Echo n’est pas un film comme les autres. Mais est-ce seulement un film ?
On y voit cinquante-six courtes saynètes tournées en plan fixe. Certaines durent quelques secondes à peine ; d’autres dépassent la minute. Une séance d’aquagym dans une piscine à ciel ouvert. Une employée de musée qui se dispute au téléphone avec le père de son enfant. Une femme et son bébé qui regardent la neige tomber par la fenêtre. Des éboueurs qui ramassent les poubelles dans une rue de Reykjavik. Deux réfugiés expulsés de force par la police d’un temple protestant où ils avaient trouvé refuge.
Pas de lien logique entre chacun de ces plans sinon l’unité de temps : ils se déroulent tous autour des fêtes de Noël.
Le cinéma, comme tous les arts, est construit autour de règles. Et les cinéastes comme tous les artistes ont envie de les outrepasser.
Après avoir réalisé des films conventionnels, Rúnar Rúnarsson a voulu rompre avec la linéarité du récit dans un film aussi kaléidoscopique que son affiche l’annonce. La démarche est la même que celle qui avait inspiré Roy Andersson dans Chansons du deuxième étage. C’était aussi celle de Régis Jauffret dans son énorme roman Microfictions qui comptait cinq cent minuscules nouvelles. Il s’agit de coller bout à bout une série de vignettes, des scènes de fictions ou purement documentaires, pour raconter le monde.
À condition d’en avoir été prévenu, on peut se laisser hypnotiser par le procédé et apprécier chaque saynète comme on goberait des M&M’s, l’un après l’autre. Certaines sont plus marquantes que d’autres : en particulier celle qui met face à face les deux filles d’un couple recomposé qui se rencontrent pour la première fois.
Pour ne pas sembler moins disruptif que l’époque l’exige, on peut aussi se laisser convaincre par la démarche iconoclaste du réalisateur et par son refus de la linéarité du récit. Le problème est que ces vignettes, aussi léchées soient-elles, auraient dû au bout du compte faire sens. Et ce n’est pas toujours le cas. On comprend que Rúnar Rúnarsson ambitionne de dresser un portrait à charge de la société islandaise. Mais son film, qui a l’élégance de durer une heure et dix-neuf minutes à peine, aurait pu durer une heure de plus ou de moins sans que rien n’y change.