L’Idéal ☆☆☆☆

Commençons ce coup de gueule par l’aveu d’un coup de cœur. J’adore Frédéric Beigbeder. Son dandysme revendiqué m’enchante, son horripilant nombrilisme me ravit, son autodérision m’amuse. J’ai lu tous ses livres. J’ai regardé pendant des années Le Cercle, l’émission de critique cinématographique qu’il anime de 2007 à 2015 sur Canal + Cinéma.

J’avais beaucoup aimé L’Amour dure trois ans, le film autant que le livre. J’avais moins goûté 99 francs. Pas de chance : L’Idéal louche plutôt vers celui-ci que vers celui-là. Comme dans 99 francs son héros, double autobiographique de l’auteur réalisateur auquel il emprunte la barbe et la chevelure, travaille dans la pub. « Model scout », il traque dans la Russie la nouvelle Claudia Schiffer, la moderne Gisele Bündchen. Il est employé par la firme L’Idéal – qui donne son nom au film – derrière laquelle on reconnaît sans peine L’Oréal dont le passé trouble durant l’Occupation est même lourdement évoqué.

Le film de Beigbeder, comme le roman Au secours pardon dont il est l’adaptation, regorge de jolies filles, de coke et de fêtards décérébrés. Mais le roman les décrivait avec une fascination ambiguë alors que le film les tourne en ridicule. Le film y perd en subtilité et verse dans une satire convenue : satire du monde de la mode, de la beauté artificielle, du capitalisme sans âme. Seule valeur de remplacement proposée : un éloge bien-pensant de la paternité.

Plus grave : Beigbeder n’est pas drôle, ses vannes tombent à plat, des situations censées faire rire provoquent une gêne embarrassante.

La bande-annonce

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