Network (1976) ★★☆☆

Howard Beale (Peter Finch) est depuis deux décennies le présentateur du JT sur la chaîne UBS. Mais ses audiences en baisse le condamnent, malgré le soutien et l’amitié du rédacteur en chef Max Schumacher (William Holden). Réagissant très mal à la nouvelle, Beale annonce en direct son licenciement et son intention de se suicider. La nouvelle fait bondir les audiences. Diana Christensen (Faye Dunaway), la directrice des programmes, flairant le bon filon, convainc Franck Hackett (Robert Duvall), le président de la chaîne, de confier à Beale une émission où le présentateur, de plus en plus fou, se lance dans des monologues enflammés plébiscités par le public. Mais le succès de son show ne dure pas…

Network est un film qui avait marqué son temps.

Il s’attaquait à l’époque à un sujet d’actualité : l’emprise débilitante de la télévision sur le public et les intrigues en sous-main des grands groupes pour en contrôler le contenu. Le temps a montré combien le sujet était important. Mais il en a aussi lentement banalisé l’urgence et modifié l’enjeu : la télévision n’est plus l’instrument de pouvoir monopolistique qu’il était dans les 70ies. Les chaînes se sont multipliées ; les pratiques se sont modifiées et diversifiées avec Internet. Les GAFAM sont devenus plus dangereux que la télé.

Le sujet a donc perdu de son actualité. Et le film a perdu de son intérêt. D’autant que, esthétiquement parlant, il a été tourné à la pire des époques de l’histoire du cinéma : les décors, les costumes, les coiffures, les maquillages, tout y est hideux, qui me rappelle les photos maronnasses de mon enfance en pattes d’eph et pulls en acrylique orange.

Network a remporté en son temps un immense succès public et critique.
Nommé dix fois aux Oscars, il en repart avec quatre statuettes, mais n’obtient ni celle du meilleur film (décerné à Rocky), ni celle du meilleur réalisateur (John G. Avildsen pour Rocky). En revanche, Peter Finch souffle à Sylvester Stallone la statuette qui lui était promise. Il était pourtant mort le mois d’avant, devenant le premier acteur à recevoir un Oscar à titre posthume (ce fut ensuite le cas du seul Heath Ledger en 2009). Faye Dunaway remporte l’Oscar de la meilleure actrice – après avoir échoué deux fois pour ses rôles dans Bonnie et Clyde et dans Chinatown. Louise Schumacher est rentrée dans les annales pour avoir décroché l’Oscar du meilleur second rôle féminin avec l’apparition la plus courte (cinq minutes et deux secondes)

La bande-annonce

Nuits blanches (1957) ★☆☆☆

Mario (Marcello Mastroianni) a déménagé pour son travail dans une ville portuaire et vit seul dans une pension de famille. Une nuit, errant dans les rues, il rencontre près d’un pont une jeune femme (Maria Schell). Natalia lui avoue qu’elle y attend un bel inconnu (Jean Marais) dont elle s’est éprise et qui lui y avait donné rendez-vous un an plus tôt.
Éperdument amoureux de Natalia, Mario essaie de l’arracher à ses chimères.

Lorsqu’il filme Nuits blanches en 1957, Luchino Visconti a tourné le dos au néoréalisme de ses débuts. Certes, on y croise dans une ville italienne anonyme qui peine à se relever de ses ruines, des noctambules divagants, des prostituées misérables, des clochards transis de froid. Mais la réalité contemporaine du néoréalisme passe à l’arrière-plan dans l’adaptation de la nouvelle intemporelle et universelle de Dostoïevski.

Visconti y est très fidèle – comme il avait été très fidèle trois ans plus tôt dans l’adaptation de Senso, roman de Camillo Boito. Il choisit de tourner en studio à Cinecittà et met dans la construction des décors, qu’il conçoit comme une scène de théâtre, un soin jaloux : leur artificialité revendiquée devra paradoxalement renforcer la force du récit.

La beauté plastique, la poésie de Nuits blanches ne peuvent qu’impressionner. On émettra plus de réserves sur l’histoire elle-même et sur les personnages qui ont mal résisté à l’épreuve du temps. Aucun des trois n’est crédible : ni Mario, dont on se demande bien pourquoi il s’entiche de cette jeune femme au comportement si peu attirant, ni Natalia qui reste imprescriptiblement rivée au passé, ni le bel inconnu anonyme interprété par Jean Marais dont on ne saura rien de la sincérité des intentions.

La bande-annonce

Felicità ★☆☆☆

Tim (Pio Marmaï) et Chloé (Camille Rutherford) sont de grands adulescents qui vivent à la cloche de bois. Paradoxalement, leur fille Tommy (Rita Merle) est, du haut de ses onze ans, plus raisonnable qu’eux. Son seul souci : être à l’heure pour la rentrée des classes. Le défi peut sembler bien modeste mais va s’avérer difficile à relever.

Je n’avais pas l’intention d’aller voir Felicità. Mais je me suis laissé convaincre par des critiques positives et un bouche-à-oreille enthousiaste. Et puis, avouons-le, en ces périodes de basses eaux post-Covid, alors que le robinet de Hollywood reste désespérément fermé, c’est l’occasion de donner sa chance au cinéma français.

J’attendais un vent léger, un conte enjoué, une réflexion décalée sur la parentalité portée par un trio d’acteurs irrésistibles. Je serais bien ingrat d’affirmer ne pas les avoir trouvés. Mais, je serais trop indulgent en prétendant en avoir été emballé.

La faute à un scénario qui enferme cette famille hors norme dans une journée de vingt-quatre heures où quelques événements sans grand intérêt se bousculent pour nous offrir un condensé de sa vie. La pauvreté, pour ne pas dire l’indigence, de cette trame scénaristique, nous empêche de nous attacher à cette famille que nous aurions pourtant tant aimé aimer.

La bande-annonce

Abou Leila ★☆☆☆

1994. Un homme est abattu dans les rues d’Alger.
Deux autres traversent en voiture le Sud algérien. L’un, sous médicaments, est dans un sale état, les nuits peuplées de cauchemars, les jours plongés dans un brouillard nébuleux. L’autre inlassablement le soigne et l’encourage. On comprend qu’ils sont flics et qu’ils traquent Abou Leila, l’auteur du meurtre commis à Alger.

Abou Leila est un film ambitieux. Il voudrait évoquer la décennie noire en Algérie – qui opposa le gouvernement aux islamistes et fit environ une centaine de milliers de victimes – à travers la paranoïa d’un homme. La thèse est simple et forte : la guerre civile a fait basculer l’Algérie et sa population dans la folie. Elle est illustrée avec une maîtrise impressionnante pour un premier film. Le travail du son est en particulier remarquable. Les paysages du Sahara offrent au dernier tiers du film un écrin majestueux et presque trop écrasant.

Mais Abou Leila a le défaut de s’étirer en longueur. Le film dure deux heures et quinze minutes. Il aurait aisément pu être amputé d’un tiers sans nuire à son sujet. L’attention du spectateur ne se serait peut-être pas perdue dans les sables.

La bande-annonce

Sapphire Crystal ★★☆☆

Une huitaine de jeunes Genevois, issus des classes privilégiées, passent une soirée ensemble. Ils la commencent dans le carré VIP d’une boîte de nuit, la poursuivent dans la luxueuse villa des parents de l’un d’eux et l’achèvent au bord du lac en regardant le jour se lever.

Le titre de ce moyen-métrage de trente-et-une minutes peut sembler bien obscur. Il ne l’est pas. Sapphire désigne un verre transparent de la plus haute qualité pour la fabrication des montres. La Crystal shower consiste à commander des bouteilles de champagne dans une boîte de nuit et à en asperger les convives. En deux mots, le décor est campé : l’élite festive et décadente de la bourgeoisie genevoise.

Filmé avec un IPhone rudimentaire, pour accentuer l’effet de réalité, Sapphire Crystal se veut un faux documentaire. Il a été réalisé avec des étudiants en cinéma de la Haute Ecole d’art et de design (HEAD) de Genève mais s’inspire d’anecdotes et de photos postées sur Instagram.

Le propos de Sapphire Crystal est simple sinon simpliste : crucifier ces jeunes dépravés pour leur bêtise et leur arrogance, pour leur goût de l’argent facile et leur inconscience des privilèges de classe dont ils ont hérité. La charge est lourde, pour ne pas dire écrasante, qui les montre sniffer de la coke à base d’or pur ou se remémorer des histoires scatologiques.

Sapphire Crystal réussit en trente minutes à peine à susciter chez le spectateur toute une gamme de réactions face à la bêtise satisfaite de ces night-clubbers : la stupéfaction, la colère, le rire et à la fin une certaine commisération face à ces jeunes gens qui, à l’instar des chats dont on sait qu’ils sont tous gris à la nuit tombée, sont bien quelconques quand le jour se lève.

Un extrait

La Nuit venue ★★★☆

Jin est un jeune immigré chinois à Paris. Sans papiers, sans argent, il rembourse sa dette  à la triade chinoise qui a payé son visa en conduisant chaque nuit un VTC. C’est là qu’il rencontre Naomi, une stripteaseuse. Naomi veut « décrocher », quitter Paris et le monde de la nuit, s’installer dans le Sud. Jin n’en peut plus du quasi-esclavagisme dans lequel ses employeurs le maintiennent et aimerait se livrer à sa passion : la musique.

Paris, la nuit, constitue à lui seul un genre cinématographique à part entière. On ne compte plus les films, grands ou petits, français ou même étrangers, qui ont exploré cette veine : Les Portes de la nuit de Carné/Prévert, Bob le flambeur, Ascenseur pour l’échafaud, Le Samouraï, Midnight in Paris de Woody Allen, un des cinq sketches de Night on Earth de Jim Jarmusch, Mauvais Sang, Diva, etc. La liste est longue et Frédéric Farrucci qui signe son premier film était bien audacieux de vouloir la rallonger encore.

Mais il a eu une idée de génie : filmer ces immigrés clandestins chinois à Paris qu’on n’avait jamais vus dans le cinéma français sinon dans le très réussi – et très injustement invisible – Les Fleurs amères qui s’attachait aux pas d’une prostituée chinoise de Belleville.

Du coup, il mêle avec bonheur deux registres. D’une part, le film noir avec l’histoire d’amour impossible entre Jin et Naomi dont on pressent qu’elle connaîtra une fin tragique, même si l’ultime plan du film s’ouvre sur un message d’espoir. D’autre part, le quasi-documentaire sur les populations immigrées qui hantent les rues de la capitale « la nuit venue », les Chinois prisonniers de leurs passeurs convertis à l’ubérisation, les Noirs travaillant dans des fourgues clandestins et tous les autres qui s’entassent dans des abris de fortune sous le périphérique. Au surplus, La Nuit venue, dont le héros aspire à redevenir DJ, a soigné sa musique, signée du compositeur électro Rone et sa lumière.

La bande-annonce

Goodbye, Dragon Inn (2003) ★☆☆☆

Un immense cinéma tombe en ruines. Il repasse Dragon Gate Inn, un vieux film de wuxia taïwanais devant deux de ses acteurs qui sont venus, sans se concerter, le revoir une ultime fois. La salle quasi vide ne compte qu’une poignée de spectateurs : un touriste japonais qui s’y est réfugié pour se protéger d’un orage, une belle de nuit qui croque bruyamment des cacahuètes, une ouvreuse boiteuse et un projectionniste.

Tsai Ming-Liang est un des cinéastes emblématiques de la seconde vague taïwanaise. Abonné aux festivals (Vive l’amour reçoit le Lion d’or en 1994 à Venise, La Rivière l’Ours d’argent à Berlin en 1997, The Hole et Et là-bas quelle heure est-il ? sont sélectionnés à Cannes en 1998 et en 2001), il en est devenu l’ambassadeur avant de repasser au second plan.

Sorti en 2003, Goodbye, Dragon Inn est emblématique de son œuvre. C’est un film quasi muet dont l’histoire ne se comprend que par bribes. Il s’organise en longs plans fixes parfaitement composés. Les lumières sont particulièrement riches, qui rappellent In the Mood for Love, sorti quelques années plus tôt. Malheureusement, il n’en a pas la musique inoubliable.

On l’aura compris : Goodbye Dragon Inn, même s’il dure une heure vingt-deux seulement, est un film austère qui exige du cinéphile un certain masochisme. À cette condition, on pourra y trouver du plaisir. Sinon …

La bande-annonce

Né à Jérusalem (et toujours vivant) ★☆☆☆

Ronen est né et a grandi dans le cœur de Jérusalem. Il a vécu dans sa chair les attentats meurtriers qui ont scandé la « deuxième Antifada » au début des années 2000. Estimant fausse la vision aseptisée que les guides offrent de sa ville, il propose à des groupes de touristes de plus en plus nombreux un tour gratuit et original des lieux où ont été commis des attentats.

Yossi Attia, secondé par David Ofek, porte à l’écran et interprète le seul-en-scène qu’il avait monté en 2012 sur ce scénario original : montrer de la Ville sainte non pas ses monuments les plus célèbres hérités d’une histoire plurimillénaire, mais les stigmates récents des attentats que tous les Hiérosolymitains ont intimement vécus.

Le pitch est astucieux. La bande-annonce met à l’eau à la bouche, qui laisse augurer un film intelligent et frais – un peu comme le voyage en Pologne sur les pas de leurs aïeuls décimés par la Shoah des deux héros de Lune de miel. Mais le résultat est décevant. Car, même si Né à Jérusalem ne dure qu’une heure et vingt-trois minutes, le scénario fait très vite du surplace privant le film de toute dynamique. Même la charmante histoire d’amour esquissée dans la bande-annonce, qui aurait pu constituer le fil rouge du film et son enjeu, se résout en deux plans à peine.

Alors que Jérusalem est peut-être la ville la plus chargée d’histoire au monde, la ville où les tensions géopolitiques, religieuses et humaines sont les plus électriques, les deux films qui viennent de lui être consacrés sur un mode quasi-documentaire – Un tramway à Jérusalem de Amos Gitai et ce Né à Jérusalem – se soldent par des échecs piteux.

La bande-annonce

Madre ★★★☆

Dix ans ont passé depuis la disparition inexpliquée d’Ivan, son fils âgé de six ans seulement, sur une plage landaise. Elena ne s’en est jamais remise, qui a quitté l’Espagne et est venue s’installer sur les lieux du drame.
C’est là qu’elle rencontre Jean, un adolescent qui aurait eu l’âge de son fils et pour lequel elle ressent une attirance trouble.

Le pitch de Madre est particulièrement efficace qui laisse entrevoir un thriller façon Ne le dis à personne dont l’enjeu serait d’élucider les conditions de la disparition d’Ivan voire de le retrouver vivant.

Mais le film prend une direction différente. Il s’agit moins d’un polar que d’un drame intime. Le scénario se désintéresse de la disparition d’Ivan pour se focaliser sur l’impossible reconstruction de sa mère. Comment reprendre une vie normale quand on a perdu son fils ? Comment faire son deuil quand les conditions matérielles de ce deuil – la certitude du décès de l’être disparu et la disposition de son corps – ne sont pas réunies ?

Pour Elena la rencontre avec Jean constitue un quitte ou double. Cet adolescent si beau, si vivant risque de lui rappeler avec une douloureuse acuité la perte de son fils. Ou bien, elle peut espérer à son contact se mithridatiser et renaître enfin.

Il y a dans la relation entre Elena et Jean, son cadet de plus de vingt ans, une dimension incestueuse avec lequel le film tangente – comme l’avait fait en son temps Le Souffle au cœur de Louis Malle. Ce n’est peut-être pas la partie la plus intéressante de Madre dont on regrette qu’il prenne ce parti là dans sa seconde moitié – quand bien même l’interprétation toujours juste de Marina Pieto lui évite de sombrer dans le pathétique.

Reste toutefois la bluffante maîtrise de Rodrigo Sorogoyen. Le réalisateur de Que Dios nos Perdone et de El Reino accumule les plans séquence d’une impressionnante maestria à commencer par le premier qui dure pas moins de quinze minutes – et que le réalisateur avait dans un premier temps sorti en court métrage. Le procédé est repris tout le long du film au point qu’on puisse parfois y voir de l’esbrouffe. Mais, pratiqué à ce niveau, l’art du plan séquence inspire plus d’admiration que de réprobation.

La bande-annonce

Voyage à deux (1966) ★★★☆

Joanna (Audrey Hepburn ) et Mark (Albert Finney) se sont rencontrés douze ans plus tôt lors d’un voyage sac à dos vers la Côte d’Azur. Ils se sont séduits, aimés, mariés et ont eu un enfant. Chaque année, ils reprennent le même chemin. Mais, comme d’ailleurs ils en avaient eu le pressentiment, leur couple subit de plein fouet l’usure du mariage. Se soldera-t-il par un inéluctable divorce ?

En 1954, Roberto Rossellini mettait en scène un couple d’Anglais au bord du divorce en vacances à Naples. Le ton de Voyage en Italie était grave voire tragique. La baie de Naples, filmée en noir et blanc, n’avait rien d’un décor de carte postale.

Sur le même sujet, Stanley Donen tourne douze ans plus tard un film tout différent. La fantaisie rafraîchissante des années soixante est passée par là, qui donne à la femme plus d’autonomie – même s’il reste beaucoup à faire et que la passivité souriante de Joanna face à la muflerie assumée de Mark en choquera plus d’un.e La présence de Stanley Donen derrière la caméra, l’auteur de quelques unes des comédies musicales les plus joyeuses de l’histoire du cinéma (Chantons sous la pluie, Drôle de frimousse), explique aussi le ton léger du film.

Voyage à deux est un film à regarder l’été, qui se déroule exclusivement durant cette saison vacancière à travers la France ou sur son littoral méditerranéen. Un montage compliqué mais toujours fluide joue à saute-mouton avec les époques, qu’on reconnaît grâce aux voitures de plus en plus coûteuses de Mark et aux toilettes de plus en plus sophistiquées de Joanna signées Paco Rabanne ou Mary Quant.

Voyage à deux vaut beaucoup par le jeu de ses acteurs. Dans les seconds rôles, on reconnaît quelques gloires passées du cinéma français : Claude Dauphin, Georges Descrières… On aperçoit Jacqueline Bisset dans l’un de ses tout premiers rôles dont la jeunesse et la beauté aimantent la pellicule. Mais surtout, Voyage à deux est un hymne à Audrey Hepburn – que Stanley Donen avait déjà dirigée dans Drôle de frimousse et dans Charade. À trente-sept ans, elle est au sommet de sa gloire. Sa silhouette gracile, ses yeux de biche, son sourire malicieux ont fait d’elle une star. Un an plus tard, elle décidait d’arrêter sa carrière pour se consacrer à l’aide humanitaire à l’enfance.

La bande-annonce