Winter Break ★★☆☆

Les vacances de Noël approchent à Barton, un lycée pour garçons huppé de la Nouvelle-Angleterre au début des 70ies. M. Hunham (Paul Giamatti), professeur d’histoire ancienne, s’y voit confier la tâche rebutante de surveiller les rares pensionnaires contraints d’y passer les fêtes. Parmi eux, Angus (Dominic Sessa), un élève doué mais turbulent, apprend à la dernière minute l’annulation des vacances paradisiaques que sa mère lui avait fait miroiter dans une île tropicale. Marry (Da’vine Joy Randolph), la cheffe de la cantine, récemment endeuillée par la disparition de son fils unique au Vietnam, préfère elle aussi rester à Barton, loin de l’effervescence des fêtes.

Alexander Payne (Sideways, The Descendants, Nebraska, Downsizing) est un cinéaste de la nostalgie. Son Winter Break est un hommage revendiqué au cinéma des 70ies, qui s’ouvre par un long générique reproduisant à l’identique ceux de l’époque (je me demande à quel moment de l’histoire du cinéma les génériques qui longtemps précédèrent les films basculèrent à leur toute fin, épargnant au spectateur la purge de leur long défilé mais lui ôtant du même coup cette lente introduction qui l’emmenait du monde extérieur jusqu’à l’intérieur du film). Il en possède la même colorimétrie désaturée, le même son grésillant, la même graphie jusqu’à l’indication du copyright qui indique MCMLXXI.

Winter Break voudrait nous donner l’impression d’avoir été tourné à l’époque qu’il filme et y réussit fort bien. Pour autant, son sujet est intemporel. Il pourrait, après une longue mise en place qui retarde le moment où nos trois héros sont enfin réunis, sembler banal voire téléphoné : trois recalés de la vie vont en se serrant les coudes y reprendre goût. C’est la banalité de ce scénario planplan et sans surprises qui m’interdit de lui donner une meilleure note.

C’est son seul défaut, même s’il est de taille. Car, pour le reste, Winter Break est une réussite totale. Ses trois acteurs principaux sont, chacun dans leur registre, parfaits. Paul Giamatti, qu’on a si souvent vu dans une floppée de rôles secondaires, laisse exploser son talent. L’imposante Da’vine Joy Randolph réussit avec un jeu minimaliste à donner à son personnage une rare profondeur. Quant à Dominic Messa, je sens chez lui le potentiel d’un Malcom McDowell et prends le pari qu’on le reverra bientôt tout en haut de l’affiche.

L’histoire que Winter Break raconte, pour prévisible qu’elle soit, n’en reste pas moins profondément attachante. Derrière la façade austère qu’affiche le professeur Hunham, qui prend un plaisir sadique à rendre à ses élèves leurs copies en sifflotant la Chevauchée des Walkyrie, on sait déjà que se cache un homme au grand cœur. On pressent qu’il a un lourd secret à cacher et on attend gentiment qu’il le révèle. Angus, son élève, est trop blessé par l’abandon de sa mère et l’absence de son père pour ne pas chercher dans ce professeur old school une figure paternelle de substitution. Là encore, on sait par avance qu’il la trouvera et qu’à la fin du film, il sortira grandi de cette rencontre.

Winter Break est un film triste qui fait du bien.

La bande-annonce

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