Kaboul Kitchen ★★★☆

Kaboul, 2005. Après les attentats du 11-Septembre, une coalition alliée a renversé le régime des talibans et occupé l’Afghanistan pour en chasser Ben Laden. Jacky (Gilbert Melki), un ancien journaliste, a ouvert un restaurant où se retrouve la communauté expatriée. Autour de sa piscine, l’alcool coule à flots dans un des pays les plus violents et les plus rigoristes au monde.

Kaboul Kitchen est une création originale de Canal Plus diffusée à partir de 2012. Elle est inspirée de l’expérience vécue d’un ancien journaliste de RFI, Marc Victor, qui a tenu pendant six ans un restaurant à Kaboul.

À mi-chemin du Bureau des Légendes et de Au service de la France, Kaboul Kitchen veut traiter d’un sujet sérieux – l’occupation étrangère d’un pays et les fossés interculturels qu’elle révèle – avec humour. Les trois saisons de la série, de douze épisodes chacune, y parviennent suivant un rythme très formaté, qui semble être devenu la norme dans la production française : chaque épisode de trente minutes est divisé en une demi-douzaine de saynètes de cinq minutes chacune environ.

L’efficacité de la série tient à la qualité des personnages et à leur interprétation. Le rôle principal du propriétaire bougon écrasé sous la masse des difficultés quotidiennes est tenu par Gilbert Melki. Le succès de Kaboul Kitchen repose sur ses épaules et, quand il l’abandonne à la fin de la saison 2, elle périclite avec son pâle successeur, le belge Stéphane De Groodt.

Mais l’acteur qui tire le mieux sa ficelle du jeu est Simon Abkarian dans le rôle du colonel Amanullah, un moudjahid reconverti dans le narcotrafic en mal de légitimité qui a pris sous son aile le Kaboul Kitchen et écrase de son amitié embarrassante son patron. L’acteur, qui inspire plus le rire que la terreur, parle un français haut en couleurs et quelques-unes de ses réparties sont devenues cultes. On en trouve même les meilleures sur YouTube.

Kaboul Kitchen est excellent tant qu’il s’inscrit dans le registre de la comédie, multipliant les historiettes toutes plus cocasses les unes que les autres. En revanche, il perd en qualité quand il s’essaie au thriller dans la saison 3. Faute de moyens, faute de rythme, faute de tension narrative, la série, boudée par le public, ne sera d’ailleurs pas renouvelée à la fin de cette saison.

Kaboul Kitchen s’est heurté à une limite qu’il n’a pas réussi à dépasser : l’authenticité. Si l’équipe est allée filmer quelques plans extérieurs  à Kaboul, intercalés au montage, la série a été tournée au Maroc, dans des décors beaucoup trop touristiques pour rendre crédible un récit en état de siège. Pire : tous les acteurs y parlent le français, y compris ceux censés interpréter des personnages afghans. Du coup, un des obstacles majeurs au dialogue interculturel, la barrière de la langue, est gommée comme par miracle.

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Zona Franca ★☆☆☆

L’extrême sud du Chili, en Patagonie, est une terre ingrate dont les colons ont jadis chassé les habitants pour y exploiter l’or blanc, le mouton, sa viande, son cuir, sa laine.

Le documentariste français Georgi Lazarevski y a planté sa caméra. Loin de tout exotisme, il filme un ancien chercheur d’or, une vigile de supermarché et un syndicaliste. Si Zona Franca est le nom d’un immense centre commercial que fréquentent les touristes venus visiter le détroit de Magellan, il ne le filme guère – faute sans doute d’avoir obtenu de ses propriétaires l’autorisation d’y laisser entrer sa caméra.

Son passage en Patagonie a coïncidé avec l’éclatement d’une grève générale provoquée par la hausse du prix du gaz. Cette coïncidence dessert son projet plus qu’elle ne l’enrichit. Car, en consacrant à cette grève, dont on comprend mal les causes et les enjeux, toute la moitié de son documentaire, Georgi Lazarevski en déséquilibre l’architecture.

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Fences ★☆☆☆

L’action commence en 1957 à Pittsburgh. Elle se déroule pour l’essentiel au foyer de Troy Maxson un Afro-américain d’une cinquantaine d’années marié à Rose. Dans sa jeunesse, Troy fut un surdoué du baseball auquel les lois raciales interdirent de faire carrière dans le sport. Éboueur pour la ville de Pittsburgh, il remâche sa rancœur. D’un premier lit, il a eu un fils, Lyons, qui peine à  vivre de sa musique et ne cesse d’emprunter de l’argent à son père. Avec Rose, il a eu un second fils, Cory, qui espère, contre les conseils de son père, passer professionnel en football américain.

« Fences » repose sur un double malentendu. Le premier aurait pu être surmonté ; le second, hélas, est fatal.

Réalisé par Denzel Washington, « Fences » donne au sympathique acteur le rôle principal d’un … salopard. Car c’est bien à cela que se réduit le personnage de Troy Maxson. Sans doute son caractère s’explique-t-il par son enfance misérable, ses rêves contrariés de carrière, son passage en prison. Mais, tous comptes faits, Troy est un salaud qui trompe sa femme aimante et tyrannise ses enfants.
L’ambiguïté est d’avoir confié ce rôle au plus sympathique des acteurs. Pendant presque tout le film, on s’attend à ce que l’acteur et son double se retrouvent : Troy Maxson va-t-il faire tomber la carapace du salaud pour révéler la bonté prisonnière au fond de lui ?

Plus grave est le malentendu provoqué par la mise en scène. « Fences » est au départ une pièce de théâtre. Ecrite en 1983 par l’immense dramaturge afro-américain August Wilson, elle s’est vu décerner le prix Pulitzer en 1987. Le rôle de Troy Maxson a été créé par James Earl Jones et repris à la scène par Denzel Washington lui-même.
Le film « Fences » porte la trace de cette trop lourde généalogie. C’est du théâtre filmé dans ce qu’il a de pire : des décors statiques auquel une caméra virevoltante essaie sans succès de donner du mouvement, des dialogues interminables et trop écrits dont une interprétation, au demeurant excellente, ne parvient pas à restaurer la spontanéité.

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Les fleurs bleues ★★☆☆

Tandis que la chape de plomb du communisme s’abat sur la Pologne de l’après-guerre, le peintre Władysław Strzemiński qui refuse se faire obédience aux nouvelles règles artistiques imposées par le pouvoir, est lentement marginalisé.

Filmé dans la blancheur glaciale de l’hiver, « Les Fleurs bleues » n’ont rien de printanier. C’est moins un hymne à la peinture qu’une description presque masochiste de la déchéance d’un homme, brisé par un système auquel il refuse de céder.

« Les Fleurs bleues » est le dernier film de Andrzej Wajda (1926-2013). A plus de quatre-vingt dix ans, le grand réalisateur polonais signe une œuvre qui résume toute son œuvre. Par sa forme très classique. Mais surtout par les thèmes qu’il traite, empruntés à l’histoire nationale polonaise : critique du communisme, refus de la compromission, exaltation de l’abnégation.

Toute sa vie durant, Wajda a défié les autorités de son pays. À l’époque communiste, la palme d’or attribuée en 1981 à « L’Homme de fer » lui a conféré une célébrité internationale le préservant du risque de persécution. Couvert d’honneurs dans la Pologne post-communiste, il n’hésite pas à ferrailler contre les dérives de la classe politique. « Les Fleurs bleues » peut se lire comme une dénonciation du PiS, le parti de droite national-conservateur qui a remporté les dernières élections de 2015 et dirige le pays dans une inquiétante impasse.

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De sas en sas ★☆☆☆

Fatma, sa fille Nora, Judith, Marlène, Houria, Sonia, sont des mères, des sœurs, des épouses de détenus, qui viennent leur rendre visite un jour de canicule.

De sas en sas est le premier film de Rachida Brakni, l’actrice devenue célèbre par son mariage avec Eric Cantona.

Elle met en scène un gynécée d’une dizaine de femmes, circulant dans une prison de pièces en pièces (la fouille, le vestiaire, le linge, la fouille à nouveau) jusqu’au parloir. Certaines sont des habituées rodées à l’exercice ; d’autres sont des novices qui en découvrent les codes. Face à elles deux gardiens de prison qui souffrent aussi, de la chaleur et de l’atteinte, mais que leurs fonctions – et leur sexe –  obligent à se tenir à distance.

L’idée de départ de ce film, qui jamais ne montrera les hommes que ces femmes viennent visiter et se focalisera tout du long sur elles, n’est pas sans intérêt. De sans en sas souligne combien la violence carcérale ne touche pas seulement les détenus, mais frappe et contamine tous leurs proches et, au premier chef, les femmes qui les entourent, celles qui, par fidélité et/ou par obligation, sont les plus assidues au parloir. De sans en sas évite l’écueil d’une succession de portraits, qui auraient pu être brossés à coup de flashback lourdingues. Pour autant, faute d’un scénario suffisamment étoffé, ce huis clos théâtral tombe dans le piège de l’immobilisme.

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Madame B. Histoire d’une nord-coréenne ★★★☆

Jéro Yun est un jeune réalisateur sud-coréen venu étudier en France. Après avoir réalisé en 2011 un court-métrage sur une Nord-Coréenne, émigrée en France, hantée par la séparation de ses enfants, il approfondit ce sillon à travers le personnage éminemment romanesque de « Madame B. »

Quand la réalité dépasse la fiction. On a lu des témoignages sur les terribles conditions de vie qui poussent les Nord-Coréens à quitter leur pays. Mais on en a peu vu les effets, étant donné l’impossibilité d’aller les filmer à l’intérieur même de ce pays. Le court documentaire (une heure onze seulement) de Jéro Yun permet d’en prendre conscience.

Ce qui frappe, c’est la terrible dureté de ces personnages dont le comportement ne laisse rien deviner des tourments qui les assaillent. A ce titre, la photo qui orne l’affiche est particulièrement bien choisie. Cette photo ne recherche aucun effet esthétique. Juste le gros plan d’un visage déterminé capté sur le vif en plein mouvement.

Madame B est une survivante. Elle quitte un mari et deux enfants en Corée du Nord pour aller passer quelques semaines en Chine et s’y enrichir. Mais elle est vendue par son passeur à une famille de paysans pauvres. Oubliée une légitime révolte, elle s’attache à son nouveau mari et à ses beaux-parents. Elle utilise sa connaissance des réseaux pour participer à des réseaux. Drogue, êtres humains, proxénétisme : elle confesse, sans scrupule, face caméra, les trafics auxquels elle a participé. Mais elle souffre d’être séparée de ses enfants. Elle réussit à les faire passer l’un après l’autre en Corée du sud. Elle-même décide d’y aller via la Thaïlande où le documentariste la suit au cours d’un épuisant périple.

Le documentaire pourrait s’arrêter là. Mais c’est oublier la paranoïa des services secrets qui redoutent, à tort ou à raison, l’infiltration d’agents nord-coréens. Loin d’accueillir Madame B à bras ouverts, ils vont la soumettre pendant de longues années à une période probatoire. Du coup, Madame B, qui aurait souhaité faire venir son mari chinois, se retrouve contrainte à revivre avec son ancien mari nord-coréen – qui a entretemps quitté la Corée du Nord.

La situation de Madame B est si absurde qu’elle en devient cocasse. Elle est écartelée entre trois foyers : la Corée du Nord, la Chine, la Corée du Sud. A travers le portrait de cette femme courageuse, Jéro Yun nous fait toucher du doigt la situation déchirante de tout un peuple.

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Split ★★☆☆

Trois adolescentes sont kidnappées et séquestrées. Leur gardien est affecté de graves troubles de la personnalité.

Shyamalan, roi du twist
J’étais allé voir « Sixième sens » le jour de sa sortie, en 2000, sans rien connaître de son réalisateur, ni de son intrigue. Arrivé à dix minutes de la fin du film, je me disais qu’il s’agissait d’une sympathique série B, hésitant à lui mettre une ou deux étoiles maximum. Quand soudain… BOUM ! M. Night Shyamalan clôturait son film par un twist final ahurissant, qui en modifiait radicalement le sens – et en rehaussait considérablement l’intérêt.

Le twist devint la marque de fabrique de ses films, au risque de l’y condamner. « Incassable », « The Village » valaient surtout par leur étonnant dénouement.

« Split » – qui n’a rien à voir avec la Croatie – est lui aussi désormais célèbre pour son twist final.

Du coup, on passe tout le film à l’attendre. On devient parano, voire schizophrène. Une moitié de notre esprit suit le film, admire l’étonnante prestation de James McAvoy, s’angoisse du sort qu’il réserve à ses otages. Une autre cherche derrière chaque image, chaque mot, chaque scène, un indice pour le mettre sur la voie de ce twist tant attendu.

Moi-même, sûr d’être plus malin que tout le monde, avais pensé l’avoir identifié dès les premières scènes. D’ailleurs mon intuition aurait fait un excellent twist (à suivre en mp). Mais, l’honnêteté m’oblige à confesser que je me trompais.

Alors ce twist ? Évidemment je ne le révèlerai pas. Pas tant pour vous priver du plaisir de le découvrir que du plaisir de l’attendre.

Je m’explique : ce twist est très décevant.
Je n’y ai d’abord rien compris. Après quelques lectures (le film est sorti depuis plusieurs mois aux États-Unis et les articles qui spoilent ce fameux twist sont désormais légion), je l’ai enfin compris.
Premier problème : ce n’est pas vraiment un twist. Ce n’est pas vraiment une révélation qui pousse à reconsidérer le film sous un tout autre chose.
Second problème : il suppose une culture cinématographique que je n’ai pas et dont je ne suis pas sûr que tous les spectateurs la possèdent.

Du coup, « Split » se réduit à l’attente excitante d’un twist frustrant. Un peu comme si on décollait vers la Croatie sans jamais y atterrir.

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Chez nous ★★★☆

Dans le Pas-de-Calais, au pied des terrils, Pauline (Emilie Dequenne) déploie une infatigable énergie pour exercer la profession d’infirmière à domicile, élever seule ses deux enfants et s’occuper d’un père malade et ancien communiste. Sa popularité auprès des petites gens conduit le docteur Berthier (André Dussolier), un cadre du Bloc, à lui proposer de prendre la tête de liste aux prochaines élections municipales.

On a trop souvent dit que le cinéma français répugnait à se saisir des questions politiques les plus contemporaines pour ne pas se précipiter voir « Chez nous ». La circonstance que le Front national ait lancé une campagne diffamatoire contre ce film lui reprochant tout à la fois d’être un navet financé par les impôts du contribuable et un complot ourdi par « l’établissement » pour saper les chances de Marine Le Pen de remporter l’élection présidentielle ne peut que renforcer la sympathie spontanée que « Chez nous » suscite.

Cette curiosité n’est pas déçue. « Chez nous » est un bon film, qui soutient de bout en bout en bout l’intérêt et qui mérite trois étoiles. Il est servi par l’interprétation exceptionnelle de Emilie Dequenne, qui joue le rôle pas facile de la brave fille sympathique, un peu godiche, qui se laisse prendre aux miroirs aux alouettes du Front national – pardon du « Rassemblement national populaire ». Elle incarne à merveille le « Français moyen ». Travailleuse méritante, elle ne comprend pas que sa patiente marocaine puisse obéir à son mari qui refuse qu’elle soit examinée par un homme gynécologue. Venue de la gauche, mais écœurée par la classe politique (« PRAFiste » – comme « plus rien à faire » – pour reprendre la riche expression de Brice Teinturier), elle a depuis longtemps cessé de voter. Elle se laisse séduire par les raccourcis simplistes du programme frontiste et l’illusion d’exercer des responsabilités concrètes à la tête d’une mairie.

Jusque-là, le film est parfait qui dénonce les poisons que distillent le Front national auprès d’une France rongée par la peur du déclassement. Mais hélas, les scénaristes, pas assez sûrs d’eux pour nourrir leur film de ce message trop abstrait, ont voulu le lester d’une dimension plus dramaturgique. Avec le personnage de Stankowiak (Guillaume Gouix), dont Pauline tombe amoureuse, c’est la face sombre du Front national qui est mise en lumière : ses groupuscules néo-nazis, où il recrutait jadis ses militants mais dont il cherche à se distancer pour ne pas ternir son image, ses services d’ordre musclés, les ratonnades qu’il inspire…

Sans doute le Front national possède-t-il une face sombre qu’il faut dénoncer sans relâche. Mais ne voir qu’elle, c’est oublier le plus important et le plus dangereux. En en faisant le sujet de son film, Lucas Belvaux manque sa cible.

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Noces ★★★☆

Zahira a dix-huit ans. Elle vit en Belgique avec son père, sa mère, son frère aîné et sa sœur cadette encore adolescente. À cheval entre deux cultures, elle est à l’aise dans l’une comme dans l’autre : elle fait ses cinq prières chez elle et n’est pas la dernière à s’amuser et à sortir avec ses amis du lycée.
Zahira est enceinte. C’est un drame. Pour elle. Pour ses parents auxquels elle ne cache pas son état. Mais ce n’est pas la fin du monde pour cette famille aimante.

Avortera ? Avortera pas ? Se mariera ? Se mariera pas ? Le scénario de Noces est remarquable qui maintient sur toute la durée un suspense.

Car Noces n’aurait pu être qu’un documentaire sur l’intégration difficile d’une jeune fille musulmane en Occident. Une sorte de Fatima belgo-pakistanaise. Cette seule dimension aurait suffi à faire l’intérêt de ce film. Très documenté, il répond à la question : comment peut-on être Pakistanais(e) en Belgique ? Comment concilier sa culture d’origine et celle du pays d’émigration ? Noces répond à ces questions à travers deux dialogues bouleversants, qui frisent la rigidité théâtrale sans y succomber. Le premier entre le père de Zahira et le père de sa meilleure amie se conclut par un constat douloureux d’incommunicabilité. Le second entre Zahira et sa sœur aînée, mariée contre son gré mais désormais heureuse en ménage, est tout aussi intelligent et tout aussi bouleversant.

Mais Noces ne se réduit pas à sa dimension documentaire. Noces est une tragédie grecque pleine de rebondissements. Elle a pour héroïne Zahira. Lina El Arabi est de tous les plans. C’est une révélation. Comme la Rosetta des frères Dardenne, son énergie est le moteur du film. À plusieurs reprises, on pourrait penser que le film va s’achever, une fois apportées les réponses aux questions posées. Mais une nouvelle question surgit. Jusqu’à la conclusion, aussi surprenante par sa violence que logique par son inéluctabilité.

Dans un paysage très encombré par le nombre de sorties, au milieu de films dont j’attendais beaucoup et qui m’ont déçu (Split, Lion, Certaines femmes…), Noces est le film-surprise de la semaine. Mon coup de cœur.

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Lion ★★☆☆

Saroo, cinq ans, se perd dans un train qui l’emmène à des milliers de kilomètres de chez lui. Il se retrouve à Calcutta sans famille. Recueilli dans un orphelinat, il est adopté par une famille australienne. Vingt ans plus tard, il plonge dans ses souvenirs pour retrouver ses origines.

D’après une histoire vraie. Mieux : d’après une incroyable histoire vraie promet l’affiche ! « Lion » (un titre plus approprié pour un documentaire animalier que pour l’autobiographie d’un orphelin indien) est l’adaptation du livre de Saroo Brierley « A Long Way Home ». Il a séduit les Oscars qui l’ont six fois nominé et fait pleurer l’Amérique- je serais curieux de savoir l’accueil qu’a reçu ce film en Inde.

Difficile de rester insensible au traumatisme d’un garçonnet perdu dans l’Inde immense et à sa joie de retrouver sa famille au terme d’une longue quête (non ! ce n’est pas un spoiler ! toutes les critiques l’évoquent !)

Le problème de « Lion » est qu’entre ces deux moments, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Rien que de très convenu dans la description de Calcutta, mégapole multimillionnaire filmée à hauteur d’enfant : des policiers violents qui chassent les gamins des rues, un pensionnat insalubre où l’on devine les obscurs trafics qui s’y trament à la nuit tombée.

Un autre film commence quand Saroo arrive en Tasmanie dans sa famille d’accueil. Il a désormais les traits de Dev Patel, qui a la peau trop blanche et l’accent trop anglais pour incarner crédiblement le jeune orphelin monté en graine. On lui adjoint une fiancée, Rooney Maria, impeccable mais strictement décorative. Plus intéressant est le personnage de la mère adoptive qui donne deux scènes bouleversantes à Nicole Kidman. L’occasion pour elle de nous rappeler, malgré les ravages de la chirurgie esthétique, quelle grande actrice elle est. C’est le moment hélas où le film s’encalmine, les scénaristes ayant été incapable de donner de la vie à un personnage qui surfe sur Google Earth pour retrouver les paysages de son enfance.

La scène finale arrachera évidemment des larmes à un crocodile. Elle flirte trop avec la téléréalité pour ne pas laisser un sentiment de malaise.
Une publicité mensongère voudrait nous faire croire que « Lion » est de la même veine que « Slumdog Millionaire ». On en est loin.

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