Une histoire d’amour ★★★☆

Katia et Justine tombent amoureuses. Elles décident d’avoir un enfant ensemble. Mais le couple se sépare avant l’accouchement de Katia. Douze ans passent. L’enfant de Katia, Jeanne, est devenue une jeune fille passionnée de lecture. Katia, qui n’a jamais oublié Justine, apprend qu’un cancer généralisé ne lui laisse plus que quelques semaines à vivre et demande à son frère William de prendre soin de sa fille.

Alexis Michalik a révolutionné le théâtre français en l’espace de quelques années. Sa méthode : des scénarios follement romanesques, riches en rebondissements et en personnages hauts en couleurs, menés tambour battant. Après Le Porteur d’histoires et Le Cercle des illusionnistes, le succès arrive en 2016 avec Edmond, couvert de prix et transposé à l’écran début 2019. Il monte Une histoire d’amour début 2020 à La Scala où j’ai eu la chance d’aller le voir avant que le Covid-19 ne coupe les ailes aux tournées prévues. Mais dès 2021, il s’attèle à son adaptation à l’écran..

Les critiques ont eu la dent dure avec ce film qui a connu un cinglant échec. « Personnages réduits à des archétypes, rebondissements téléphonés, chantages à l’émotion… » écrit Thierry Chèze dans Première. « Empêtré dans ses grosses ficelles, ce mélodrame sonne faux du début à la fin » surenchérit Julie Loncin dans Les Cahiers du cinéma.

J’aimerais pouvoir dire que ces critiques sont injustes. Mais elles ne le sont pas. Une histoire d’amour est un film raté, un mauvais film, un film qui croûle sous les bons sentiments en convoquant au risque de la surenchère autant de situations écrasantes : le traumatisme enfoui d’un père alcoolique et violent et d’une mère trop tôt décédée d’une maladie incurable, le coup de foudre amoureux de Katia qui se termine par une séparation jamais cicatrisée, la vie brisée de William et désormais hantée par ses fantômes…

Mais ce cinéma-là, aussi mauvais soit-il, qui raconte une histoire et qui charrie des sentiments à la pelle en nous tirant des larmes, est précisément celui qui me touche. Parce qu’il me tient en haleine du début à la fin du film. Parce qu’il évoque des situations que j’ai vécues ou que je serais susceptible de vivre. Parce qu’il le fait d’une façon terriblement contemporaine, mélange paradoxal d’ironie permanente et de dramatisation hystérique. Comme les Sundae Caramel de mon adolescence tellement sucrés qu’ils en devenaient écœurants, comme les Prosecco que plus personne ne boira dans cinq ans, je sais pertinemment que c’est mauvais et pourtant, malgré mon goût revendiqué pour la haute gastronomie, je prends un plaisir régressif à m’en goinfrer.
Alexis Michalik, c’est mon Sundae caramel de cinéma. C’est mauvais… mais j’aime ça !

La bande-annonce

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