A War ★★★★

Un officier danois commande une compagnie en Afghanistan. Il a laissé sa femme et ses trois enfants derrière lui. À la tête d’une patrouille, pris sous le feu des talibans, il demande un soutien aérien pour évacuer un de ses hommes gravement blessé. Le bombardement provoque douze morts civils. Renvoyé au Danemark, mis en accusation devant un tribunal militaire, dira-t-il la vérité ?

Après Brothers de Susanne Bier (2004), Everything Will Be Fine de Christoffer Boe (2010) et Armadillo de Janus Metz (2010), le cinéma danois évoque à nouveau, avec toujours le même bonheur, le conflit afghan. Quel contraste avec le cinéma français qui ne lui a guère consacré que l’inabouti Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore en 2015 !

Mais c’est moins l’Afghanistan en tant que tel qui intéresse Tobias Lindholm, le scénariste de Borgen, que les dilemmes suscités par l’intervention de l’Occident. Comme dans son précédent film, l’excellent Hijacking (2012), dont l’action se déroulait au large des côtes somaliennes, le rôle principal est interprété par Pilou Asbæk, qui, depuis son apparition dans la dernière saison de Game of Thrones, commence à se faire un nom – pour le prénom, c’est plus délicat.

Premier dilemme : celui du « jus ad bellum » ou, pour faire moins cuistre, celui du sens de la guerre menée en Afghanistan (ou en Irak ou en Libye ou au Mali). Quel ennemi combattre ? Comment mener à bien une impossible pacification ? Comment gagner la confiance des civils ?

Second dilemme : celui du « jus in bello », du droit applicable à la conduite des opérations. Le commandant Pedersen est accusé d’avoir causé la mort de civils. Du point de vue des règles d’engagement, sa culpabilité ne fait guère de doute : la cible n’avait pas été correctement identifiée lorsqu’il a donné l’ordre de la bombarder. Mais les circonstances peuvent-elles atténuer sa responsabilité voire l’en exonérer : le souci de sauver l’un de ses hommes ? le « brouillard de la guerre » qui a altéré son jugement ?

Tobias Lindholm pose ces questions cornéliennes. Il nous laisse le soin d’y répondre avec un faux happy end qui laisse un goût amer.

La bande-annonce

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