Merveilles à Montfermeil ☆☆☆☆

Montfermeil vient de se donner un nouveau maire (Emmanuelle Béart). L’édile déborde d’idées étonnantes pour changer la vie des Montfermeillois : instaurer une sieste obligatoire, décréter une journée du kilt et du sarouel, fonder une Ecole internationale de langues pour y apprendre le soninké, le kurde et le tamoul. Autour d’elle toute l’équipe municipale se mobilise.

Sur le papier, le second film de Jeanne Balibar (son premier, Par exemple, Électre, tourné en 2012, racontait déjà une aventure collective gentiment surréaliste et avait été boudé par la critique et par le public) avait tout pour séduire : une comédie politique, un ton décalé, un casting de choc… On espérait trouver à ces Merveilles le même plaisir que celui pris récemment à Notre dame.
Mais force est de constater, avec la critique qui s’en est donnée à cœur joie, un fiasco quasi complet. « En abusant de l’absurde, ce film totalement décousu nous perd en route écrit Catherine Balle dans Le Parisien. Eric Neuhoff, qui n’est plus à une méchanceté près, estime dans Le Figaro que « le film est si mauvais qu’il a une chance d’accéder au statut de nanar culte ». Mais c’est Xavier Leherpeur qui porte la banderille la plus affutée dans L’Obs : « Au cinéma, le bordel requiert de la rigueur et Jeanne Balibar en manque ».

Le reproche est cinglant pour une artiste aussi talentueuse, récemment auréolée du César de la meilleure actrice pour son interprétation dans Barbara. Mais il est fondé. Le défaut de ces Merveilles est de partir dans tous les sens. Film politique ? Satire sociale ? Comédie du remariage ? Merveilles à Montfermeil est un peu de tout cela sans qu’on comprenne vraiment ce qu’il est.

Emmanuelle Béart, qu’on n’avait plus vue sur les écrans depuis des lustres et dont il est de bon ton de critiquer les opérations esthétiques ratées, s’en sort plutôt bien dans la première moitié du film avant de disparaître de la seconde. Jeanne Balibar herself et Ramzy Bédia sont censés jouer un couple en plein divorce auquel on ne croit pas une seconde. Le jeune Anthony Bajon (La Prière, Au nom de la terre) écrit des lettres anonymes en compagnie de Bulle Ogier. Le premier mari de Jeanne Balibar, Matthieu Amalric, recherche des locataires évincés ; le deuxième, Philippe Katerine, joue le rôle d’un préfet aux champs. Un rabbin noir arpente les rues de la vie pour prodiguer des conseils aux couples en crise.

Jeanne Balibar, on le savait déjà, n’aime pas Emmanuel Macron. Elle s’est taillée un petit succès en le traitant de « schlag » mardi soir sur le plateau de Canal +. Personne ne lui en conteste le droit. Mais faire écraser par ses personnages des œufs sur l’effigie présidentielle durant une « fête de la brioche » n’est ni drôle ni intelligent.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *