La Taverne de la Jamaïque (1939) ★★★☆

L’action se déroule en Cornouailles, au début du dix-neuvième siècle.  La taverne de la Jamaïque est un repaire de brigands et de naufrageurs. Son propriétaire, Joss Merlyn, est le chef de cette bande de criminels. Sa nièce, Mary (Maureen O’Hara), devenue orpheline, s’est invitée chez lui sans rien savoir des activités criminelles qui s’y trament. Elle arrive à la taverne juste après le naufrage d’un navire, alors que les bandits se partagent le butin et manquent de tuer l’un des leurs, James Trehearne (Robert Newton), qu’ils suspectent de trahison. C’est Mary qui sauve Trehearne de la mort. Les deux fugitifs courent se réfugier chez le juge de paix Sir Humphrey Pengallan (Charles Laughton), un noble plein de morgue, qui, en réalité, est le donneur d’ordre des brigands.

La Taverne de la Jamaïque est l’ultime film que tourne Hitchcock à Londres en 1939 avant son départ pour les États-Unis. C’est sa première adaptation d’un roman de Daphné du Maurier – avant Rebecca et Les Oiseaux. C’est une œuvre particulière dans l’œuvre de Hitch dont il n’a pas eu la maîtrise et qu’il a d’ailleurs reniée.

Charles Laughton, l’immense acteur anglais, qui en est l’acteur principal et le coproducteur, a tiré la couverture à lui, imposant d’importantes modifications au livre de Daphné du Maurier pour donner plus de visibilité à son rôle. Est-ce un mal ? Bien au contraire. Car il y interprète un méchant d’anthologie, caricatural et outré, dont les excès deviennent attachants.

La Taverne de la Jamaïque est une des rares incursions du grand Hitch dans le film historique (ne me vient à l’esprit que Les Amants du Capricorne dont l’action se déroule également au début du dix-neuvième siècle). Sur un thème très proche, le grand Fritz Lang a commis Les Contrebandiers de Moonfleet qui est loin d’être son chef-d’œuvre.

Pour autant, La Taverne de la Jamaïque a beaucoup mieux passé l’épreuve du temps que Les Contrebandiers … . Le mérite en revient à un scénario rebondissant. L’action, resserrée sur deux jours seulement, ne connaît aucun temps mort. Hitchcock utilise, avec une incroyable maîtrise, les décors, notamment ceux de l’intérieur de la taverne, pour organiser les allées et venues des personnages. On se croirait au théâtre, avec des portes qui claquent, des personnages qui se cherchent, qui s’évitent, qui entrent, qui sortent, sans que ce jeu ne soit jamais ni vain ni illisible.

La bande-annonce

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