Only the River Flows ★★☆☆

Une vieille femme est sauvagement assassinée au bord d’un lac. L’inspecteur Ma Zhe mène l’enquête.

Avec son titre américain, son affiche noctambule, son beau flic ténébreux, Only the River Flows nous promet un polar chinois pur jus. Un genre qui décidément commence à se constituer (Le Lac aux oies sauvages, Un été à Changsha, Les Éternels, Une pluie sans fin, Black Coal…). Certains contiendraient dit-on une critique rampante du régime communiste sinon des évolutions de la société chinoise. Je n’en suis pas absolument convaincu, le fait qu’ils bénéficient de toutes les autorisations de la censure chinoise laissant plutôt penser que leur message est inoffensif.

L’action de Only the River Flows se déroule dans une petite ville chinoise au milieu des années 90. L’énigme policière est riche et rebondissante. Les crimes se succèdent et avec eux défilent plusieurs accusés aux alibis plus ou moins solides : un aliéné, un coiffeur qui cache un lourd secret, un poète qui entretient une relation secrète avec une jeune fille…. Pour mener l’enquête, Ma Zhe est secondé par un jeune acolyte plein de ressources. Son chef, pongiste émérite, exerce sur lui une pression de chaque instant. Pendant ce temps, l’épouse de Ma Zhe traverse une grossesse à risques et hésite à y mettre un terme après les résultats d’une amniocentèse non concluante.

On se dit qu’on est en train de voir un excellent polar et on est impatient d’en découvrir le dénouement quand (attention spoiler) le scénario capote. Au lieu d’aller au bout de sa logique, au lieu d’élucider le mystère qu’il avait construit avec une ingéniosité sadique, le scénario change de pied, passe à autre chose – l’obsession maladive du flic pour son enquête façon La Nuit du 12 – au risque de nous frustrer.

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Dîner à l’anglaise ★☆☆☆

Sarah et Tom habitent une maison à étages à Hampstead, un quartier chic de Londres. Ils sont contraints de la vendre pour résoudre leurs difficultés financières et viennent de trouver un acheteur. Ils y organisent un ultime dîner avec leurs meilleurs amis, Richard et Beth. Une cinquième convive s’est invitée, Jessica, l’auteur à succès d’un roman autobiographique.

Le titre français de The Trouble with Jessica annonce la musique. On sera dans un film à l’humour britannique. L’unité de temps – tout se déroule en l’espace d’une soirée – l’unité de lieu – on ne sortira quasiment pas de la maison de Sarah et Tom – l’unité d’action – le film est tendu par un seul enjeu : Sarah et Tom réussiront-ils à conclure la vente de leur maison ? –  sont respectées. On pressent qu’on sera au théâtre, à mi-chemin de la comédie de boulevard et de l’enquête policière façon Agatha Christie. On se trompe en partie : il n’y aura pas de crime à élucider même si un convive va bientôt trouver la mort. Quant à la comédie, elle est plus grinçante que rigolote.

Dîner à l’anglaise pratique l’humour noir. Il cherche à nous faire (sou)rire en évoquant les affres de la vie de couple et en dénonçant l’hypocrisie de la bonne société londonienne. Aussi réussi soit-il, Dîner à l’anglaise reste prisonnier d’un genre essoré : le théâtre filmé et le bon vieux ressort du cadavre dans le placard.

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To the Moon ★★☆☆

Le président Kennedy promet en 1962 qu’un homme poserait le pied sur la Lune avant la fin de la décennie. Mais la NASA, engluée dans des problèmes à répétition, craint de ne pas respecter cette échéance. Pour retrouver la confiance du public et le soutien du Congrès, un mystérieux conseiller de la Maison-Blanche (Woody Harrelson) embauche Kelly Jones (Scarlett Johansson), une des consultantes en relations publiques les plus rouées de Madison Avenue. Mais son arrivée à Cap Canaveral n’est pas du goût de Cole Davis (Channing Tatum), le directeur de la mission Apollo 11 .

To the Moon fait fond sur un des mythes complotistes les plus fameux : l’alunissage du 21 juillet 1969 n’aurait jamais eu lieu mais aurait été filmé en studio. To the Moon imagine que la Maison-Blanche aurait en effet filmé cette séquence pour la diffuser en cas d’échec de la mission Apollo 11. La pimpante Scarlett Johansson incarne une publicitaire sans scrupules chargée de ce projet top secret. Face à elle, le beau ténébreux Channing Tatum campe lui la Vérité outragée avec un V majuscule. Pour donner plus de relief aux deux personnages, dont les traits semblent figés dans des tonnes de fond de teint, le scénario leur invente un passé tourmenté : à elle, une enfance contrariée placée sous le sceau du mensonge et de la fuite, à lui le remords indélébile de la mort accidentelle de trois de ses collègues dans la mission Apollo 1.

À mi-chemin de L’Etoffe des héros, de Mad Men et de L’Impossible Monsieur Bébé, To the Moon coche toutes les cases : le suspense de la conquête spatiale, l’élégance des toilettes des années 60 (ah ! les pantacourts de Scarlett Johansson !) et la romance des comédies de Hawks ou de Capra. To the Moon est un peu trop sage, un peu trop aseptisé pour sortir du lot et laisser une marque indélébile. Mais on y passe un agréable moment.

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Horizon : une saga américaine Chapitre 1 ★★☆☆

Une affichette, promettant des terres fertiles, dans une bourgade du Far West nommée Horizon excite la curiosité des pionniers.
Certains se sont déjà installés dans la vallée de San Pedro mais sont sous la menace des raids apaches.
D’autres cheminent lentement sur la piste de Santa Fe
D’autres enfin ont quitté les forêts glacées du Montana pour des terres plus hospitalières.

On ne présente plus Kevin Costner. L’acteur-réalisateur multiprimé de Danse avec les loups, mais aussi des Incorruptibles, de JFK et de Bodyguard a sa carrière derrière lui. Mais à près de soixante-dix ans, il a entendu réaliser un vieux rêve et a décidé d’y investir sa fortune : un western de dix heures pour un budget d’une centaine de millions de dollars dont la moitié a été apportée par la star.

Le projet ne peut qu’inspirer la sympathie. Il devait sortir en salles en trois ou quatre parties. Les mauvais résultats de la première partie augurent mal de la suite : la sortie de la deuxième partie, prévue en août, est reportée à l’automne, le tournage de la troisième partie a été repoussé, la quatrième ne se fera probablement pas.

Horizon est une saga d’un classicisme revendiqué. Kevin Costner revient aux racines du genre. Il filme en scope des paysages majestueux, des héros charismatiques, des scènes épiques et des histoires inspirantes. Horizon se regarde comme une série, avec sa multitude d’histoires dans lesquelles on se laisse délicieusement embarquer et de personnages qui nous deviennent tous lentement familiers et sympathiques. D’ailleurs le format de la série (en une dizaine d’épisodes ?) lui aurait mieux convenu. Mais il nous aurait privé du plaisir de voir ce spectacle sur un grand écran.

Horizon trouvera-t-il son public ? J’ai été surpris de le voir, en quatrième semaine déjà, dans une salle encore presque comble, et très jeune. J’espère que cette audience là aura la chance d’en voir la suite.

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Pourquoi tu souris ? ★★☆☆

Deux marginaux que tout oppose, Wisi (Jean-Pascal Zadi), qui se fait passer pour un réfugié ivoirien alors qu’il est natif d’Asnières, et Jérôme (Raphaël Quenard), qui vient de perdre sa mère et n’a pas le sou pour l’enterrer dignement, rencontrent Marina (Emmanuelle Devos) qui travaille dans une association caritative. Elle accepte de les héberger temporairement à une condition : qu’ils retrouvent rapidement du travail.

Pourquoi tu souris ? n’est pas politiquement très correct. Il campe un faux migrant et un chômeur raciste et allergique au travail qui abusent de l’hospitalité d’une brave femme. Mais la provocation ne va pas plus loin. On est loin des satires italiennes grinçantes de Risi et Scola. Pourquoi tu souris ? reste une comédie sociale très sage.

Pourquoi tu souris ? joue sur une recette indémodable : l’union contrainte de deux contraires. Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard, deux acteurs qui jouissent ces temps-ci d’une célébrité méritée, jouent sur du velours, le premier dans le rôle du Noir de service, à l’irresistible sourire, contraint d’adopter un accent ivoirien caricatural pour bénéficier du statut que son lieu de naissance ne lui donnerait pas, le second, avec sa diction inimitable, et ses réparties qui font mouche, dans celui du Blanc raciste et marlou, qui bien entendu s’amendera au contact de son compagnon. Entre les deux, Emmanuelle Devos réussit avec son immense talent à rendre crédible et touchant un rôle qui frise la caricature.

Pourquoi tu souris ? est un feel-good movie qui ne révolutionnera pas le cinéma. Il n’en reste pas moins une aimable comédie  qui donne le sourire.

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Débâcle ★★☆☆

Eva vit seule à Bruxelles. Elle fuit sa sœur qui s’inquiète de son état et repousse les avances du photographe auprès duquel elle travaille. Elle décide de retourner dans son village natal où se tient une célébration. Dans le coffre de sa voiture, elle embarque un bloc de glace.

Débâcle est le premier film de Veerle Baetens, une actrice belge devenue célèbre grâce à son rôle dans Alabama Monroe (2013). Elle passe derrière la caméra pour adapter le livre à succès de Lize Spit sorti en 2011. Débâcle vient de recevoir le prix du meilleur film flamand à la dernière cérémonie des Magritte.

Débâcle joue sur deux temporalités : d’une part le retour au pays natal d’Eva adulte, d’autre part les souvenirs qui reviennent par bribes de son adolescence, l’époque où elle formait avec Tim et Laurens un trio indissoluble. En évoquant la mort accidentelle du frère aîné de Tim, l’intrigue nous entraîne sur une fausse piste. On imagine un temps que les circonstances de cette mort tragique constitueront la clé du film. Mais il n’en est rien. L’histoire de ces adolescents prend une autre bifurcation, dans laquelle une énigme racontée par Eva jouera un rôle crucial.

Tout bien considéré, le sujet de Débâcle se résume à pas grand-chose. C’est peut-être la faiblesse principale du film. Mais le talent des scénaristes et de la réalisatrice est de faire lentement monter la pression. Tout l’intérêt de Débâcle résidant dans ce lent dévoilement, la critique est condamnée à se taire. Tout au plus peut-elle dire qu’il y est question de l’amitié qui unit des enfants aussi bien que de la violence qu’ils sont capables de s’infliger et des traces indélébiles que ces traumatismes laissent.

La fin de Débâcle est glaçante. Mais j’en ai déjà trop dit.

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Elyas ☆☆☆☆

Elyas (Roschdy Zem) était chuteur opérationnel dans les forces spéciales. Revenu à la vie civile après une mission éprouvante en Afghanistan, il n’a pas récupéré des traumatismes qu’il y a subis et souffre désormais d’une sévère paranoïa. Un ancien compagnon d’armes (Dimitri Storoge) lui propose un contrat a priori sans risques : servir de garde du corps à un riche prince moyen-oriental, accompagné de sa femme et de sa fille. Mais cette mission va se révéler plus périlleuse que prévu.

Depuis Nid de guêpes (2001), on connaît le cinéma testostéroné de Florent-Emilio Siri. Il louche du côté des films d’action américains. Il met en scène des héros charismatiques et raconte des histoires hyper-violentes de braquages qui tournent mal ou de sanglantes prises d’otage. On ne pourra pas reprocher au distributeur de nous avoir menti sur la marchandise. Elyas nous donne ce qu’il nous promet : du sang, de la sueur et des larmes. Ici l’histoire improbable (attention spoiler) d’une gamine de treize ans, a priori effrontée et mal élevée mais au final si attachante, que son père, un riche émir a décidé de marier contre son gré à un vieux barbon et qu’une bête de guerre va prendre sous sa coupe façon Léon.

Roschdy Zem chausse le costume cravate du rôle titre, sans oublier les Ray Ban et le PAMAS G1. Il est peut-être l’un des acteurs les plus populaires et les plus respectés du cinéma français. Je n’ai jamais ni lu ni entendu la moindre critique négative à son sujet. Pourtant, on se demande ce qu’il vient faire dans cette série B. Sans doute avait-il, lui aussi, des impôts à payer. À près de soixante ans, même s’il conserve une forme impeccable, il a une bonne dizaine d’années de trop pour le rôle. On dirait Liam Neeson dans Taken 1, 2 ou 3. Et ce n’est pas un compliment !

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Les Gens d’à côté ★★☆☆

Lucie (Isabelle Huppert), la soixantaine, travaille à la police de Perpignan. Elle peine à se remettre du suicide de son mari, policier lui aussi, survenu un an plus tôt. Un jeune couple et leur ravissante gamine viennent de s’installer dans le pavillon voisin du sien. Julia (Hafsia Herzi) est enseignante ; Yann (Nahuel Pérez Biscayart) est un artiste qui se révèle activiste anti-fa, partisan de l’action violente, sous le coup de plusieurs condamnations judiciaires. Lucie est écartelée entre l’amitié qu’elle ressent pour ses voisins et la réserve que sa profession lui impose.

À quatre-vingts ans passés, André Téchiné cumule deux qualités rares. Il est d’une part l’une des figures tutélaires du cinéma français – même si une plainte pour harcèlement sexuel, classée sans suite pour cause de prescription, a écorné son prestige. Il est d’autre part toujours aussi productif – à l’instar de ces grands cinéastes du monde entier (Eastwood, Miyazaki, Scorsese, Polanski, Loach…)  qui continuent à réaliser des films comme si les ans n’avaient aucune prise sur eux.
André Téchiné (Hôtel des Amériques, Ma saison préférée, Les Roseaux sauvages…) est le cinéaste de l’intime, de l’homosexualité, de la confusion des sentiments. Mais son cinéma s’inscrit dans un environnement social et politique. Cette attention portée au contexte est de plus en plus marquée ces dernières années, au point d’en faire presque un réalisateur « à thèmes » : la radicalisation des jeunes attirés par le jihad en Syrie dans L’Adieu à la nuit, le TPST des soldats français de retour d’opérations extérieures dans Les Âmes sœurs

Les Gens d’à côté s’inscrit dans cette généalogie-là. Ses premières images quasi-documentaires rappellent les films de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon, ayant pour cadre le monde du travail et ses luttes. Sauf qu’ici, il s’agit de la police et de ses syndicats qui alertent les pouvoirs publics sur le nombre alarmant de suicides dans ses rangs.

Entre ACAB (All Cops are Bastard) et #JesoutiensnosFDO, André Téchiné, comme toujours, évite le manichéisme. Son film ne prend pas la défense de la police pas plus qu’il ne fait l’apologie de la violence révolutionnaire. Il se place à hauteur d’hommes – ou plutôt de femme. Car le film est raconté à travers les yeux de Lucie, doublée d’une voix off redondante, dont la loyauté est mise à mal : loyauté d’une part à l’égard de ses voisins avec lesquels des liens d’amitiés se sont noués, d’autant plus puissants que Lucie n’en a pas beaucoup d’autres, loyauté d’autre part à l’égard de ses collègues, de son mari décédé et de sa profession.

Le problème des Gens d’à côté vient de son scénario, trop appliqué, trop lent, trop prévisible et pas toujours très crédible. Il vient aussi de ses acteurs. Isabelle Huppert a au moins dix ans de trop pour le rôle. Ses séances de jogging répétitives, dans son sweat shirt et sous sa capuche, frisent le ridicule. Hafsia Herzi est à mes yeux, presque aussi calamiteuse, dont je trouve le jeu terriblement faux. Échappe à mon courroux le seul Nahuel Perez Biscayart qui, décidément, d’un film à l’autre, habite toujours ses rôles avec la même incandescence. Les quelques pas de danse improvisée qu’il esquisse sur un parking nocturne constituent ma séquence préférée de ce film moyen.

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Sons ★★☆☆

Eva (Sidse Babett Knudsen) est une gardienne de prison qui aime son travail, pourtant ingrat, et l’exerce avec le plus d’humanité possible. Son comportement change du tout au tout à l’arrivée d’un nouveau prisonnier, Mikkel, incarcéré dans le quartier de haute sécurité où Eva réussit à se faire muter.

Sons est le deuxième film de Gustav Möller, auréolé par le succès de son premier, The Guilty en 2018. Il se déroulait  en temps réel, dans un centre d’appel de la police. La même unité de lieu est respectée dans Sons qui ne sort quasiment pas de la prison où Eva travaille. Ce sentiment de claustrophobie est encore accentué par le format de l’image et par le son spatial.

Sons se déroule dans une prison, un lieu éminemment cinématographique et souvent filmé: Un condamné à mort s’est échappéLe TrouMidnight ExpressLes ÉvadésUn prophèteDog PoundOmblineLa TaulardeÉperdument… sans parler de la série Prison Break. Le plus souvent, la prison est vue du côté des taulards. Ici, c’est le point de vue d’une gardienne qui prévaut – comme dans le récent Borgo qui se déroulait en Corse et était inspiré d’un fait divers meurtrier.

Le film est tendu par une question : quel lien unit Eva et Mikkel ? Son titre nous a mis sur une piste, sans qu’on puisse avec précision en tirer des conclusions. La bande-annonce laisse planer le doute et le première moitié du film aussi. Lorsque la réponse se dévoile, Sons prend un tour différent. Le spectateur  n’est plus suspendu à une question sans réponse mais à une situation dont le film explore désormais les développements. Il est difficile d’en parler sans dévoiler cette fameuse réponse, sinon pour dire que le pluriel de son titre nous offre une clé d’explication.

Sons est un film oppressant et puissant. Est-il totalement crédible ? je ne connais pas assez le milieu pénitentiaire et ses usages pour l’affirmer ; mais j’ai trouvé que les libertés que s’autorisait Eva sur la personne de Mikkel dépassaient largement ce qu’un gardien est en droit de faire. Deuxième réserve : j’ai trouvé peu crédible le changement de comportement d’Eva dans la seconde partie du film, qui abandonne soudainement le sadisme dont elle avait fait preuve jusqu’alors.

Reste l’interprétation remarquable des deux acteurs, qui réussissent l’un comme l’autre à faire passer toute une gamme d’émotions dans un jeu pourtant tout en retenue. Chez Eva, le désir de vengeance et la compassion ; chez Mikkel, la violence rentrée qui menace à chaque instant d’exploser et la fragilité du gamin mal dégrossi.

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Santosh ★★☆☆

À la mort de son mari, un gardien de la paix tué lors de manifestations, Santosh (Shahana Goswami, héroïne de Made in Bangladesh) bénéficie d’un « recrutement compassionnel » dans la police et hérite de son emploi. Elle découvre un milieu violent, misogyne et classiste. Elle enquête sur la disparition d’une fillette dont le cadavre est retrouvé au fond d’un puits. Elle ne peut guère compter que sur le soutien de sa supérieure, l’inspectrice Sharma, qui ne se laisse pas ébranlée par le machisme de ses collègues. Bien vite, une piste s’esquisse…

Santosh est le premier film de fiction d’une réalisatrice indo-britannique. L’idée, dit-elle, lui est venue de réaliser un documentaire sur les femmes dans la police indienne. mais, faute de disposer des autorisations pour le tourner, elle a opté pour la fiction. Il a été projeté au dernier festival de Cannes dans la section Un certain regard – alors qu’un autre film indien, All We Imagine as Light, le premier en sélection officielle depuis trente ans, y obtenait le Grand Prix du jury.

Santosh est un thriller dont le fil rouge est l’enquête menée par son héroïne et sa supérieure. Mais c’est surtout un film politique qui traite de plusieurs sujets brûlants : les violences policières, le statut des femmes en Inde, celui des Intouchables, toujours victimes de discriminations à la fois religieuses et économiques, la corruption des élites… Cet ambitieux tour d’horizon donne à ce film tout son intérêt, surtout chez le spectateur occidental curieux de l’Inde et de son évolution socio-politique ; mais il en constitue aussi la principale limite artistique. Santosh est un chouïa trop démonstratif, un chouïa trop appliqué dans le traitement de tous ces enjeux.

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