À la recherche des femmes chefs ★☆☆☆

Pourquoi y a-t-il aussi peu de femmes chefs ? Pourquoi des hommes, barbus et tatoués de préférence, tel le chef danois René Redzepi, trustent-ils les premières places de tous les classements gastronomiques alors que partout sur la planète, des zones les plus reculées jusqu’à nos sociétés postmodernes, les femmes sont encore trop souvent reléguées à leurs fourneaux ?

Tandis que les documentaires sur la haute gastronomie se multiplient ces dernières années, surfant sur la mode des Top Chef et Cie – documentaires qui tous prennent pour héros des chefs masculins : le chef d’El Bulli, celui de Noma ou les Bras à Laguiole – il n’était pas sans intérêt de se pencher sur ce paradoxe : pourquoi parmi les 616 tables étoilées en France en 2017 n’y en a-t-il que 3 % qui soient tenues par des femmes ?

Le documentaire de Vérane Frediani révèle un monde profondément machiste où les rares femmes ne doivent leur réussite qu’à la reprise d’un héritage paternel : ainsi de Anne-Sophie Pic à Valence, de Sophie Bise à Talloires ou de Hélène Darroze à Paris. Il révèle que cette sous-représentation s’explique par des causes propres au monde de la gastronomie et par d’autres propres aux femmes elles-mêmes.
En cuisine, la tâche est rude et la discipline de fer. Les femmes qui veulent s’y faire accepter doivent gommer leur féminité. Et si l’on sort de la cuisine, la célébrité s’acquiert grâce à des réseaux que les femmes, nous dit Vérane Frediani, répugnent à faire fonctionner en raison de leur manque de confiance en elles.

À la recherche des femmes chefs explore le monde entier, de la Chine au Chili, en passant par le Royaume-Uni, les États-Unis et la Lituanie. Ce voyage au long cours ouvre des horizons mais nuit à l’unité du propos. Le dernier quart du film frôle d’ailleurs le hors sujet, présentant une expérience bolivienne intéressante mais hors sujet d’émancipation des femmes par l’éducation culinaire.

Telle n’est pas toutefois la tare essentielle de ce documentaire. Le principal reproche qu’on lui adressera est le suivant. Pour dénoncer une discrimination de genre, il reprend à son compte des catégories genrées. Il explique l’absence des femmes de la direction des tables étoilées par leur supposée absence d’ambition, par leur réticence à se pousser du col, par leur incapacité à s’organiser en réseaux. Autant de  soi-disant attributs féminins qui expliquent moins cette discrimination qu’ils ne la justifient et ne l’entretiennent.

La bande-annonce

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