sa sortie est la triste preuve du manque de confiance de ses distributeurs.

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#Female Pleasure ★★☆☆

#Female Pleasure brosse cinq portraits de femmes.
Deborah Feldman a dénoncé l’éducation ultra-orthodoxe qu’elle a reçue dans la communauté juive hassidique de Brooklyn.
Vithika Yadav a créé l’ONG Love Matters qui rend compte des violences sexuelles dont les femmes sont victimes en Inde et promeut des relations entre les sexes plus consensuelles.
Née en Somalie, aujourd’hui installée en Angleterre, Leyla Hussein mène campagne contre les mutilations génitales féminines.
Rokudenashiko est une artiste plasticienne japonaise dont le travail vise à casser le tabou de la représentation du sexe féminin. On la suit durant le procès qui lui est intenté pour obscénité.
Doris Wagner est une ex-moniale allemande qui a quitté les ordres après avoir été violée par son supérieur.

On se tromperait en allant voir #Female Pleasure pour percer – enfin – les mystères de l’orgasme féminin [Laissant entendre que ce film s’adresse aux hommes, la phrase que je viens d’écrire est scandaleusement genrée, me fait remarquer une femme qui m’est proche, qui dénonce pour faire bonne mesure l’emploi du verbe « percer » lequel fait peser le soupçon d’un fantasme de viol]. Il s’agit en revanche, à travers ces cinq portraits de femme, de faire un tour du monde du féminisme et de ses combats.

La caméra de la Suissesse Barbara Muller est bien sage qui filme tour à tour, par courtes séquences de cinq minutes, chacune de ces quadragénaires. Son documentaire montre cinq combats menés par cinq femmes de cultures et d’origines différentes. Elles se battent toutes à leur façon contre la religion, donnant à #Female Pleasure un parfum nettement anti-clérical. On pourrait le critiquer en contestant que le féminisme se réduise à ce seul combat. On pourra au contraire invoquer que, quelle que soit la latitude, il n’y a guère de religions qui ne reproduisent les schémas patriarcaux et n’infériorisent les femmes.

Sans doute les cinq combats ainsi décrits ne sont-ils pas sans lien. Chacune des héroïnes se bat pour la cause des femmes. Il existe clairement, pour utiliser une expression à la mode, une « convergence des luttes ». Mais le documentaire trop kaléidoscopique nous frustre d’une approche plus synthétique.

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Le Fils ★☆☆☆

Dima, le cousin du réalisateur, est mort le 23 mai 2013. Il avait vingt-et-un ans à peine. Il était soldat chez les Spetsnaz, les unités spéciales russes. Il a été tué d’une balle dans la tête lors d’une opération au Daghestan.
Sur les pas de son cousin, Alexander Abaturov, un jeune réalisateur russe formé en France à l’école documentaire de Lussas, filme la formation des Spetsnaz, la discipline de fer à laquelle ils sont soumis, les épreuves qu’ils doivent subir avant de pouvoir coiffer le fameux béret rouge.

Le Fils creuse deux sillons. D’une part, il raconte le vide que laisse dans la vie d’une père et d’une mère la mort brutale d’un fils. On aurait pu imaginer une enquête policière pour reconstituer les conditions exactes de cette mort. On aurait pu imaginer une succession de témoignages face caméra de proches revenant sur les épisodes de la vie du défunt. Mais ce n’est pas le cas. Le documentaire préfère suivre les parents dans leur lent travail de deuil. On les voit présider, la larme à l’œil, un banquet du souvenir, puis inaugurer une statue qui viendra décorer la tombe de leur fils.

D’autre part, Alexander Abaturov filme la formation des Spetsnaz. On ne comprend pas vraiment son point de vue. S’agit-il de dénoncer la brutalité qui règne dans les rangs de l’armée ou le patriotisme qui anime les soldats ? S’agit-il au contraire de glorifier la force et la discipline ? Le propos n’est pas clair. Et Le Fils est trop court – il dure une heure et onze minutes seulement – pour nous apprendre quoi que ce soit sur l’origine sociologique des jeunes militaires, leur motivation idéologique, le contenu pratique et théorique de leur formation ou leur affectation ultérieure.

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Rocketman ★☆☆☆

Elton John, né Reginald Kenneth Dwight en 1947 dans une petite ville du Middlesex, fils unique de Stanley et Sheila Dwight. Sa vie. Son œuvre.

La mode est aux biopics musicaux. L’an passé, Bohemian Rhapsody et A Star is Born ont rencontré un succès étourdissant, tant critique que public : des millions d’entrées, une pluie de récompenses aux Oscars. Sans parler du succès antérieur rencontré en France par les biopics consacré à Edith Piaf, à Dalida ou à Claude François.
La tentation est grande de s’inscrire dans cette veine et de raconter la vie de toutes les gloires, présentes et passées, de la variété contemporaine.

Ce serait pourtant faire un mauvais procès d’adresser le reproche de l’opportunisme à cette biographie d’Elton John dont le projet est ancien. Il remonte au début des années 2000 et a mis beaucoup de temps à se concrétiser à cause des hésitations sur le choix de l’acteur vedette. Le nom de Justin Timberlake avait d’abord circulé. Puis celui de Tom Hardy. C’est finalement Taron Egerton, qui s’était fait connaître pour son rôle dans la franchise Kingsman, qui décroche le pompon – et les lunettes. Il paie de sa personne et de sa voix ; il en sera peut-être récompensé aux prochains Oscars.

C’est hélas le seul atout de Rocketman qui se contente d’enfoncer des portes ouvertes. Sur le fond, on nous sert comme d’habitude la valse à quatre temps : 1. les origines modestes 2. l’ascension et la gloire 3. la chute par la faute de la drogue et d’un manager véreux 4. la rédemption (Elton vire son manager, arrête la drogue et découvre enfin le grand Amour).

Sur la forme, Rocketman ressemble plus à une comédie musicale façon Broadway qu’à un film. Il s’agit de mettre en valeur chacun des grands tubes d’Elton dont la genèse géniale est fantasmée. On se croirait à Broadway pas au cinéma. On le voit hésiter sur les premières mesures de Your Song dans la salle à manger de la maison de ses parents, plaquer les accords de Crocodile Rock au club Troubadour à Los Angeles, jouer en duo Don’t Go Breaking My Heart. Rien ne manque, si ce n’est les funérailles de Lady Di au son de Candle in the Wind et un peu d’authenticité.

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Les Plus Belles Années d’une vie ★★☆☆

Les Plus Belles Années d’une vie est la suite de Un homme et une femme, sorti en 1966, qui valut au jeune Claude Lelouch, âgé de vingt-huit ans à peine la Palme d’or et l’Oscar du meilleur film étranger.
Chabadabada. Sa musique est mondialement célèbre. La citer suffira à vous la mettre dans la tête pour le reste de la journée. Bien que médiocrement doué pour le chant, je l’ai entonné devant un président de la République africain pour lui expliquer le principe de parité qui gouverne depuis 2000 les scrutins de liste en France.

Sans évoquer Un homme et une femme  : Vingt ans déjà, la suite calamiteuse sortie en 1986, on retrouve donc Jean-Louis Duroc (Jean-Louis Trintignant) et Anne Gauthier (Anouk Aimée), le coureur automobile et la scripte, que la perte d’un être aimé avait réunis sur la plage de Deauville. Ils ont bien vieilli. Elle mieux que lui, témoignage probant de l’inégalité des sexes face à la mort, même si Anouk Aimée est de deux ans plus jeune que Jean-Louis Trintignant.

Plus de cinquante ans ont passé. Jean-Louis Duroc a été placé par son fils (on retrouve Antoine Sire, le gamin de Un homme et une femme, qui voulait devenir pompier et qui, en tous cas, a bien fait de ne pas devenir acteur) dans une luxueuse maison de retraite dont la directrice (Marianne Denicourt) est aussi charmante qu’attentionnée. Il a perdu l’usage de ses jambes. La mémoire le quitte.
Anne Gauthier vient lui rendre visite. Duroc ne la reconnaît pas – ou feint de ne pas la reconnaître – et lui parle d’elle qu’il a passionnément aimée. Les deux vieillards rêvent de s’évader dans la 2CV d’Anne une dernière fois à Deauville.

Je nourris depuis toujours une indulgence coupable pour le cinéma de Lelouch. Je dois être la seule personne à avoir écrit du bien de son dernier film Chacun sa vie sorti il y a deux ans. En revanche je reconnais avoir été moins indulgent avec l’équipée indienne de Un + Une.
Les Plus Belles Années d’une vie, dont on peut craindre – ou espérer – qu’il soit le dernier film de Lelouch qui soufflera en octobre ses quatre-vingt-deux bougies, est moins bon que celui-ci mais meilleur que celui-là. Paresseusement, son scénario se contente de mettre face à face deux monstres sacrés : Anouk Aimée, toujours aussi follement séduisante, et Jean-Louis Trintignant, l’œil toujours canaille et la voix toujours aussi envoutante. Coup de chance ! La magie fonctionne et on se laisse émouvoir à leurs retrouvailles.
Réussir à nous passionner pour la discussion de deux petits vieux dans le jardin d’un EHPAD est la preuve définitive du génie de Claude Lelouch.

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Sibyl ★☆☆☆

Vouloir réaliser un film qui soit à la fois une mise en abyme et un jeu de rôles est pour le moins ambitieux. Le choix du titre avec le symbolisme qu’il véhicule ne l’est pas moins. La Sibylle de l’Antiquité prédisait l’avenir à travers des oracles difficiles à décrypter.

Quel est le sujet du nouveau film de Justine Triet?
Sibyl (Virginie Efira) est une psychanalyste qui décide d’abandonner sa clientèle pour (re)devenir romancière. La première scène dans un restaurant japonais où un éditeur lui dresse le portrait caricatural du monde de l’édition laisse augurer d’une comédie réjouissante qui louche du côté de Victoria, le précédent film de Justine Triet où la même Virginie Efira tenait déjà le rôle titre.

Mais Sibyl n’a pas hélas la légèreté de Victoria. Son héroïne est tout aussi paumée ; mais l’égarement de la psychanalyste que joue Virginie Efira dans Sybil n’a pas la drôlerie de celui de l’avocate qu’elle campait dans Victoria.

Sibyl n’a pas de véritable projet rédactionnel. Elle a beau vapoter, l’inspiration lui fait défaut. L’appel téléphonique de Margot (Adèle Exarchopoulos), une jeune actrice en détresse, va la sauver de la page blanche. Margot est enceinte d’Igor (Gaspard Ulliel), l’acteur principal du film sur lequel elle vient d’être engagée dont la réalisatrice, Mika (Sandra Hüller), se trouve être la compagne d’Igor. Vous me suivez ?

Margot est désemparée : annoncera-t-elle ou pas la nouvelle de sa grossesse au père de son enfant ? avortera-t-elle ou pas ? Sa carrière est en jeu car ce tournage est la chance de sa vie.

En violation de toutes les règles déontologiques qui régissent sa profession, Sibyl se nourrit de la crise existentielle de Margot. Le verbatim de ses séances avec Margot, qu’elle enregistre en cachette, devient la substance de son livre. Ce pillage intime va ramener l’ex-psychanalyste à ses angoisses et à ses failles personnelles (rupture avec son grand amour interprété par Niels Schneider, compagnon à la ville de Virginie Efira, décès/suicide de sa mère, maternité chaotique, alcoolisme…) C’est une descente aux Enfers qui pourrait basculer vers un compliqué mais passionnant thriller psychologique.

Le scénario prend une autre direction et nous transporte à Stromboli. Les plus beaux plans du film, sponsorisés par son Office du tourisme, donnent l’irrépressible envie d’y passer ses prochaines vacances. C’est là où se tourne le fameux film où jouent Margot et Igor sous l’œil de plus en plus excédé de Mika.
La production a engagé Sibyl comme médiatrice pour pouvoir gérer les acteurs principaux qui ne s’adressent plus la parole. De conseillère, elle se retrouve même à donner la réplique à Margot puis à diriger une scène d’amour torride sur le pont d’un bateau parce que Mika vient de se jeter à l’eau. Contre toute logique, Sibyl finit même dans les bras d’Igor.

On n’a guère avancé et on continue à se poser la même question : quel est le sujet de ce film qui n’épargne personne, ni Sibyl qui abandonne certains de ses patients et en vampirise d’autres, ni Margot qui confond réalité et fiction et accumule les caprices, ni Mika qui abandonne le tournage sur un coup de déprime ?
Alors que veut elle nous dire ? On n’en saura rien. Sibyl restera sibyllin.

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