Inchallah un fils ★★★☆

Nawal est la mère comblée d’une petite fille, Nura, et essaie d’avoir un second enfant avec son mari quand celui-ci décède brusquement dans son sommeil. À la perte brutale de son époux s’ajoute bientôt la révélation des conditions de sa succession. En l’absence d’héritier mâle, elle échappera à Nawal au bénéfice du frère de son époux, qui héritera de la moitié de ses biens et de la garde de Nura.

Inchallah un fils nous vient de Jordanie, un pays quasiment absent de la carte des cinémas du monde. C’est le premier film de son réalisateur. C’est aussi le premier film jordanien à avoir jamais été projeté en sélection officielle à Cannes à la Semaine internationale de la critique 2023.

Son pitch pourrait laisser augurer une énième dénonciation, très bien pensante, du patriarcat qui prévaut dans certains pays musulmans où le droit institutionnalise l’infériorité de la femme. Sa sortie le 6 mars, l’avant-veille de la Journée internationale des droits des femmes n’en serait que plus pertinente.

Fort heureusement Inchallah un fils ne se réduit pas à cette dimension-là. Si la condition féminine en terre d’Islam est son motif, son scénario, étonnant de maîtrise, surtout pour un premier film, accumule les rebondissements et pousse Nawal dans ses retranchements.

On pense aux films iraniens qu’on a tant aimés et à leur ambiance étouffante : Une séparation (2011), Nahid (2014) Juste une nuit (2022). J’ai pensé aussi aux films des frères Dardenne et aux dilemmes moraux auxquels leurs personnages étaient confrontés. Dernière référence, en raison de son sujet et de son dénouement : le récent film brésilien Levante.

Tandis que Nawal essaie par tous les moyens d’obtenir un test de grossesse positif – grâce auquel un délai de neuf mois lui serait accordé dans l’attente de l’hypothétique naissance d’un fils avant de régler la succession – qu’elle hésite même à prendre un amant pour tomber enceinte, la fille des riches Jordaniens chez qui elle travaille tombe enceinte et souhaite avorter. Ainsi semblent s’esquisser deux portraits de femme, de milieux très différents, toutes deux confrontées à un ordre inique : celui qui oblige la première à enfanter un fils et qui refuse à la seconde le droit de disposer de son corps. S’ouvre au scénario une issue toute tracée : l’échange des identités et des tests. Mais, Inchallah un fils a l’intelligence de refuser cette facilité et d’imaginer un dénouement à la fois inattendu et crédible.

La bande-annonce

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