Madre ★★★☆

Dix ans ont passé depuis la disparition inexpliquée d’Ivan, son fils âgé de six ans seulement, sur une plage landaise. Elena ne s’en est jamais remise, qui a quitté l’Espagne et est venue s’installer sur les lieux du drame.
C’est là qu’elle rencontre Jean, un adolescent qui aurait eu l’âge de son fils et pour lequel elle ressent une attirance trouble.

Le pitch de Madre est particulièrement efficace qui laisse entrevoir un thriller façon Ne le dis à personne dont l’enjeu serait d’élucider les conditions de la disparition d’Ivan voire de le retrouver vivant.

Mais le film prend une direction différente. Il s’agit moins d’un polar que d’un drame intime. Le scénario se désintéresse de la disparition d’Ivan pour se focaliser sur l’impossible reconstruction de sa mère. Comment reprendre une vie normale quand on a perdu son fils ? Comment faire son deuil quand les conditions matérielles de ce deuil – la certitude du décès de l’être disparu et la disposition de son corps – ne sont pas réunies ?

Pour Elena la rencontre avec Jean constitue un quitte ou double. Cet adolescent si beau, si vivant risque de lui rappeler avec une douloureuse acuité la perte de son fils. Ou bien, elle peut espérer à son contact se mithridatiser et renaître enfin.

Il y a dans la relation entre Elena et Jean, son cadet de plus de vingt ans, une dimension incestueuse avec lequel le film tangente – comme l’avait fait en son temps Le Souffle au cœur de Louis Malle. Ce n’est peut-être pas la partie la plus intéressante de Madre dont on regrette qu’il prenne ce parti là dans sa seconde moitié – quand bien même l’interprétation toujours juste de Marina Pieto lui évite de sombrer dans le pathétique.

Reste toutefois la bluffante maîtrise de Rodrigo Sorogoyen. Le réalisateur de Que Dios nos Perdone et de El Reino accumule les plans séquence d’une impressionnante maestria à commencer par le premier qui dure pas moins de quinze minutes – et que le réalisateur avait dans un premier temps sorti en court métrage. Le procédé est repris tout le long du film au point qu’on puisse parfois y voir de l’esbrouffe. Mais, pratiqué à ce niveau, l’art du plan séquence inspire plus d’admiration que de réprobation.

La bande-annonce

Un commentaire sur “Madre ★★★☆

  1. Ping A Perfect Enemy ★★☆☆ | Un film, un jour

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