Fremont ★★☆☆

Interprète pour l’armée d’occupation américaine, Donya a vingt ans. Elle a fui son pays lorsque les talibans y ont pris le pouvoir. Elle s’est réfugiée en Californie, à Fremont, où s’est implantée une importante communauté afghane. Elle a trouvé un emploi à San Francisco dans une entreprise familiale qui produit des fortune cookies, ces confiseries chinoises en forme de croissant de lune dans lesquelles sont insérés un papier et un aphorisme. Donya a du mal à se faire à sa nouvelle vie. Insomniaque, elle souffre de l’éloignement et de la solitude.

Fremont est un film minuscule. Son noir et blanc, son minimalisme, son humour pince-sans-rire rappellent les premiers films de Jarmusch ou de Kaurismäki. Deux amies, au goût très sûr, m’ont dit avoir adoré ce film. Hélas, à mon plus grand regret, sans l’avoir détesté, je ne partage pas leur enthousiasme.

La figure de Donya est certes profondément attachante. Elle est d’abord profondément crédible : elle n’a pas vécu d’histoire extraordinaire ni traversé des épisodes traumatisants. C’est simplement une personne née dans un pays martyr, qui a travaillé avec l’occupant américain, sans que personne l’y contraigne, et qui doit aujourd’hui en tirer les conséquences. Son sort est d’ailleurs plutôt enviable : elle est arrivée saine et sauve aux États-Unis, y a un emploi, une couverture sociale. Elle bénéficie même de séances gratuites chez un psychothérapeute.
Donya n’est pas une victime. C’est au fond une adulte ordinaire qui souffre de solitude et qui cherche les moyens de la rompre. Elle a certes au travail une collègue affable. Mais Donya n’a que faire de cette envahissante amitié ; elle cherche l’amour. Aucun romantisme mièvre ne viendra pourtant ternir l’âpre simplicité de Fremont. Le chemin sinueux que prendra l’amour est la piquante surprise du dernier tiers du film.

Pour autant, aussi attachante que soit la personnalité de Donya, son monolithisme m’a tenu à distance. Eût-il été interprété par une actrice plus convaincante, le personnage aurait eu une tout autre épaisseur. Victime de ses qualités, la lenteur et la douceur, Fremont ne m’a pas emporté.

La bande-annonce

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