We the Animals ★★☆☆

Jonah a dix ans à peine. C’est le cadet d’une fratrie de trois garçons. Sa mère d’origine italienne et son père portoricain se sont rencontrés à Brooklyn et ont laissé derrière eux des familles, qu’on imagine volontiers hostiles à leur rapprochement, pour vivre à la campagne dans le nord de l’État de New York.
Dans la torpeur de l’été américain, les trois garçons sont quasiment abandonnés à eux-mêmes par deux adultes absents, trop occupés à s’aimer passionnément et à se déchirer violemment. Le jeune Jonah a une passion : le dessin.

We the Animals est l’adaptation d’un court roman autobiographique de Justin Torres publié en français sous le titre Vie animale. Comme le livre, le film raconte l’histoire de cette famille atypique du point de vue de son cadet, témoin involontaire des disputes qui opposent ses parents et acteur inconscient d’une lente maturation qui l’amène à découvrir son homosexualité.

We the Animals est à cheval entre plusieurs genres : le documentaire, le drame familial, l’onirisme poétique des belles séquences animées inspirées des dessins au Crayola du jeune Jonah. Censé se dérouler dans les années quatre vingts, il est filmé, comme l’étaient les œuvres de l’époque, dans un beau 16mm qui rompt agréablement avec les tics de cadrage à l’épaule qui affectent la plupart des films américains indépendants.

Les distributeurs du film l’inscrivent dans la filiation écrasante de quelques chefs d’œuvre : Moonlight (pour la douceur de filmer des réalités violentes), Les Bêtes du sud sauvage (pour la description de jeunes enfants élevés en quasi liberté dans une nature complice), The Tree of Life (pour les envolées panthéistes de Terrence Malick). C’est sans doute lui faire trop d’honneur et nourrir de trop hautes espérances.

We the animals, s’il peine à trouver son rythme et manque parfois de plonger le spectateur dans l’ennui, réussit toutefois à le toucher par sa grâce, son élégance. Il sera sensible à son refus du misérabilisme. La dernière scène le marquera immanquablement.

La bande-annonce

Walter ☆☆☆☆

Quatre kaïras et leur éducateur (sic) braquent un supermarché.
Mais ils se heurtent à Walter, un vigile pas commode.

Bienvenue à l’ère Youtube. Quelques ados qui se filment dans leur chambre accèdent parfois sur Youtube à une étonnante célébrité qui se chiffre en milliers, voire en centaine de milliers de likes. Il était hélas logique que le cinéma cherche à en tirer profit en leur proposant de passer devant la caméra. C’est ainsi que se monte Walter qui réunit les « Déguns » Karim Jebli et Nordine Salhi et Alexandre Antonio alias TonioLife.

Le résultat est affligeant. Walter est une comédie qui se voudrait drôle construite autour d’un scénario sans relief. S’il se bornait à ne pas nous faire rire, on en serait simplement navré. Mais, plus grave, ce film charrie un racisme ordinaire et une homophobie beauf qu’on n’imaginait plus de mise. Les jeunes « bras cassés » qui en sont les héros ont beau avoir leur stupidité comme excuse et leur célébrité sur Youtube pour caution, elles ne suffisent pas à les exonérer.

La bande-annonce

C’est ça l’amour ★★★☆

La quarantaine bien entamée, Mario (Bouli Lanners) vit seul avec ses deux filles. Sa femme vient de le quitter. Niki, l’aînée, qui fêtera bientôt ses dix-huit ans, supporte vaillamment la séparation. Frida, la cadette, la vit plus mal. Mais, de tous, c’est Mario qui est le plus désemparé.

Il y a cinq ans, Claire Buger avait réalisé avec Girl Party un premier long métrage bouleversant, l’histoire d’une prostituée vieillissante au crépuscule de sa vie. Elle confirme cette première réussite avec son deuxième film, toujours tourné à Forbach, sa ville natale, mais cette fois ci avec des comédiens professionnels au premier rang desquels Bouli Lanners.

Il est formidable dans le rôle de Mario, cet homme déboussolé par le départ de sa femme, ce père aimant, follement attaché à ses filles. Son amour est si grand qu’il manque basculer dans la folie, maintenant le film sur le fil d’une violence contenue prête à exploser. À la fois nounours et mastodonte, Bouli Lanners a le physique de l’emploi, incarnant à la fois la force et la faiblesse.

Le sujet du film est tristement banal. Il a été traité plus souvent qu’à son tour dans le cinéma, et en particulier dans le cinéma français. Qu’on pense par exemple récemment à Jusqu’à la garde ou à Nos batailles. Le premier racontait avec une glaçante efficacité le harcèlement moral et physique d’un homme sur son ex-femme. Le second – qui n’est pas sans présenter bien des points communs avec C’est ça l’amour – faisait le portrait d’un homme s’efforçant de reconstruire sa vie après la disparition de son épouse.

C’est ça l’amour ne se résume pas au seul personnage de Mario. Film polyphonique, il répond à la question qu’il pose (pourquoi l’absence d’un point d’interrogation à la fin du titre ?) à travers plusieurs personnages. Si on ne la voit guère, Armelle incarne en deux ou trois plans une femme fatiguée, qui aime toujours ses enfants mais ne supporte plus de vivre avec son mari. L’aînée, Nikki, est plus positive, dans ses relations avec ses parents comme avec son copain. La cadette, Frida, est la plus émouvante. Déboussolée par le départ de sa mère, l’adolescente rebelle exprime son désarroi en désobéissant à son père. Parce qu’une camarade de classe lui témoigne de l’amitié, elle se déclare homosexuelle.

La difficulté d’un tel scénario est de lui trouver une fin. C’est ça l’amour s’en était trouvé une, bouleversante, sur fond d’adagio du concerto pour piano de Mozart. Hélas, la réalisatrice a cru bon d’y rajouter une autre scène finale dont elle aurait pu se passer.

La bande-annonce

La Section Anderson ★★☆☆

1966. Le reporter de guerre Pierre Schoendoerffer est dépêché au Vietnam par Pierre Lazareff, le réalisateur de 5 colonnes à la Une, le magazine d’informations de l’ORTF. Le reporter de guerre qui avait combattu à Diên Biên Phu douze ans plus tôt et filmé La 317ème Section l’année précédente retourne en Indochine. Avec un caméraman et un preneur de sons, il est « embedded » pendant sept semaines dans une section de cavalerie héliportée.
La Section Anderson obtient l’Oscar du meilleur documentaire en 1968. Il était inédit en salles.

La Section Anderson donne une fallacieuse impression de déjà-vu. La vie au sein de la section rappelle Platoon. La musique diffusée par la radio militaire résonne avec Good Morning, Vietnam. Les ballets des hélicoptères ressemble à ceux de Apocalypse Now. Mais La Section Anderson est antérieure à tous ces films mythiques. En posant sa caméra au sein d’une section, Schoendoerffer crée sans le faire exprès l’iconographie qui inspirera tous les films sur la guerre du Vietnam des vingt années suivantes.

La Section Anderson filme sur le vif une guerre en train de se faire. Pas de grandes batailles, mais la vie quotidienne : les soldats lisent Mandrake, mangent, se douchent, partent en permission à Saïgon. On y voit des combattants, étonnamment jeunes – la moitié du contingent était composé d’appelés – dont le réalisateur égrène en voix off le nom, l’âge et l’origine géographique. Schoendoerffer écrira : « Je croyais retrouver l’Indochine, j’ai rencontré l’Amérique ». Une Amérique traversée par la question raciale : Joseph B. Anderson, qui dirige la section, est un officier noir fraîchement émoulu de West Point alors que les hommes sous ses ordres sont pour la plupart Blancs.

Filmé à l’ancienne, avec son noir et blanc et sa voix off, La Section Anderson  garde une étonnante modernité.

La bande-annonce

Still recording ★☆☆☆

Saeed et Milad sont deux jeunes Syriens pris dans le feu de la guerre civile. L’un est en école d’ingénieur, l’autre aux Beaux-Arts. En 2011, ils décident de s’engager aux côtés des opposants au régime de Assad.
Still Recording raconte quatre années de leur vie dans la résistance.

La guerre civile filmée par ceux qui la font.
On se tromperait en allant voir Still Recording pour comprendre le conflit syrien. En refusant tout commentaire explicatif, toute voix off, les réalisateurs tournent ouvertement le dos à toute visée pédagogique. Il ne s’agit pas de nous faire comprendre les causes de ce conflit, son évolution. Tout au plus voit-on que les rebelles s’opposent au régime d’Assad ; tout au plus perçoit-on par quelques allusions sa dimension religieuse qui oppose la majorité sunnite à une minorité alaouite ; tout au plus mesure-t-on à voir survoler les Mig russes sa dimension internationale. Mais on n’en apprendra pas vraiment plus.

L’essentiel du film n’est pas là. Il est dans la tentative désespérée de nous faire vivre la guerre de l’intérieur. Faire la guerre ce n’est pas tant livrer des combats épiques comme on en voit dans les films. Lorsque les obus pleuvent, lorsque les balles filent, les documentaristes, même les plus intrépides, courent aux abris. Faire la guerre, c’est vivre dans des immeubles en ruine, dans des conditions spartiates. Faire la guerre, c’est attendre, s’ennuyer, passer le temps en jouant aux cartes ou en écoutant la radio. Et puis, c’est un jour, comme ce fut le cas de quatorze documentaristes décédés auxquels le générique de fin rend hommage, prendre une balle perdue comme le montre la dernière séquence du film – qui semble toutefois un peu trop « parfaite » pour ne pas laisser suspecter une reconstitution.

Il faut donc saluer l’ambition de ce documentaire et son refus de tout sensationnalisme. Là où n’importe quel documentaire aurait filmé en gros plan les corps décomposés par les bombes chimiques, Still Recording détourne pudiquement le regard. Il n’en reste pas moins que ce récit, qui s’étire pendant plus de deux heures interminables, ne nous tient pas en haleine. Comme Filles du feu, le documentaire de Stéphane Breton sur les combattantes kurdes contre l’État islamique (EI) sorti l’an passé, Still Recording filme la guerre jusqu’à l’ennui.

La bande-annonce

Le Mystère Henri Pick ★☆☆☆

À Crozon en Bretagne existe une bibliothèque des livres refusés qui rassemble des manuscrits recalés par les éditeurs. Une jeune directrice de collection parisienne (Alice Isaaz) y déniche un roman qu’elle fait publier et qui remporte un éclatant succès.
Mais le célèbre critique Jean-Michel Rouche (Fabrice Luchini) flaire la supercherie. Il ne croit pas que ce chef d’œuvre ait pu être écrit par Henri Pick, un pizzaiolo aujourd’hui décédé. Avec la complicité de sa fille, Joséphine Pick (Camille Cottin), il mène l’enquête.

Adapté d’un roman de David Foenkinos, un auteur à succès, Le Mystère Henri Pick rassemble tous les ingrédients du film à succès : un acteur (Fabrice Lucchini égal à lui même) qui sous son seul nom attire les séniors mieux qu’une liquidation de stock chez Damart, une actrice (Camille Cottin moins drole que dans les sketchs qui l’ont fait connaître) qui s’est désormais fait un nom, une intrigue policière, un film qui fait l’éloge de la lecture, bref l’assurance d’un spectacle agréable « sans sexe ni violence ».

Ce cahier des charges honnête à défaut d’être ambitieux est scrupuleusement rempli. Le Mystère Henri Pick ne réserve aucune mauvaise surprise. Aucune bonne non plus : les passages les plus drôles étaient déjà dans la bande annonce généreusement diffusée pendant tout le mois de février.

Ceux qui aiment Fabrice Luchini se régaleront. Ceux que son élocution pédante et son sourire arrêté exaspèrent n’iront pas voir ce film. Bref, tout le monde sera content.

La bande-annonce

Compañeros ★★☆☆

De 1973 à 1985, trois opposants politiques à la dictature uruguayenne ont été mis au secret, sans procès. Compañeros raconte les conditions inhumaines de leur détention et la force d’âme qu’ils ont manifestée pour ne pas sombrer dans la folie.

Nous est venu d’Amérique latine un grand nombre de témoignages sur la dictature. Le premier en date, Missing de Costa-Gavras, concernait le Chili de Pinochet et remportait à bon droit la Palme d’Or à Cannes dès 1982. En 1985, L’Histoire officielle de Luis Puenzo, dont l’action se déroule en Argentine, avait marqué les esprits. Jusqu’à nos jours sortent régulièrement des films argentins (Kamchatka, Buenos Aires 1977, L’œil invisible) ou chiliens (La Jeune fille et la Mort, Mon ami Machuca, Santiago 73, Post Mortem) qui reviennent sur ces temps troublés.

On connaît moins bien l’histoire de l’Uruguay, ce petit pays coincé entre ses voisins, dont le seul titre de gloire international est d’avoir accueilli la première Coupe du monde de football en 1930 – et Jacques Médecin, l’ancien maire de Nice, au début des années quatre vingt dix. On oublie qu’un coup d’État y porta au pouvoir le 27 juin 1973 une dictature militaire dont les méthodes n’avaient rien à envier à celle de ses voisines argentine ou chilienne.

Les opposants politiques à la dictature furent emprisonnés dans des conditions dégradantes. Compañeros raconte l’histoire de trois Tupamaros, placés à l’isolement, interdits de communiquer entre eux, régulièrement transférés d’une prison à l’autre. Parmi eux José Mujica devint président de la République entre 2010 et 2015.

Compañeros est construit sur un ressort simple sinon simpliste. Ce film de plus de deux heures décrit non sans complaisance, comme l’avait fait en son temps Midnight Express pour les geôles turques, les tortures physiques et psychologiques infligées à des prisonniers. Mais ce spectacle parfois traumatisant n’a d’autre but que de magnifier la résilience des trois prisonniers. S’ils oscillent sur les bords de la folie – on oscillerait à moins – on sait qu’ils ne flancheront pas. Cette confiance dans l’invulnérabilité des trois héros met paradoxalement l’émotion à distance.

La bande-annonce

Convoi exceptionnel ★☆☆☆

Taupin (Gérard Depardieu), ancien taulard, et Foster (Christian Clavier), grand bourgeois en manteau en poil de chameau, se rencontrent au milieu d’un carrefour embouteillé. Taupin et Foster sont les deux acteurs d’un film en train de se tourner suivant un scénario en train de s’écrire.

Depuis plus de quarante ans, on aime – ou pas – le cinéma de Bertrand Blier, ses textes au millimètre, ses provocations, ses mises en abyme, ses obsessions. Les Valseuses, Buffet froid, Tenue de soirée, Trop belle pour toi comptent parmi les films les plus marquants du cinéma français.

Mais depuis vingt ans, cette veine s’est tarie. Diminué par la maladie, Bertrand Blier n’est plus que l’ombre de lui-même. Ses derniers films se réduisent à des bégaiements. C’est le cas de ce Convoi exceptionnel – un titre dont le sens échappe à la compréhension. On y retrouve Gérard Depardieu à bout de souffle, qui tourne avec Blier depuis toujours, et Christian Clavier dont c’est le premier film avec le réalisateur mais qui n’est pas pour autant un inconnu.

Certes, on prend plaisir à retrouver ces monstres sacrés, sortes de Vladimir et Estragon en quête d’auteur. On renoue avec jubilation avec l’ironie froide de Blier, son goût de l’absurde, ses contrepieds deconcertants. Mais passée la première demie-heure, la mécanique tourne à vide. Le plaisir cède la place à l’ennui. La machinerie chaotante se révèle dans toute sa nudité. Jusqu’au dernier quart d’heure maladroitement annexé à l’édifice qui achève de nous perdre.

La bande-annonce

Sibel ★★★☆

Depuis l’âge de cinq ans, Sibel est muette. Pour communiquer, elle s’exprime avec la langue sifflée qu’utilisent les habitants de son village. Son handicap la maintient à distance des membres de la communauté et lui autorise une liberté que les autres femmes n’ont pas.
Toute la journée, le fusil en bandoulière, elle arpente les collines à la recherche d’un loup qui terrifie les paysans. C’est ainsi qu’elle rencontre Ali, un déserteur.

Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti viennent du documentaire. Leur première  réalisation Noor (2012) traitait des transgenres au Pakistan. On retrouve dans Sibel cette veine ethnographique : il s’agit de documenter la pratique toujours vivace de la langue sifflée à Kusköy, un village reculé de Turquie non loin de la Mer noire.

Mais il s’agit surtout de raconter l’émancipation d’une femme. Dans la communauté, Sibel jouit d’un statut paradoxal : son père, le maire du village, qui l’a élevée seul après la mort de sa femme lui laisse la bride lâche alors qu’il surveille sa cadette comme le lait sur le feu. Personne ne songe à la marier. C’est elle qui a la responsabilité de Narin, une vielle recluse dont on apprendra bientôt le terrible traumatisme qui l’a rendue folle.

Sibel a des allures de conte. Avec son bandana coloré autour du cou, dans lequel elle refuse de voiler sa chevelure, l’héroïne a des airs de Petit chaperon rouge ; Narin serait une gentille sorcière ; Ali un gentil méchant loup.
Sibel oppose deux mondes. En haut, la forêt qu’elle parcourt à grandes enjambées, comme pressée par on-ne-sait quelle urgence : une espace sauvage, vierge, anomique. En bas la société des hommes qui font régner un patriarcat sans faille sur des femmes dures à la tâche (elles seules semblent travailler), aux corps invisibles sous d’épaisses couches de vêtements, qu’on imagine déformés par les mariages et les grossesses.
L’héroïne pousse un long cri muet qui rappelle inévitablement Munch, cri de haine contre cette société qu’elle vomit, cri d’amour pour son amant qu’elle a perdu dans la nuit.

Sibel rappelle Mustang. Il en a la puissance dramatique et l’élan vital. Souhaitons lui le même succès.

La bande-annonce

Mon bébé ★★☆☆

Héloïse (Sandrine Kiberlain), la quarantaine bien entamée, élève seule ses trois enfants depuis son divorce. Ses deux aînés ont déjà quitté le nid familial. Et c’est au tour de Jade (Thaïs Alessandrin), sa benjamine, son « bébé », de le faire. Pour cette maman poule follement attachée à ses enfants, le choc s’annonce rude.

Dix ans après LOL et son dispensable remake made in USA, Lisa Azuelos continue à creuser le même sillon : la relation mère-fille racontée sur le mode de la comédie tendre.

Le succès sera au rendez-vous. Mon bébé fera fondre les mères de quarante ans qui s’identifieront illico à Sandrine Kiberlain. C’est que l’actrice a du talent, un naturel fou et un charme irrésistible. Elle incarne à merveille la femme idéale : encore attirante, inconditionnellement aimante.

Mais le critique scrogneugneu osera néanmoins trois reproches.

Le premier vise le reste du casting qui manque faire basculer Mon bébé dans l’insipide comédie ado. En particulier le choix de la propre fille de la realisatrice pour partager la tête d’affiche avec Sandrine Kiberlain. Christa Théret était autrement plus convaincante face à Sophie Marceau dans LOL. D’ailleurs on sait la carrière qu’elle a eue depuis. On ne pariera pas sur celle de Thaïs Alessandrin.

Le deuxième frise la mauvaise foi. Il a un parfum de marxisme aigri ou de gilet jaune dominical. Il pointera l’apesanteur sociale de Mon bébé : si Héloïse invoque des difficultés pour financer les études supérieures de Jade au Canada, elle vit dans un appartement cossu du 75017, ses enfants sont habillés à la dernière mode. On est loin de la comédie sociale façon Les Invisibles ou Rosie Davis.

Le troisième est le plus délicat. Il s’agit du jeunisme revendiqué du film. Sandrine Kiberlain – qui a fêté ses cinquante-et-un ans en février – joue une femme qui ne fait pas son âge. Mieux : une femme qui ne s’en soucie pas. On ne la voit pas s’astreindre à un régime : elle a naturellement une taille de top model. On ne la voit pas s’inquiéter de ses rides : elle n’en a pas. Si elle vit seule, c’est par choix. Si elle partage les joints de sa fille, c’est par jeu. « Tu es beaucoup trop belle pour t’inscrire sur Tinder » lui lance sa fille… les clientes de Tinder apprécieront.
Est-ce ainsi que les femmes sont au tournant de la cinquantaine ? Peut être. Peut être pas. Et les hommes ? C’est hélas une autre histoire…

La bande-annonce