Lea ★★★☆

Après « Nos meilleures années », chronique de l’Italie au temps des Brigades rouges, et « Piazza Fontana », sur l’attentat à la bombe qui avait tué seize personnes à Milan en 1969, Marco Tullio Giordana continue à sonder l’histoire de son pays. Il s’est inspiré de l’histoire vraie de Lea Garofalo dont la mort tragique en 2009 avait ému la péninsule. Originaire de Calabre, elle avait eu un enfant d’un membre de la ‘Ndrangheta, la mafia locale. Pour se sauver et sauver sa fille d’une vie de violence, elle avait dénoncé son conjoint et ses acolytes à la justice. Mais, malgré la protection policière dont elle bénéficiait, elle disparut dans d’obscures circonstances.

Lea est interprétée avec une belle intensité par Vanessa Scalera, une star italienne, vue chez Bellocchio et Moretti mais peu connue en France. La caméra ne la lâche pas d’un pouce, dans tous ses déménagements, inséparable de sa fille. Après sa disparition, aux deux tiers du film, c’est cette fille, encore mineure, qui prend le relais dans le rôle de la femme déterminée.

Le montage de Mario Tullio Giordana est particulièrement étonnant. L’action s’étale sur plus de vingt ans, de l’adolescence de Lea au procès de ses assassins. Une telle amplitude aurait pu justifier un film fleuve, comme « Nos meilleures années » dont la version TV durait sept heures. « Lea » au contraire est ramassé en quatre-vingt-quinze minutes à peine. Du coup, chaque scène est réduite à l’os, livrant le minimum d’informations nécessaire pour comprendre la situation de Lea. De ce rythme haletant naît un sentiment d’urgence, comme si la vie de Lea lui était volée par le filet qui, lentement, resserre sur elle ses mailles, jusqu’à l’issue qu’on sait, dès le départ, tragique.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *