Miss Americana ★★☆☆

Tout le monde connaît la chanteuse Taylor Swift … sauf moi qui ai provoqué chez mes enfants un regard consterné quand je leur ai demandé si c’était un homme ou une femme.
Pour avoir l’air un peu moins bête la prochaine fois à la table familiale, j’ai décidé de regarder le téléfilm que Netflix lui a consacré. Il faut bien que ma boulimie de films et de documentaires servent à quelque chose : recouvrer l’estime depuis longtemps perdue de mes enfants. Las ! Ils ont levé les yeux au ciel quand le lendemain, tout faraud, j’ai chantonné Me! en passant à table.

Aurais-je donc perdu mon temps en regardant Miss Americana ? Sans doute. Il s’agit d’un produit très formaté qui ne prend même pas la peine de cacher son seul objectif : servir d’outil promotionnel à la chanteuse en attendant la sortie de son prochain album. Le titre en annonce la couleur : Miss Americana – qu’on pourrait traduire par « La Petite Fiancée de l’Amérique ». Les fans en auront pour leur argent avec ces quatre-vingt minutes à la gloire de leur idole.

Mais Miss Americana n’est pas seulement une enfilade de clips vidéos. Il révèle une jeune femme qui, non contente d’être incroyablement jolie et d’avoir un sacré filet de voix, a du chien – quand bien même elle préfère les chats. Taylor Swift n’est pas seulement une enfant star promue trop jeune à une célébrité qui la dépasse. C’est une artiste qui écrit et qui compose ses chansons. C’est surtout une femme intelligente qui montre une conscience aigüe des privilèges et des devoirs que son statut emporte.

Il faut attendre la seconde moitié du documentaire pour le comprendre. On y voit Taylor Swift prendre le risque de s’engager pour les causes qui la touchent, au risque de heurter une partie de ses fans. Cette chanteuse venue de la country, qui a grandi à Nashville, une des régions les plus conservatrices des Etats-Unis, prend fait et cause pour le droit des minorités LGTBQ+ (le single et le clip You Need To Calm Down) et appelle à voter contre les candidats républicains aux midterm elections. Bien entendu, ces prises de position contiennent une part de calcul. Ce que Taylor Swift perd à sa droite, elle le gagne probablement à sa gauche. Mais pour autant, ce serait lui faire un médiocre procès de n’y voir que stratégie marketing.

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Botero ★★☆☆

Fernando Botero, né en 1932, est le plus grand artiste vivant. Son style monumental est immédiatement reconnaissable. Ses toiles et ses sculptures ont été exposées partout dans le monde et se vendent des fortunes.

Le documentaire, volontiers complaisant, que lui consacre Don Millar ressemble à une longue publicité. On y voit le patriarche souriant et toujours allègre entouré de ses enfants aimants, dont on n’arrive pas à se persuader que l’amour filial qu’ils portent à leur père soit totalement déconnecté de la formidable fortune qu’il leur lèguera bientôt.

Pour autant, il a l’avantage de nous faire voyager dans la vie et dans l’oeuvre du prolixe artiste colombien. On apprend sa vocation précoce, ses séjours en Europe – où il découvre avec fascination les peintres du Quattrocento et notamment l’art du volume chez Fra Angelico – la renommée qu’il acquiert à New York dans les années 70 avant son installation en France. On apprend aussi le deuil qu’il a vécu à la mort de son quatrième enfant, en 1974, à l’âge de quatre ans, qui lui a inspiré plusieurs toiles poignantes.

Botero a inventé son propre style. À une époque où l’art abstrait était de rigueur, il n’a jamais dévié de la peinture figurative. Sa naïveté, sa frivolité (plusieurs de ses peintures détournent des chefs d’oeuvre classiques tels que La Joconde ou Les Ménines) lui ont souvent été reprochées mais n’ont altéré en rien sa popularité.

Les toiles de Botero sont exposées dans le monde entier, notamment en Colombie, à Medellin, sa ville natale, et à Bogota où j’ai eu la chance de les voir [c’était ma minute-frime].

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Les Enfants du temps ★☆☆☆

Hodaka est un adolescent en rupture de ban qui a quitté son île natale pour aller vivre à Tokyo. Sans famille ni travail, il trouve refuge chez un échotier alcoolique pour lequel il rédige des articles pour la presse à sensation. L’un de ses reportages le conduit à enquêter sur les « filles-soleils », ces personnes aux dons surnaturels capables d’arrêter la pluie. Hodaka rencontre l’une d’entre elles, Hina, dont il tombe vite amoureux. Alors que la pluie tombe quasiment sans interruption sur la métropole tokyoïte, le couple monte un business juteux : proposer contre rémunération quelques rayons de soleil aux organisateurs d’un concert à ciel ouvert, à de jeunes mariés ou à un père qui veut jouer au parc avec sa fille…. Mais, Hina constate bien vite que l’invocation de ses pouvoirs surnaturels risque de menacer sa propre vie.

Makoto Shinkai est de retour trois ans après l’immense succès de son précédent film d’animation Your Name qui avait battu tous les records d’audience. Les Enfants du temps (la traduction est fidèle au titre japonais 天気の子 mais s’éloigne de l’astucieux et intraduisible titre international Weathering with you) sera immanquablement mesuré à l’aune de ce film précédent dont il reprend la graphie, l’histoire et jusqu’à la physionomie de ses personnages principaux.

On y retrouve les grands thèmes de Your name qui, vu depuis la France, rendent le cinéma japonais d’animation à la fois incompréhensible et fascinant. Au risque de me faire lancer des tomates, j’avancerais que c’est un cinéma puéril. Puéril dans sa forme : l’animation. Puéril dans son thème : le premier amour. Je vois d’ici les réponses, toutes fondées, que cette opinion suscitera : le cinéma d’animation comme la bande dessinée ne sont pas des sous-genres et peuvent toucher un public adulte ; l’amour fou est un thème indémodable qui ne connaît pas de classes d’âge. Je m’explique : en qualifiant ce cinéma de puéril, je n’entends pas le disqualifier, mais au contraire souligner combien il réussit à toucher un public extrêmement vaste « de 7 à 77 ans » comme le font d’ailleurs, en utilisant des ressorts similaires, les romans à succès de Murakami.

Le problème des Enfants du temps est que la comparaison avec Your Name tourne immanquablement à son désavantage. L’effet de surprise ne joue plus. L’étonnement suscité par Your name est retombé. La virtuosité de l’animation ne nous surprend plus. Et la passion dévorante – mais totalement dénuée de sensualité – qui unit les deux personnages principaux sent le réchauffé.

Les Enfants du temps a pour toile de fond les dérèglements climatiques. Mais certains critiques, notamment celui du Monde, auront noté qu’ils le traitent sur un mode surprenant. D’autant plus surprenant d’un point de vue japonais qui a tendance à donner la primauté au groupe sur l’individu. Nos héros, qui doivent sacrifier leur amour pour sauver le Japon des pluies diluviennes qui menacent de le submerger font un choix déconcertant. Bel exemple pour la jeunesse…

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La Voie de la justice ★☆☆☆

Bryan Stevenson (Michael B. Jordan lancé par The Wire avant d’atteindre la célébrité avec Les 4 Fantastiques, Creed et Black Panther) est un jeune avocat fraîchement émoulu de Harvard. Tournant le dos à des emplois mieux rémunérés, il décide de s’installer dans l’Alabama pour y aider les plus démunis : les condamnés à mort qui attendent leur exécution dans le couloir de la mort après des procès souvent expéditifs. Avec le soutien d’une militante locale (Brie Larson, Oscar 2016 de la meilleur actrice pour son interprétation dans Room), il y prend la défense de Walter McMillian (Jamie Foxx, Oscar 2005 pour son rôle dans Ray), condamné à mort pour le meurtre d’une jeune femme. En reprenant l’enquête et en rassemblant les preuves, Bryan Stevenson acquiert bien vite la conviction de l’innocence de son client.

La Voie de la justice explore des sillons déjà bien défrichés.
C’est d’abord un film sur le couloir de la mort qui inspire, notamment de ce côté-ci de l’Atlantique, une émotion et une réprobation quasi pavloviennes : La Ligne verte, La Dernière Marche
C’est ensuite un film de prison avec son lot de prisonniers sympathiques, de gardiens patibulaires et d’avocats aidants comme Les Évadés ou Prison Break.
C’est aussi un film de procès comme le cinéma hollywoodien nous en a tant donnés depuis Douze hommes en colère ou Témoin à charge jusqu’à JFK ou Erin Brockovich.
C’est enfin un film sur la communauté afro-américaine et les discriminations dont elle est victime dans le Sud des Etats-Unis : Green Book, Moonlight, Loving, Selma ou Queen & Slim sortie la semaine dernière et qui m’a déjà inspiré quelques réflexions pontifiantes.

Du coup, La Voie de la justice peine à nous surprendre. On devine par avance tous les rebondissements d’un scénario cousu de fil blanc : la difficile intégration du jeune avocat débarqué de Nouvelle-Angleterre dans DixieLand, l’orgueil bafoué du prisonnier injustement condamné, les vicissitudes d’un procès en révision entravées par une police ouvertement raciste… Rien de nouveau sous le soleil d’Alabama hélas.

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3 aventures de Brooke ★☆☆☆

Une jeune chinoise, Xingxi alias Brooke, voyage seule à Alor Setar dans le nord de la Malaisie. Elle est victime d’une crevaison de vélo. Trois histoires parallèles débutent alors, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Dans la première, Brooke rencontre une jeune Malaisienne délurée qui lui fait visiter la ville. Dans la deuxième, elle est prise en charge par trois jeunes gens en pleine campagne électorale. Dans la troisième, durant laquelle s’éclaireront les motifs de sa présence en Malaisie, elle croise la route d’un vieux touriste français à la recherche des « larmes bleues ».

3 aventures de Brooke est un film chinois délicat et modeste au risque de l’insignifiance. il est lesté de références encombrantes à Hong Sang-soo et plus encore à Rohmer dont il se revendique ouvertement. Chacune des trois aventures parallèles que vit Brooke emprunte à l’un des films du grand réalisateur français. La relation quasi-sororale qui naît avec Ailing, son amie malaisienne, rappelle le duo formée par Reinette et Mirabelle. Les discussions sur l’avenir de la ville et son organisation font écho avec les dialogue de L’Arbre, le Maire et la Médiathèque. Pascal Greggory reprend le rôle qu’il tenait trente ans plus tôt dans Le Rayon vert.

On peut trouver un certain plaisir poétique à déambuler avec la jolie Brooke au milieu des rizières. On peut aussi s’en désintéresser bien vite et considérer ses aventures qui n’en sont pas, bien longues…

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Je ne rêve que de vous ★☆☆☆

C’est l’histoire d’une femme amoureuse que l’Histoire a oubliée. Grande bourgeoise, divorcée de son premier mari, l’avocat Henri Torrès, séparée de son deuxième mari, l’industriel Henri Reichenbach, l’un des fondateurs des magasins Prisunic, parti s’exiler aux États-Unis, Jeanne Reichenbach (Elsa Zylberstein) est restée en France en juin 1940 malgré la défaite. Les motifs de sa décision : son amour pour Léon Blum (Hippolyte Girardot), l’ancien leader du Front populaire, haï par l’extrême-droite, emprisonné par Vichy puis livré en otage aux Allemands.

Laurent Heynemann est un honnête réalisateur de télévision dont quelques unes des réalisations trouvent, pour des motifs inexpliqués et inexplicables, le chemin des salles. Je ne rêve que de vous est adapté d’un livre de Dominique Missika dont il renverse la perspective (Je vous promets de revenir raconte, comme son sous-titre l’indique, le « dernier combat » de Léon Blum alors que Je ne rêve que de vous évoque la longue captivité de l’homme politique du point de vue de la femme qu’il épousera à Buchenwald en 1943).

Il met en lumière une page méconnue de la vie de Léon Blum et de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Une page méconnue et dont on pourrait d’ailleurs mettre en doute l’intérêt de l’exhumer. Il y avait beaucoup de choses à dire sur l’immense figure de Léon Blum (depuis son passage au Conseil d’État où il a jeté les bases du droit administratif français à ses derniers ministères sous la IVème République), sur le procès de Riom, sur la Seconde guerre mondiale. Quel intérêt trouver à la figure de Jeanne Reichenbach qui se réduit à un seul trait de caractère : sa fidélité exaltée à l’homme qu’elle aime en dépit des épreuves et de la différence d’âge ?

Par manque de moyens, on ne voit rien des épisodes les plus marquants de cette histoire : la débâcle de 1940, l’investiture de Pétain le 10 juillet 1940, le procès de Riom… Quelques acteurs sur le retour grossièrement maquillés font de brèves apparitions : Philippe Torreton (Laval), Jérôme Deschamps (Mandel), Matilda May… Oui… Matilda May…

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Adoration ★☆☆☆

Paul (Thomas Gioria) est un jeune garçon solitaire élevé par sa mère célibataire qui travaille dans une clinique psychiatrique. C’est là qu’il rencontre Gloria (Fantine Harduin), une jeune fille qui vient d’y être enfermée. Gloria convainc Paul qu’elle est victime d’un complot et obtient son concours pour s’évader.

Fabrice Du Welz est un réalisateur belge qui a commencé sa carrière par plusieurs films d’épouvante. Calvaire, Vanyan et aujourd’hui Adoration ont pour point commun de se dérouler en pleine nature, dans une forêt tour à tour hospitalière et menaçante. C’est elle le principal personnage de ce river movie qui voit les deux adolescents descendre un cours d’eau pour échapper à leurs poursuivants. Dans leur fuite, ils rencontreront un couple de touristes flamands puis le vieux gardien d’un terrain désaffecté.

L’apparition dans ce rôle de Benoît Poelvoorde au dernier tiers du film manque voler la vedette aux deux enfants qui en sont les principaux protagonistes. On avait déjà vu Thomas Gioria dans Jusqu’à la garde (il y interprétait le rôle du fils de Denis Ménochet et de Léa Drucker, brinquebalé entre ses deux parents) et Fantine Harduin dans Happy End (où elle jouait la petite-fille de Jean-Louis Trintignant).

Mais la justesse du jeu de ces deux jeunes acteurs ne suffit pas à sauver Adoration qui s’englue maladroitement dans une série de lieux communs maniéristes sur la démence, la nature et les premières amours.

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Pygmalionnes ★☆☆☆

Elles sont onze : actrices, réalisatrices, cheffe opératrice, exploitantes, agente artistique. Elles témoignent face caméra sur la place des femmes dans le cinéma français.

À l’heure de #MeToo et du procès Weinstein, le sujet est d’une actualité brûlante. Le documentaire s’ouvre par les images des 82 femmes manifestant à Cannes en 2018 pour la revalorisation de la place des femmes au cinéma. 82, c’était le nombre de films réalisés par des femmes en compétition depuis la création du festival. À comparer aux 1688 films réalisés par des hommes.

Les différences de salaires, le machisme inconscient, la place de la maternité, la dénonciation des clichés sexistes, les quotas, l’absence de rôle pour les quadragénaires, le harcèlement sexuel… toutes les questions sont posées et des réponses, souvent convaincantes, y sont apportées.

Il n’est pas ici question de mettre en cause la légitimité de cette démarche, ô combien nécessaire
Il n’est pas ici question non plus de mettre en doute la lucidité ou la sincérité des onze femmes qui témoignent, sauf à saluer certaines (Aïssa Maïga remarquable d’intelligence et d’humour) plus que d’autres.

Aussi grande soit sa légitimité, Pygmalionnes pêche par la pauvreté de sa mise en scène. Interviewer face caméra onze personnes, fût-ce dans les studios d’Harcourt, et leur poser tour à tour le même jeu de questions, c’est le degré zéro du documentaire.

Il y avait mille façons plus stimulantes de présenter ce sujet là. Avec des images d’archives, de films ou d’actualités. Avec des développements sur les événements qui ont marqué l’empowerment des femmes au cinéma. En laissant aussi la parole aux hommes qui, sans verser dans le mansplaining, ont une parole à exprimer sur ce sujet ainsi que l’a démontré le remarquable essai de Ivan Jablonka Des hommes justes. Dans ce documentaire idéal, les interviews avaient leur place. Mais elles ne devaient pas monopoliser l’espace.

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Un jour si blanc ★☆☆☆

Une femme meurt dans un accident de voiture sur une route verglacée d’Islande. Son mari, inspecteur de police, est effondré. Placé en congé d’office le temps de faire son deuil, il s’abîme dans la rénovation d’une maison destinée à accueillir sa fille unique, son beau-fils et leur enfant. Il découvre bientôt que sa femme a eu une liaison avant sa mort. Son amant est un voisin avec lequel il joue régulièrement au football. Il développe pour lui une haine meurtrière.

L’Islande est une île quasi-désertique deux cent fois moins peuplée que la France. Cela ne l’empêche pas de posséder une tradition cinématographique que beaucoup de pays plus peuplés lui envient. Baltasar Kormákur (SurvivreJar City), Dagur Kári (L’Histoire du géant timide, Dark Horse), Grímur Hákonarson (Mjólk, La Guerre du lait, Béliers), Hafsteinn Gunnar Sigurðsson (Under the tree), Rúnar Rúnarsson (Echo) sont les réalisateurs islandais plus réputés. Hlynur Palmason n’est pas un nouveau venu qui s’était fait connaître il y a deux ans avec Winter Brothers, primé à Locarno.

On retrouve dans le second film de ce plasticien son goût pour le formalisme, le souci qu’il apporte à la musique et à l’image. Les deux premières scènes donnent le la qui suit, pour la première, une voiture dans la brume, et montre, pour la seconde, les lents progrès de la construction d’une maison filmée au rythme des saisons.

L’atmosphère dans laquelle baigne Un jour si blanc est envoûtante. Le film hélas ne l’est pas autant qui, bien vite, fait du surplace. Ingvar Eggert Sigurðsson a beau livrer une interprétation habitée (qui lui a valu le prix Louis Roederer de la meilleure révélation à Cannes l’an dernier), le spectateur se désintéresse bientôt des obsessions qui le hantent.

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La Beauté des choses (1995) ★☆☆☆

À Malmö, en 1943, Stig est lycéen. Il étouffe dans sa famille et jalouse son frère aîné qui a quitté le foyer. Une nouvelle professeure, la petite trentaine, vient d’arriver de Stockholm. Un jeu de séduction commence entre Stig et Viola qui deviennent bientôt amants. Leur relation se déroule au vu et au su de Kjell, le mari de Viola, un représentant de commerce, mélomane et alcoolique.

La Beauté des choses est le dernier film de Bo Widerberg, un réalisateur suédois mort en 1997 dont la réputation a été éclipsée par la renommée envahissante de son compatriote Ingmar Bergman. Il avait beau avoir remporté le Grand Prix du jury à Berlin et avoir été nommé aux Oscars du meilleur film étranger, il était resté inédit en France et n’est sorti dans les salles que mercredi dernier.

Le titre original, Lust och fägring stor, se traduit difficilement. Je remercie mon ami Johan Frisell de m’y avoir aidé. Il est tiré d’un psaume récité au début de l’été dans les collèges. Le titre français ne veut pas dire grand chose ; le titre anglais (All Things Fair) non plus.

Son thème est sulfureux (le film, fort sage, a été pourtant autorisé à tous les publics par le CNC quand bien même Allociné et l’Officiel affichent à tort une interdiction aux moins de douze ans) : les relations entre un jeune homme et une « milf ». Le thème n’est pourtant pas nouveau : Le Diable au corps, Le Blé en herbe, Le Lauréat , Mourir d’aimer (inspiré de faits réels que Georges Pompidou résuma dans une formule qui fit date), sans parler du Souffle au cœur qui y ajoutait une dimension incestueuse.
On aura noté que l’ensemble des livres et des films mentionnés ci-dessus mettaient en scène un jeune garçon et une femme plus âgée. La question de la pédophilie et du consentement ne s’y posait pas. Pas encore.

Stig est sans l’ombre d’un doute mineur. Pourtant, il n’y a aucun parfum de scandale dans la relation qu’il noue avec Viola. Consentants, ils le sont l’un et l’autre. Le plus érotique du film est peut-être son affiche qui, hélas, ne correspond à aucune des images que l’on voit dans le film.

Sa première partie est la plus intéressante où les deux protagonistes se rencontrent, se frôlent, se séduisent. Le premier baiser est échangé dans une scène que la bande-annonce dévoile. La suite est hélas plus fade. Le trio déroutant qui se crée avec le mari, dont le consentement à l’adultère dont il est victime doit autant à son éthylisme qu’à sa largesse d’esprit, n’est guère crédible. Le film se termine par une scène que je n’ai pas comprise. Qui voudra me l’expliquer en mp en sera remercié !

La bande-annonce