Unbelievable ★★★☆

La jeune Marie Adler n’a pas eu une enfance facile. Maltraitée par ses parents, déplacée d’une famille d’accueil à une autre, elle est à dix-huit ans violée, chez elle, par un inconnu menaçant. Sa réaction déconcertante et les incohérences de son témoignage conduisent la police à mettre en doute sa parole. Sous la pression, Marie retire sa plainte. Elle est bientôt poursuivie pour faux témoignage et son nom est jeté en pâture à la presse.
Trois ans plus tard, dans un autre État américain, plusieurs viols sont commis selon le même modus operandi. Deux inspectrices tenaces n’ont de cesse d’en découvrir l’auteur. L’enquête permettra ainsi de rendre justice à la jeune Marie dont la parole n’avait pas été écoutée.

Les agressions sexuelles, les femmes qui en sont victimes, leurs difficultés à faire entendre leur témoignage : le sujet est d’une brûlante actualité. Unbelievable s’en empare à bras-le-corps, à commencer par son titre, d’une intelligente polysémie : impossible à croire, le témoignage de cette victime ? impossible à croire les épreuves qu’elle a dû traverser jusqu’à ce que la vérité éclate ?

Unbelievable a une immense qualité : le scénario, inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée entre 2008 et 2011 et qui a fait l’objet d’une longue enquête journalistique couronnée par le Prix Pulitzer, ne sombre jamais dans le manichéisme. Si la violence systémique subie par Marie est clairement dénoncée, elle s’exprime à travers des personnages qui, tous, de sa mère adoptive qui comprend d’autant moins la réaction de la jeune fille qu’elle a elle-même été violée vingt ans plus tôt, aux deux inspecteurs qui remettent en cause son témoignage, se comportent avec elle avec une douceur melliflue.

Unbelievable a une autre qualité : sa durée. La mini-série de huit épisodes dure au total près de sept heures, ce qui laisse à la narration le temps de prendre son temps, le temps par exemple de nous entraîner sur une fausse piste là où un film de deux heures ne saurait se le permettre.

Mais Unbelievable a pour autant un défaut. Son titre, son pitch nous laissent augurer une histoire qui aurait pu se suffire à elle-même : celle d’une femme violée dont le témoignage n’est pas cru. Mieux, elle aurait pu laisser planer un suspense : Marie a-t-elle été vraiment victime du viol qu’elle déclare avoir subi ? Mais la série ne prend pas cette direction-là. Dès les premières images, aucun doute n’est permis : le viol a bien eu lieu.
La série prend une autre direction. Elle nous entraîne au Colorado, dans une enquête policière sur les traces du violeur en série dont on comprend bien vite qu’il a attaqué Marie trois ans plus tôt à près de deux milles kilomètres de là.

Certes, la traque par Toni Collette et Merritt Wever de ce violeur suffit à nous tenir en haleine pendant les sept derniers épisodes. Mais on y perd malheureusement de vue ce qui aurait dû rester au centre de la série. Si j’avais eu mon stylo rouge, j’aurais écrit : « très bien, mais attention au Hors sujet ».

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Port Authority ★☆☆☆

Paul (Fionn Whitehead, un prénom pas facile à porter de ce côté-ci de la Manche, qui tenait pourtant le rôle principal de Dunkerque) débarque à Port Authority, l’immense terminal routier de Manhattan. Sa demi-sœur, censée venir l’y chercher, est aux abonné.e.s absent.e.s. Le jeune homme à la face d’ange, qui a trouvé refuge dans une rame de métro, se la fait défoncer par un trio d’agresseurs. Lee (Mc Caul Lombardi, beau gosse en diable dans Nous les Coyotes, Sollers Point et American Honey) lui vient en aide, l’accueille parmi sa communauté et lui offre un toit en échange d’une sale besogne : prêter main forte à l’expulsion de locataires en retard de paiement.
Au hasard des rencontres, Paul rencontre une communauté LGBT, les McQueen (du nom du couturier), adepte du voguing – un style de danse urbaine, nous dit Wikipédia, « caractérisé par la pose-mannequin, telle que pratiquée dans le magazine américain Vogue (…) avec des mouvements angulaires, linéaires et rigides du corps, des bras et des jambes ». Il tombe amoureux de Wye (Leyna Bloom) sans réaliser qu’elle est transsexuelle.

Si la présentation que j’en ai faite est bien longue, l’histoire de Port Authority se résume à pas grand-chose : un coup de foudre entre un garçon et une fille pas tout à fait comme les autres. On comprend sans peine que le film fasse un tabac dans les festivals LGBTQI dont il coche toutes les cases : récit d’émancipation, hymne à la tolérance, BOF planante, New York nocturne et pluvieux, caméra au plus près des corps…

Le propos n’échappe pas à la caricature : Lee et ses nervis sont des Blancs homophobes bas du front tandis que les « sœurs » de Wye sont d’une sensibilité à fleur de peau.
On se laisse un temps séduire par ce premier film sensible, sorti en salles en septembre dernier, aujourd’hui accessible en VOD. Puis hélas, on s’en désintéresse lentement jusqu’à sa conclusion téléphonée.

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Les Petits Maîtres du grand hôtel ★☆☆☆

Le réalisateur Jacques Deschamps a planté sa caméra à l’hôtel Lesdiguières, à Grenoble, une école hôtelière. Il y a suivi, une année durant des élèves en CAP qui se forment à la réception, à l’accueil, en cuisine.

On sent que le titre de ce documentaire est le produit d’une lente maturation. Au début était sans doute Les Maîtres d’hôtel. Trop plat. Trop descriptif. Et puis, il y a eu Grand Budapest Hotel, que la façade de l’hôtel Lesdiguières rappelle vaguement et qui inspire le tout premier plan du documentaire. Ses maîtres d’hôtel sont tout petits, au début de leur formation. Voilà comment on arrive aux Petits Maîtres du grand hôtel.

Les jeunes élèves sont… jeunes. En CAP, ils n’ont pas dix-huit ans. Le costume-cravate des garçons et le tailleur-chignon des filles ne réussissent guère à les vieillir. Leur inexpérience, bien normale, leur maladresse sont attendrissantes. Leur niveau général, révélé par quelques scènes de classes, laisse pantois.

Ce n’est pas la première fois que le cinéma s’intéresse à des jeunes en formation. Nicolas Philibert, le réalisateur d’Être et Avoir, a consacré aux élèves d’un Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de l’est parisien son dernier documentaire (De chaque instant). Theresa Traore Dahlberg a suivi les apprenties en mécanique automobile du Centre féminin d’Initiation et d’Apprentissage aux Métiers (CFIAM) de Ouagadougou (Ouaga Girls). Et on n’aura cité que deux documentaires sortis en 2018.

Du coup, face à ce marché bien occupé, il aurait fallu à ces Petits maîtres une originalité qu’ils n’ont pas. Jacques Deschamps est allé la chercher en inventant des passages de comédie musicale. La recette n’est pas nouvelle. Les réalisateurs, autrement inspirés de Chante ton bac d’abord ou de Entre nos mains, y avaient déjà eu recours. Que les élèves de l’hôtel Lesdiguières chantent comme des casseroles et dansent comme des balais n’arrangent rien…

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Kusama : Infinity ★★☆☆

Née en 1929 dans le Japon impérial, élevée dans un milieu très conservateur par une mère castratrice, Yayoi Kusama émigre aux États-Unis dans les années cinquante avant de percer sur la scène new-yorkaise malgré le sexisme et le racisme dont elle est victime. Profondément névrosée, l’art est pour elle une catharsis. Sa santé psychiatrique fragile l’oblige à rentrer au Japon au début des années soixante-dix et à être internée à sa demande.

L’humanité s’organise en deux catégories.

D’un côté, ceux qui, comme moi, ignorants mais pas fiers de l’être, ne connaissaient pas Yayoi Kusama avant de regarder ce documentaire ultra-classique dans sa facture. Il leur aura fait découvrir une artiste étonnante et son oeuvre immense.

Et de l’autre, il y a tous ceux, ultra-majoritaires, qui connaissaient déjà Kusama, ses sculptures, ses peintures, ses installations. La nonagénaire est devenue l’artiste contemporaine la plus chère au monde. Ses réalisations sont bluffantes. Entre interviews de l’artiste au regard fou, images d’archives et lents travelings sur ses oeuvres, le documentaire de Heather Lenz se regarde comme on feuillèterait un catalogue.

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Les Fleurs amères ★★★☆

Ignorant les réserves de son mari, Lina (Qi Xi) part du nord-est de la Chine pour Paris où elle espère trouver un emploi. Hélas, ses premières semaines en France sont difficiles et elle doit quitter brutalement la famille qui l’exploite comme bonne à tout faire. À la rue, Lina rencontre une compatriote qui lui offre un toit partagé avec d’autres Chinoises clandestines. Sans emploi stable, ces femmes n’ont d’autre alternative pour survivre que de se livrer à la prostitution.

Le réalisateur belge Olivier Meys vient du documentaire. Les Fleurs amères en porte la trace et en a la patine. Il s’agit de raconter l’histoire d’immigrées chinoises venues de Mandchourie. Elles ont la réputation de parler un excellent mandarin, ce qui fait d’elles des recrues de choix pour éduquer les enfants ; mais, faute d’emplois, un grand nombre se retrouve sur le trottoir.

Olivier Meys aurait pu choisir de tourner un documentaire. Il a la bonne idée de réaliser un film en confiant le rôle principal à Qi Xi qu’on vient de voir dans So Long, My Son. De tous les plans, l’actrice est bouleversante. On partage tous les états qu’elle traverse : l’excitation à son arrivée à Paris, le découragement face aux premières difficultés, l’écartèlement devant le choix qui s’offre à elle (rentrer piteusement en Chine ou se vendre ?), la culpabilité face au mensonge que Lina sert à son mari et à sa famille pour expliquer l’origine des fonds qu’elle leur envoie.

Pour éviter que l’action ne s’enlise, le scénario invente une cousine qui décide de rejoindre Lina à Paris et à laquelle il faudra bien révéler la réalité. Conséquence : Lina devra revenir en Chine. Le film, qui s’était construit sur les trottoirs parisiens et autour de la petite communauté de femmes solidaires qui avaient accueilli Lina, en perd en unité. Mais il va au bout de la trajectoire de Lina qui devra assumer les conséquences de ses choix. Jusqu’à un plan ultime d’une infinie douceur.

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Bacurau ★☆☆☆

Bacurau est un village perdu dans le sertão brésilien délaissé par les pouvoirs publics. L’alimentation en eau potable y est aléatoire.
Teresa y revient pour les funérailles de sa grand-mère décédée à 94 ans. Des phénomènes inquiétants se succèdent : les habitants d’une ferme isolée sont sauvagement assassinés, le camion-citerne est criblé de balles, le réseau téléphonique est coupé.

On avait découvert de ce côté-ci de l’Atlantique Kleber Mendonça Filho avec ses deux précédents films : Les Bruits de Recife (2012) et Aquarius (2016). Projeté en Cannes, ce film-là avait provoqué un enthousiasme que je n’avais pas partagé. Mais ma réticence n’ôtait rien à mon impatience de découvrir la suite de son oeuvre.

Sur le papier, Bacurau a tout pour séduire. Empruntant à la fois au western, au film d’anticipation façon John Carpenter – dont l’école primaire du village porte ironiquement le nom – à la science-fiction, Bacurau ne se présente pas seulement comme un film d’action mais comme une métaphore des forces qui s’opposent dans le Brésil contemporain. C’est tout à la fois une critique du patriarcat, du népotisme électoral, de la relation inégalitaire aux États-Unis et un éloge du peuple et de la résistance.

Ca, c’est sur le papier. Mais le résultat est autre, qui s’étire interminablement sur plus de deux heures. Bacurau n’est au final qu’une banale série Z dont les pauvres ressorts se dévoilent assez vite. Si, pendant une demie-heure, on s’interroge sur l’origine des événements mystérieux qui s’enchaînent, on perd tout intérêt dans le film dès qu’elle nous est révélée. La violence éclate alors. Le gore prend le pas sur le reste. Le Prix du jury obtenu à Cannes en mai dernier semble bien indulgent sauf à considérer qu’il récompensait Aquarius reparti bredouille trois ans plus tôt.

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Music of my life ★★☆☆

1987. Luton : une ville sans âme du Bedfordshire au nord-ouest de Londres.
Javed a dix-sept ans. Il entre en terminale. Le walkman vissé sur les oreilles, il est fan de musique, tient un journal, écrit des poèmes et rêve de devenir journaliste. Mais ses rêves se heurtent aux interdits de son père, un immigré pakistanais qui a pour son fils d’autres ambitions.

On avait découvert Gurinder Chadha en 2002 avec Joue-là comme Beckham, l’histoire d’une jeune fille britannique d’origine indienne qui s’émancipe grâce au football féminin. Après quelques détours par l’Inde (elle avait réalisé en 2004 Bride and Prejudice un remake réjouissant de Jane Austen à Bollywood et en 2017 Le Dernier Vice-roi des Indes, une biographie de Lord Mountbatten), elle revient à ses premières amours. À l’instar de Joue-là comme Beckham, Music of my life est un feel-good movie qui raconte l’émancipation d’un jeune immigré de la deuxième génération, qui cherche à desserrer l’étau culturel dans lequel il a grandi.
Le film a pour fil directeur les chansons du Boss, Bruce Springsteen, dont les textes aident le jeune lycéen à mettre des mots sur sa rebellion.

L’ensemble, qui flirte parfois avec la comédie musicale, est noyé dans les meilleures intentions. La crise existentielle de Javed est l’occasion de passer en revue les grands enjeux du débat politique économique et social : racisme, communautarisme, amours mixtes, patriarcat, émancipation par l’école et le savoir… Tout se terminera, comme de bien entendu, dans une réconciliation générale, aussi prévisible qu’émouvante.

Une confession : j’avoue le rouge au front aimer presqu’autant les tubes sucrés qu’on écoutait dans nos années lycées et qu’on  entend – trop brièvement – dans le premier quart du film (Pet Shop Boys, Tiffany, The Human League, A-ha…) que les titres de Springsteen.

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Steve Bannon – Le Grand Manipulateur ★☆☆☆

Steve Bannon est une des figures les plus emblématiques de l’extrême-droite américaine. Il fut l’un des plus proches conseillers de Donald Trump pendant sa campagne victorieuse et durant la première année de son mandat à la Maison-Blanche.
La documentariste Alison Klaymann – qui avait déjà filmé le dissident Ai Weiwei et qui ne peut être suspectée d’aucune complaisance avec son sujet – l’a suivi pendant un an.
Évincé de la Maison-Blanche en août 2017, mais toujours financé par de riches donateurs, le fondateur du site Breitbart News défend encore la politique du Président. Il sillonne l’Europe pour y coaliser les mouvements nationalistes et conservateurs.

Steve Bannon est une personnalité sulfureuse. Il fut l’âme damnée, le logiciel de Donal Trump, celui qui fournit à cet anti-intellectuel les concepts et les mots pour conquérir le pouvoir et administrer le pays. Michael Wolff en a fait le personnage central de Fire and Fury, l’essai sulfureux qu’il a consacré à la première année de la présidence Trump et qui se clôt par le départ de ce conseiller très spécial.

On était intéressé à aller y voir de plus près, à regarder sous le capot, à comprendre la personnalité de cet homme et la logique de ses idées. Las ! Alison Klaymann s’est perdue. Elle a voulu dresser le portrait d’un sale type. Et elle y réussit : Steve Bannon, mal rasé, mal fagoté, perfusé au RedBull, le nez collé à son téléphone portable (on ne le voit jamais lire un livre), insultant ses collaborateurs, ne ressort pas grandi de ce documentaire dont on se demande bien pourquoi il a autorisé le tournage.

Mais, que Steve Bannon fut un sale type, on s’en doutait. Qu’il ait de sales fréquentations, on l’imaginait sans peine. Et on s’en fiche un peu. Ce qui est intéressant dans le personnage, ce sont ses idées. Et c’est d’idées dont ce documentaire manque cruellement. Obnubilée à démasquer le bad guy, Alison Klaymann oublie de nous montrer le smart guy. On ne le voit quasiment jamais dérouler un argumentaire. Tout au plus l’entend-on répéter quelques mots sur le « nationalisme économique » présenté comme l’alpha et l’oméga de la vulgate trumpienne. Du coup, on n’apprend rien sur ses idées, sur leur force de persuasion et sur les façons d’y répondre.

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Ne croyez surtout pas que je hurle ★☆☆☆

Entre avril et octobre 2016, le cinéaste Frank Beauvais a vécu seul, cloîtré chez lui, dans un petit village des Vosges du Nord, victime d’une grave dépression après une rupture amoureuse. Pour tuer le temps, il a compulsivement visionné plus de quatre cents films sur son ordinateur, des DVD achetés au supermarché, des films téléchargés plus ou moins légalement sur Internet, des classiques hollywoodiens, des raretés soviétiques, des gialli sanguinolents…
Il a tenu son journal qu’il lit devant des micro-extraits de ces films.

Le journal est un genre littéraire à part entière. Son passage à l’écran ne va pas de soi. Quelles images pour raconter la lente succession des jours ? Comment illustrer les subtiles variations du moi intérieur ? Alain Cavalier s’y est essayé dans ses dernières œuvres de plus en plus expérimentales.
Le parti retenu par Frank Beauvais est plus simple – même si on mesure admirativement le travail de montage qu’il a nécessité : trouver dans l’immense base que constitue la foultitude de films qu’il a vus pendant sa réclusion des images qui illustrent, plus ou moins fidèlement, son journal.

Même si Le Monde et Télérama parlent de « chef d’œuvre », mon enthousiasme n’est pas si délirant. Pour deux raisons.

La première est de forme. Elle questionne la plus-value de l’œuvre filmée sur le journal écrit. Pour le dire moins obscurément : qu’apportent ces images au texte ? Ne se suffisait-il pas à lui-même ?  Sa lecture – et les respirations qu’elle aurait autorisée alors que l’audition d’un texte lu, en salles sinon devant un DVD, nous interdit toute pause – n’aurait-elle pas été aussi roborative que le visionnage d’un film ?

La seconde est de fond. Raconter la dépression est une contradiction en soi. Le dépressif ne se raconte pas. Il se noie dans son noir silence. Le rythme de Ne croyez surtout pas…, l’espérance vers laquelle il s’ouvre (on apprend très vite que la réclusion de Frank Beauvais sera temporaire et qu’il prépare activement son retour à Paris), son existence même sont la preuve que la dépression du réalisateur n’était pas si profonde. On s’en réjouit pour lui… mais le film en perd en gravité.

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Lucky Day ★★☆☆

C’est la quille pour Red. Après avoir purgé deux ans de prison pour un cambriolage qui a mal tourné, il est libéré aujourd’hui. Il retrouve sa femme, sa fille, son meilleur ami – qui lui révèle qu’une partie du butin a été sauvée. Mais les bonnes nouvelles s’arrêtent là : Luc Chaltiel, un tueur psychopathe, est à ses trousses, qui lui reproche la mort de son frère dans le braquage. Et nul n’échappe à Luc Chaltiel.

Le Canadien Roger Avary a eu une étrange carrière . Ami de Quentin Tarantino, il co-signe les scénarios de Reservoir Dogs et de Pulp Fiction. Son premier film, Killing Zoe, avec July Delpy et Jean-Hugues Anglade, est une oeuvre purement tarantinesque, qui reçut en 1994 le prix très spécial à Cannes. Avec Les Lois de l’attraction, Roger Avary adapte l’inadaptable Bret Easton Ellis. Et c’est la chute. Avary sombre dans l’alcool et la drogue. Il passe par la case prison après un accident de voiture qui entraîne la mort de l’un de ses passagers. La rédemption est lente. Seize ans se seront écoulés depuis son dernier film.

Lucky Day n’est pas exactement la suite de Killing Zoe que Roger Avary et son producteur, le regretté Samuel Hadida, avaient en tête. Mais il n’en est pas éloigné. Zed est devenu Red, Zoe Chloe. Le perceur de coffres a épousé la jolie Française et a eu une fille prénommée Béatrice.

Lucky Day renoue avec l’esprit Tarantino, comme si le temps n’avait pas passé depuis Killing Zoe et Pulp Fiction. Il en reprend les codes et les tics : héros cartoonesques, érotisme pop, ultraviolence pulp…
Le scénario de cette série B sinon Z tient sur un timbre-poste. Il se déroule l’espace d’une journée, tient en trois ou quatre scènes déjantées. Le film n’a pas d’autre ambition que de divertir. Il y réussit.

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