Priscilla ★☆☆☆

Lorsque Priscilla Beaulieu rencontre Elvis Presley en 1959, sur une base américaine en Allemagne où le chanteur effectue son service militaire, il est déjà une star adulée alors qu’elle n’est encore qu’une collégienne de quatorze ans. Leur flirt s’interrompt avec le retour d’Elvis aux Etats-Unis quelques mois plus tard ; mais en 1962 Priscilla est invitée à Graceland et arrachera à ses parents l’accord pour s’y installer l’année suivante.
Si Priscilla jouit à Graceland d’un statut de princesse, elle étouffe vite auprès d’Elvis qui ne lui laisse aucune liberté et la gave de barbituriques. Après leur mariage et la naissance de Lisa, leur fille unique, Priscilla décide de quitter Graceland en 1972 après neuf ans de vie commune.

C’est peu dire que la sortie de Priscilla était impatiemment attendue. Le film, depuis sa projection à Venise, où son actrice principale, la révélation Cailee Spaeny, avait obtenu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine, était précédé d’une rumeur enthousiaste. La renommée de sa réalisatrice y était pour beaucoup. Depuis vingt-cinq ans, Sofia Coppola a réussi à se faire un prénom. Son dernier film est très cohérent avec le reste de sa filmographie : comme Virgin Suicides, Lost in Translation ou Marie-Antoinette, Priscilla raconte l’adolescence, le luxe, la solitude et l’ennui.

Certes Priscilla séduira la ou le fashionista qui se terre en chacun.e d’entre nous : Sofia Coppola a le don – ou le défaut ? – de filmer certaines de ses scènes comme des pubs de produits de marque qui subliment les bijoux, les sacs à main, les chaussures, les ensembles…

Mais Priscilla se heurte à un écueil redoutable : raconter paresseusement une histoire jouée d’avance, sans enjeu ni suspense. On sait que Priscilla est une oie blanche, trop jeune et trop timide pour se marier qui, passé l’émerveillement ressenti devant tout ce luxe désormais accessible (ah ! ces petits pieds aux ongles vernis qui s’enfoncent dans cette moquette rose si profonde !), va s’ennuyer ferme dans une prison dorée. On sait aussi qu’Elvis est un grand dadais immature, étouffé par son père et son impresario, écrasé par sa soudaine célébrité, qui n’imagine pas que sa femme puisse revendiquer la moindre liberté. Le film évoque sans y insister et avec beaucoup de doigté – sans que je sache si cette dimension a déjà été révélée dans les (nombreuses) biographies du King – son homosexualité refoulée.

Le film aurait pu emprunter d’autres voies plus audacieuses. Il aurait pu tourner au thriller en évoquant les tentatives ratées de Priscilla de s’enfuir, voire au porno trash, en décrivant une jeune femme avilie par les délires sexuels de son seigneur et maître. Mais Priscilla est bien trop sage. On s’y ennuie ferme et on accueille avec soulagement la séparation du couple, longtemps attendue et trop longtemps différée.

La bande-annonce

Un commentaire sur “Priscilla ★☆☆☆

  1. Je n’ai pas non plus été convaincu par ce film. J’ai trouvé qu’il était beaucoup trop long et j’ai vite fini par m’ennuyer. De plus, j’estime que je n’ai rien appris de percutant ou de nouveau sur la vie de Priscilla et d’Elvis.

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