Nuit noire en Anatolie ★★☆☆

Sept ans après un drame dont le spectateur apprendra lentement les détails, Ishak revient dans son village natal où sa vieille mère se meurt. Son retour rouvre des plaies mal cicatrisées.

Nuit noire en Anatolie reprend la même toile de fond que Burning Days, sorti il y a dix mois à peine dont l’action se déroulait également dans un coin perdu d’Anatolie. Une violence atavique se déchaîne contre le corps étranger qui vient perturber le train-train de villageois rétrogrades, confits dans leurs traditions ancestrales : dans Burning days, un jeune procureur formé à la ville, qui ose mettre le nez dans la gestion municipale, dans Nuit noire…, un garde-champêtre, Ali, en rupture de ban venu s’exiler dans ces fiers alpages pour y fuir la civilisation et y chercher un Eden pastoral fantasmé.

Nuit noire en Anatolie aurait pu se borner à raconter platement cette histoire. Son intelligence est dans sa construction, à l’instar, toutes choses égales par ailleurs, de May December. Il se donne plusieurs années de recul, se focalisant moins sur le drame proprement dit que sur les cicatrices qu’il a laissées dans la communauté villageoise, chez le père d’Ali, fou du chagrin de la perte de son fils, et chez Ishak condamné à perpétuité au remords d’avoir trahi son ami.

Le film est organisé en une succession d’allers-retours dans le temps. On s’y perd parfois, le seul indice nous permettant de nous y retrouver étant la coupe de cheveux d’Ishak. La fin est aussi glaçante qu’était énigmatique et frustrante celle de Burning Days. On pourrait, si on avait la dent dure, dire : « tout ça pour ça ? » ; mais ce serait faire un mauvais procès à un film sacrément bien écrit et aux paysages majestueux.

La bande-annonce

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