Beloved ★★☆☆

Avigail travaille dans un établissement gériatrique où elle dispense des soins attentionnés à des patients en fin de vie. Elle est mariée à Rashi et poursuit avec lui un traitement long et pénible pour avoir un enfant. Épuisé par cette attente infructueuse, le couple bat de l’aile.

On avait vu la semaine dernière Chained, qui racontait le couple Avigail/Rashi du point de vue du mari. Et on avait dit ici tout le bien qu’on en pensait. On le retrouve cette semaine dans Beloved du point de vue de l’épouse.

La perspective est bien différente. Elle l’est tellement d’ailleurs que ce deuxième film pourrait presque se regarder indépendamment du premier tant l’histoire qu’il raconte s’en éloigne, jusqu’à sa conclusion, si brutale dans Chained, si douce dans Beloved.

Si l’on voulait résumer Beloved d’une phrase, on pourrait dire qu’il raconte la lente reconstruction d’une femme en résistance à la violence masculine. Sauf que la violence masculine qu’on a vu se déployer dans Chained est très discrète dans Beloved au point de se faire oublier. Le couple Avigail/Rashi passe à l’arrière plan. Et parfois même, comme si le scénario n’avait pas été suffisamment bien ficelé, le réalisateur semble se désintéresser d’Avigail pour se concentrer sur ses amies.

En particulier de longs développements sont consacrés à deux sœurs, Yael et Na’ama, dont le père grabataire vient d’être placé dans l’établissement où travaille Avigail. Victime dans son adolescence d’un traumatisme, Yael s’est transformée en gourou qui dispense à ses amies toutes sortes de conseil de vie. On la voit notamment procéder à l’accouchement d’une parturiente dans une piscine lors d’une scène documentaire particulièrement émouvante. Au contraire, Na’ama – dont on imagine qu’elle a connu les mêmes souffrances que sa sœur dans son enfance – n’a jamais trouvé la paix et en fait l’amer reproche à Yael.

Ces deux personnages sont justes et touchants. Mais ils nous éloignent de Avigail sur laquelle on aurait aimé se focaliser – autant que Chained s’était focalisé sur Rashi. L’actrice manquait-elle de talent ? son personnage manquait-il de profondeur ? On a l’impression que le réalisateur a baissé les bras en cours de route, renonçant à creuser ce personnage. Pourtant il y aurait eu à dire sur son parcours que résume l’évolution de sa coiffure : ses tresses sévères sont dénouées dévoilant une luxuriante toison, avant d’être coupées dans un symbolique geste libérateur.

La bande-annonce

Le Sel des larmes ★★★☆

Luc (Logann Antofuerno) vit dans le Nord avec son père (André Wilms) et veut marcher dans ses pas. Comme lui, qui est menuisier, Luc deviendra ébéniste et ambitionne d’intégrer la prestigieuse école Boulle.
À Paris où il est venu passer le concours d’entrée, il rencontre Djamila (Oulaya Amamra révélée par Divines) qui tombe éperdument amoureuse de lui même si la réciproque n’est pas vraie. En province, où il est retourné attendre les résultats, il retrouve Geneviève (Louise Chevillotte découverte dans le précédent film de Philippe Garrel), une amie d’enfance longtemps perdue de vue, avec laquelle se noue une idylle bientôt avortée. Enfin, une fois admis à l’école Boulle il s’installe à Partis avec Betsy (Souheila Yacoub) auprès de laquelle se nouera une relation particulière.

Le cinéma de Philippe Garrel, rompant avec l’hermétisme un peu vain de ses débuts, a pris depuis une dizaine d’années un tournant marqué. S’éloignant de Godard, il s’est rapproché de Rohmer, filmant en noir et blanc, des jeunes gens s’initiant aux jeux de l’amour dans un Paris nocturne et poétique.

Dans son film précédent, L’Amant d’un jour, sorti en 2017, Garrel avait pour héroïne une femme (précisément interprétée par la belle Louise Chevillotte) et se focalisait sur le désir féminin. Dans Le Sel des larmes, il ne quitte pas d’une semelle Luc pour mettre en question le désir masculin.

Il n’y a pas la moindre trace des débats contemporains sur la domination masculine dans le regard que Garrel lui porte. On pourrait d’ailleurs lui en faire le reproche en constatant la désinvolture de Luc et son absence de toute culpabilité à l’égard des deux amoureuses qu’il abandonne lâchement.

Mais ce serait lui faire un bien méchant procès. Car d’une part, Luc expie dans la seconde moitié du film, notamment dans sa relation avec Betsy et dans un épilogue dont on ne dira rien, les fautes qu’il a commises dans la première. Mais surtout d’autre part, Garrel aspire à se placer au-delà des modes et des époques et réussit à dessiner une carte du tendre, intemporelle et gentiment surannée.

La bande-annonce

Exit ★★☆☆

Rie est journaliste. Elle réalise un reportage sur la construction d’une nouvelle ligne du métro de Copenhague. Alors qu’elle se trouve au fond d’un tunnel, un incendie se déclare qui la contraint à se réfugier de toute urgence dans un caisson hyperbare en compagnie de deux techniciens, Bahran et Ivo. la température augmente, l’oxygène se raréfie.

Exit relève d’un genre bien particulier : le survival movie claustrophobe ou, pour le dire autrement, le film dont le héros lutte pour sa survie dans un espace clos. Le genre est une gageure scénaristique qui pousse au paroxysme la consigne de Boileau (« Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli… »). Comment filmer un héros immobile dans un lieu clos ?

Le défi était superbement relevé dans Buried qui ne quittait jamais le trou de terre dans lequel était enterré vivant un soldat américain en Irak. Même réussite dans Tunnel, un thriller coréen avec un conducteur coincé dans sa voiture dans un tunnel écroulé. Je devrais aussi citer, même s’ils se déroulent en plein air The Wall (un soldat américain, réfugié derrière un pan de mur, sous le feu d’un sniper irakien), All is lost (un navigateur en solitaire sur un bateau en train de sombrer) ou 127 heures (un randonneur américain dont le bras est coincé sous un rocher).

Exit s’ajoute à cette liste déjà longue. Cet honnête film danois n’y détonnera pas ; mais il ne s’en démarquera pas non plus.

Son réalisateur gagne un peu de temps par une longue introduction qui suit l’héroïne dans son reportage. C’est l’occasion d’un échange savoureux qui souligne le fossé culturel qui la sépare des ouvriers du chantier qui ne parlent ni le danois ni l’anglais. C’est aussi la préfiguration des malentendus qui s’élargiront avec Ivo, le chef de chantier slovène qui a accepté ce travail grassement payé pour financer l’éducation de ses enfants, et de Bahran qui a traversé au péril de sa vie le Sahara et doit encore rembourser à sa famille restée en Érythrée le prix de son passage.

Exit n’est pas un film solitaire mais un film de groupe qui en sonde les dynamiques contradictoires – comme, toutes choses égales par ailleurs, Lifeboat de Hitchcock. Deux réactions contradictoires s’opposent : d’un côté l’élan de solidarité qui conduit au plus noble des altruismes, de l’autre l’instinct de survie qui suscite le plus criminel des égoïsmes. La scène finale les confronte jusqu’à une conclusion ambigüe et ouverte que je ne suis pas sûr d’avoir totalement comprise.

La bande-annonce

Été 85 ★★☆☆

Menottes au poing, Alexis, seize ans, comparaît devant une éducatrice avant son jugement imminent. Quel crime a-t-il commis ?
Quelques mois plus tôt, au Tréport, il a fait la connaissance de David, son aîné de deux ans. Entre les deux adolescents, l’amitié est immédiate à laquelle s’ajoute bientôt un sentiment plus ambigu et plus puissant.

Été 85 est un film paradoxalement déroutant.

C’est un film d’un grand classicisme, d’une grande simplicité, presque un teen movie qui raconte une histoire d’amour qui finit mal entre deux adolescents – sa seule originalité étant, à supposer que cela en soit une, que les deux ados soient du même sexe. Cette histoire simple – comme l’aurait dit Sautet qui fut l’historiographe des années soixante-dix – se déroule à l’été 85, reconstitué avec un soin méticuleux. Quiconque a vécu ces années là ne pourra que ressentir une puissante bouffée de nostalgie en en retrouvant les costumes, les coiffures et la musique.

C’est ce classicisme qui paradoxalement dérange de la part d’Ozon. Le réalisateur, particulièrement prolifique, a déjà donné naissance à une oeuvre riche et diverse qui investit et qui mêle toutes sortes de genres, de la comédie ébouriffante Huit femmes au film à thèse Grâce à Dieu, du film en costumes Frantz au huis clos étouffant Swimming Pool. Dans cette filmographie immense, sans doute l’une des plus riches du cinéma français contemporain, Été 85 détonne, qui ressemble plus à la première oeuvre très autobiographique d’un jeune diplômé de la Fémis qu’au dix-neuvième film d’un des réalisateurs les plus manipulateurs qui soient.

De la part d’Ozon, on s’attendait à autre chose, et, pour dire la vérité, on s’attendait à mieux. On imaginait qu’il donnerait à cette romance un peu mièvre un tour plus surprenant, l’entraînant vers le drame ou vers la comédie. Mais rien n’arrive sinon le déroulement sans surprise d’une histoire sagement racontée.
Seul étonnement : le crime qu’a commis Alexis n’est pas celui qu’on croit. Mais j’en ai déjà trop dit…

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Les Lèvres rouges (1971) ★☆☆☆

Valérie et Stefan viennent de se marier. Sur le chemin de l’Angleterre où Stefan va présenter à sa famille sa jeune épouse, le couple s’arrête à Ostende dans un immense palace désert. Ils y sont rejoints par la mystérieuse comtesse Báthory (Delphine Seyrig) qu’accompagne son assistante Ilona.

Les Lèvres rouges est un film d’épouvante qui revisite le mythe de la comtesse Báthory, cette célèbre criminelle hongroise qui, à la fin du XVIème siècle, dans son château de Slovaquie, aurait sacrifié de jeunes vierges pour se baigner dans leur sang et gagner ainsi une éternelle jeunesse.

Le mythe a la dent dure – si on ose dire – qui a inspiré une dizaine de films, le dernier en date, La Comtesse, réalisé en 2009 par Julie Delpy.

En 1971, le jeune réalisateur belge Harry Kümel, victime de son temps, signe un film à cheval entre l’épouvante et le porno chic. Emmanuelle n’est pas loin, le giallo à l’italienne de Mario Bava et Dario Argento non plus. Les lumières se tamisent, les corps se dénudent, le faux sang gicle.

Peu importe que les trois acteurs (un Américain, une Canadienne et une Allemande) qui entourent Delphine Seyrig jouent comme des quiches (l’actrice Andrea Rau entretenant une ressemblance troublante avec… Mireille Mathieu), on n’a d’yeux que pour elle qui hypnotise le spectateur avec sa voix ensorcelante et ses toilettes glamour.
À quarante ans, elle était à l’époque en pleine gloire, après avoir tourné avec Resnais, Buñuel, Duras, Truffaut, Demy et Losey. Les années quatre-vingt lui furent fatales et elle mourut dans un semi-oubli en 1990, à cinquante-huit ans à peine d’un cancer du poumon.

La bande-annonce

Midnight Runner ★☆☆☆

Jonas est en apparence un jeune homme sans histoire. Il a une passion, la course à pied, une fiancée ravissante, Simone, et un travail dans les cuisines d’un grand restaurant bernois. Mais, en vérité, depuis la mort de son frère, Jonas va mal. Et son malaise tend à s’exprimer de plus en plus violemment.

Midnight Runner (le titre français de Der Laüfer) est inspiré d’une histoire vraie : au début des années 2000, un meurtrier a semé la panique dans la capitale suisse. Son profil, comme celui de Jonas dans le film, était des plus ordinaires, compliquant l’enquête de la police et son arrestation.

Le réalisateur Hannes Baumgartner a choisi de se placer du côté de Jonas. Du coup, il ôte à son film toute dimension policière : on ne se demandera jamais qui a commis les crimes puisqu’on le sait déjà. Midnight Runner devient un portrait psychologique d’un désaxé qui, contre toute raison (Jonas ne brille pas par sa capacité à brouiller ses pistes), s’enferre dans une logique meurtrière.

Max Hubacher est impressionnant dans le rôle principal, qu’il courre le demi-fond ou travaille en cuisine. On l’avait déjà remarqué dans les rôles principaux de The Captain et de Mario. On lui promet une belle carrière.

Mais cette interprétation exceptionnelle ne suffit pas à sauver le film qui, à trop se focaliser sur son personnage principal, finit par manquer d’oxygène.

La bande-annonce

The Great Green Wall ★☆☆☆

La Grande Muraille verte est un projet panafricain de création d’un mur d’arbres traversant le Sahel d’est en ouest pour le protéger de la progression du désert.
Le documentariste Jared Scott a suivi la chanteuse malienne Inna Modja dans un long périple du Sénégal à l’Éthiopie en passant par le Mali, le Nigéria et le Niger.

The Great Green Wall est un objet filmé dont on peut légitimement mettre en doute l’utilité de la sortie en salles. Il se présente comme un documentaire sur la Grande muraille verte, une initiative internationale de lutte contre la désertification. Le projet, que d’aucuns trouvent trop ambitieux, est pharaonique : il s’agit de stopper l’avancée du désert moins par une muraille d’arbres que par une mosaïques d’écosystèmes arborés.

Le sujet écolo se prête a priori volontiers à un documentaire comme on en voit beaucoup, soit qu’il soit traité sur un mode scientifique et pédagogique façon Une vérité qui dérange ou We feed the world, soit qu’il donne lieu à une approche plus esthétique comme chez Yann Arthus-Bertrand ou Godfrey Reggio.

Mais, en cours de route The Great Green Wall oublie son sujet. Il y est moins question de la Grande Muraille verte que de Inna Modja. Le documentaire se transforme en long clip vidéo.

Le mal n’est pas si grand car la chanteuse a du talent. Elle est intelligente, sensible, agréable à regarder et plus agréable encore à écouter. Mais il y a tromperie sur la marchandise. The Great Green Wall aurait dû s’intituler The Inna Modja Afrika Tour.

La bande-annonce

La Passante du Sans-Souci (1982) ★☆☆☆

Max Baumstein (Michel Piccoli), le président unanimement respecté d’une ONG humanitaire, assassine de sang froid l’ambassadeur du Paraguay en France auquel il demandait la libération d’une prisonnière politique. Comparaissant en cour d’assises, il explique les motifs de son crime. Cinquante ans plus tôt, dans la France des années trente, le jeune Max, dont le père avait été tué par les S.A. à Berlin, était élevé par Elsa Wiener (Romy Schneider), exilée loin de son mari emprisonné à Berlin.

La Passante du Sans-Souci, tourné au début des années quatre-vingts, est l’adaptation d’un roman de Jospeh Kessel de 1936. S’éloignant du roman, son réalisateur le construit autour d’un flashback, mettant en scène un Max Baumstein vieilli qui venge un passé qui ne passe pas. La mise en abyme est renforcée par l’interprétation par Romy Schneider des deux rôles d’Elsa Wiener et de Lina Baumstein, l’épouse de Max, comme si le héros avait entendu retrouver chez son épouse les traits de la femme qui l’avait élevé.

Il est sacrilège de dire du mal de La Passante du Sans-Souci. Car son sujet est de ceux qui inhibent la critique. Car c’est le dernier film de Romy Schneider, qui meurt six semaines après sa sortie. Car Michel Piccoli, la cinquantaine bien entamée, l’élégance toute giscardienne, y a une classe folle.

Pour autant, force est de constater que La Passante du Sans-Souci a terriblement vieilli. Tout y est compassé, défraîchi, depuis son affiche, qui reprend les mêmes standards que ceux de Sissi impératrice jusqu’aux revues de cabaret dirigées par Jacques Martin (sic) en passant par les reconstitutions en carton-pâte du Paris des années folles. Était-ce la marque de fabrique des films de ces années là ? Sans doute. Mais qu’on y songe : Jean Reno, qui y fait tout jeunot une courte apparition, interprétait la même année le premier rôle du Dernier combat, le premier film autrement plus audacieux d’un jeune réalisateur nommé Luc Besson.

La bande-annonce

L’Envolée ★☆☆☆

Leigh a quatorze ans. Elle vit seule avec son père depuis le départ de sa mère. Elle n’a qu’une passion : la gymnastique qu’elle pratique intensément avec un coach qui croit en son potentiel. Tandis que s’approche une compétition importante pour laquelle Leigh s’entraîne d’arrache-pied, déboule chez elle un adolescent qui s’avère être son demi-frère. La jeune fille est fascinée par ce garçon plus vieux qu’elle et l’accompagne dans ses virées nocturnes qui prennent bientôt un tour dangereux.

Des films sur la sortie de l’enfance mettant en scène les premiers émois amoureux d’une jeune adolescente mal dans son corps, on en a vus treize à la douzaine. Pour autant, on ne mégote pas son plaisir quand le treizième est réussi.

C’était le pressentiment qu’on en avait en en voyant la bande annonce. On imaginait volontiers un film quelque part entre Ken Loach pour la description d’une Angleterre à la dure et de gens de peu et Andrea Arnold pour le portrait de son héroïne (son Fish tank restant en la matière un modèle quasi indépassable). On doit avouer une certaine déception.

Car, passée la mise en place des caractères, la découverte de Leigh et de son milieu, l’arrivée de Joe son demi-frère, l’histoire fait du surplace. Les petits larcins de Joe auxquels il associe Leigh manquent d’enjeu. L’attraction incestueuse qu’éprouve la jeune fille pour son séduisant demi-frère suscite plus de gêne que de trouble.

Au final, aussi grande que fut notre disposition à s’enthousiasmer, on sort de la salle indifférent et déçu.

La bande-annonce

Malmkrog ☆☆☆☆

Dans l’hiver russe, cinq personnages discutent à bâtons rompus. Autour de Nikolaj, un riche propriétaire terrien, se sont réunis Ingrida, l’épouse d’un général, Olga, une jeune chrétienne fervente, Edouard, un libre-penseur et Madeleine, une piquante Française. La discussion, dans un français parfait, va bon train et roule sur des thèmes aussi ambitieux que la guerre, la morale et la religion.

Malmkrog est un film intimidant. Intimidant par sa durée : 3h21. Intimidant par son sujet : l’adaptation à l’écran d’un essai philosophique d’un obscur penseur russe de la fin du XIXème siècle Vladimir Soloviev. Intimidant par sa mise en scène : six scènes seulement filmées selon les cas dans de longs plans fixes savamment agencés ou dans des champs-contrechamps qui jouent sur les visages des orateurs et de ceux qui les écoutent.

Il y a deux réactions possibles à ce film.
La première est la fascination enthousiasmée face à ce discours ininterrompu aussi dense que complexe, face à cette mise en scène aussi épurée qu’exigeante.
La seconde hélas est celle de la capitulation. J’avoue avoir très vite renoncé à suivre cette logomachie philosophique autour d’enjeux qui, à supposer qu’ils passionnassent les esprits éclairés de l’époque [j’use de l’imparfait du subjonctif car Malmkrog en use et en abuse], ont perdu beaucoup de leur résonnance aujourd’hui.

Soit que je ne sois pas assez snob, soit que je ne sois pas assez intelligent, je garderai un souvenir calamiteux des 3h21 de ce film. Le zéro pointé que j’avais donné aux 2h53 de Sieranevada aurait dû pourtant me mettre la puce à l’oreille. Cristi Puiu n’est décidément pas un cinéaste pour moi.

La bande-annonce