Pris de court ★★☆☆

Jeune veuve, Nathalie s’installe à Paris avec ses deux enfants. Las ! L’emploi de joaillier qu’on lui avait promis lui échappe. Elle trouve un petit boulot dans un restaurant tandis que son aîné fait de mauvaises fréquentations au lycée.

Pris de court est un petit film qu’on aurait aimé grand. Sa réalisatrice a été influencée par Bresson et Rivette dont on reconnaît le minimalisme. Elle tourne dans les rues du 13ème arrondissement, à quelques encablures du lycée Rodin dont elle fut l’élève.

Pris de court est un petit thriller qui n’exploite pas toutes les potentialités qu’il ouvre. Le fils de Nathalie se retrouve piégé par la petite bande de malfrats qu’il avait rejoint. Sa mère doit voler à son secours pour l’en libérer. Le dernier tiers du film a des allures de film américain avec arnaque à double tiroir. Mais le minimalisme de la mise en scène et le manque de complexité du scénario le privent de la rouerie à laquelle les films américains du même registre nous ont habitué.

« Pris de court » repose sur les épaules de Virginie Efira, de chaque plan. On l’a beaucoup vu en 2016 sur les écrans, notamment dans Victoria où elle fut excellente. A-t-elle atteint le sommet de son talent ? ou est-ce le début d’une carrière de star ?

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Ghost in the Shell ★☆☆☆

Il faudrait être ermite pour l’ignorer : Ghost in the Shell a débarqué hier sur nos écrans. Plus d’un million de spectateurs, petits et grands, iront le voir ce week-end. À tort ? À raison ?

Dans une salle archi-comble – plutôt jeune et masculine – je me suis laissé happer dès le générique (une réussite du genre !) par l’envoutante beauté des effets spéciaux. J’ai adoré le Tokyo (Hong Kong ? Shanghai ?) dystopique, la fascinante hybridation du robot et de l’humain et la lippe de Scarlett Johansson.

Je suis resté sourd à la vaine polémique provoquée par son rôle : on accuse à cette actrice américaine d’incarner une héroïne typiquement japonaise. Un peu comme si Hamlet était joué par un acteur noir ! Sauf que … Hamlet a été déjà joué par un acteur noir et que Hollywood n’a pas son pareil pour recycler et mondialiser des succès nationaux. En témoigne ce blockbuster tourné en Nouvelle-Zélande par un réalisateur britannique avec, dans les rôles principaux, outre une Américaine, une Française (Juliette Binoche), un Danois (Pilou Asbaek) et un Japonais (Takeshi Kitano).

Le problème de Ghost in the Shell n’est pas son casting mais son scénario. Je n’avais pas compris grand chose aux dessins animés volontiers ésotériques. Les scénaristes de Hollywood m’ont fait sentir moins bêtes. Prenez l’héroïne de Lucy, une pincée de Blade Runner pour les décors futuristes, une once de Assasin’s Creed pour les manipulations bioniques. Assaisonnez avec un poil de Matrix pour la philosophie pseudo-leibnizienne. Secouez. Servez froid.

Le problème de ce gloubiboulga cyberpunk est qu’il n’a plus grand goût. Reste à se réfugier dans la beauté hypnotique d’un Tokyo dystopique et de la lippe de Scarlett.

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Fixeur ★★☆☆

Fixeur (n.m.) : Personne employée (comme guide, interprète etc.) par un(e) journaliste pour faciliter son travail.
Radu travaille pour l’Agence France Presse (AFP) à Bucarest. Quand il apprend que deux prostituées mineures sont rapatriées de France vers la Roumanie, il propose à une équipe française de télévision d’organiser une rencontre.

Le cinéma roumain produit des pépites. Les films de Cristian Mungiu (Baccalauréat), Cristi Puiu (Sierranevada) ou de Corneliu Porumboiu (Le Trésor) décrivent une société âpre où l’individu est confronté à des dilemmes éthiques. Le précédent film de Adrian Sitaru (Illégitime) m’avait enthousiasmé. J’attendais beaucoup de Fixeur. J’en ai été un peu déçu.

Fixeur traite de la déontologie du journaliste. Quelles compromissions peut-il accepter pour décrocher un scoop ? Quel respect doit-il aux personnes qu’il interviewe ? Jusqu’où peut-il orienter leurs réponses ? Doit-il s’inquiéter des conséquences de leur témoignage sur leur vie et sur leur sécurité ? Les questions sont nombreuses et elles ouvrent autant de pistes potentiellement très fécondes.

Hélas, on sent Adrian Sitaru étrangement retenu. Comme s’il n’était pas allé jusqu’au bout de son projet.
L’intrigue se réduit à pas grand chose. Radu accompagne un journaliste français et son cameraman dans la région de Cluj. Ils retrouvent la trace de Anca, jeune mineure de quatorze ans, traumatisée par le mois qu’elle a passé sur le trottoir à Paris et inquiète des représailles qu’elle pourrait subir pour avoir donné son proxénète à la police. Elle a trouvé refuge chez des religieuses qui refuse son accès aux journalistes.
Le film se termine par la rencontre d’Anca et de Radu. Non ! ce n’est pas un spoiler ! C’est son affiche ! Cette rencontre déçoit. Car il ne s’y produit rien qu’on n’escomptait pas. Est-on blasé des mille horreurs dont les actualités et la fiction nous mitraillent quotidiennement pour ne plus être bouleversé par une gamine de quatorze ans qui dit face caméra « Cinquante euros la pipe et l’amour » ? Peut-être.

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Sage-femme ★☆☆☆

Claire est sage-femme en banlieue parisienne. Elle reçoit un appel de Béatrice, l’amante fantasque qui, près de quarante plus tôt, avait brisé le cœur de son père. Béatrice, atteinte d’une tumeur cancéreuse au cerveau, ignore que le père de Claire s’est suicidé après son départ.

Le dernier film de Martin Provost (réalisateur du pluri-césarisé « Séraphine » en 2009) rappelle ceux de Sautet : une histoire bien française de famille, de maîtresse, de regard jeté en arrière sur une vie bien remplie et pourtant trop tôt achevée. C’est ce qui en fait le charme. C’est aussi ce qui en constitue la limite.

Car Martin Provost tourne en 2016 comme on aurait tourné quarante ans plus tôt. Avec certes autant de sensibilité. Mais avec guère plus de talent.

Pour filmer cette histoire intemporelle, il fait appel à deux monstres sacrés du cinéma français. A soixante-dix ans passés, Catherine Deneuve est parfaite dans le rôle d’une flamboyante maîtresse au crépuscule de sa vie, condamnée à squatter les appartements de ses anciens amants et à gagner aux cartes l’argent qui lui brûle les doigts. Pourtant, notre star nationale n’a pas si bien vieilli. Le botox se voit sur son visage, les kilos en trop aussi.

L’autre Catherine est censée jouer le rôle d’une femme de quarante neuf ans. Elle en a dix de plus. Claire est, dans le film, une femme sage autant qu’une sage-femme. Un modèle d’abnégation qui a perdu son père dans sa prime adolescence et qui ne s’est jamais entendue avec sa mère. Mère d’un fils sans père, elle est à cet instant de sa vie où son enfant va quitter le cocon familial et la laisser seule. Aussi excellente soit-elle, Catherine Frot n’était pas la meilleure pour ce rôle qui l’oblige à mettre sous l’éteignoir la petite graine de folie dont elle égaie ses interprétations.

Comme on s’y attend, les deux femmes se rencontrent, s’observent, se rapprochent. Les ennemies deviendront complices. Claire, qui ne boit ni ne fume, va s’encanailler. La rencontre de Paul, un routier philosophe, n’y sera pas étrangère. Là encore : rien à redire à l’interprétation aux petits oignons du toujours parfait Olivier Gourmet. Sauf que ce personnage masculin vient déséquilibrer un duo dont la densité dramaturgique ne suffisait pas à tenir la durée d’un film.

Que dire enfin de la lourde métaphore de la maternité, de l’accouchement, de la transmission (entre Béatrice, la femme sans fille, et Claire, la fille sans mère) ? Sur un mode quasi-documentaire, on voir un accouchement. Un deuxième. Un troisième. Un quatrième. C’est beaucoup.

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Grave ★★★☆

Justine intègre l’École vétérinaire. Elle y retrouve sa sœur. Elle est végétarienne. Durant le bizutage, on la force à manger un rognon de lapin. Son comportement en est étrangement altéré.

« Grave » est arrivé sur nos écrans lesté d’une réputation flatteuse. Le film avait fait sensation à la Semaine de la Critique à Cannes l’an dernier. Réalisé par une jeune femme issue des rangs de la Femis, il signerait le renouveau du cinéma français. Film « cross-over », il réconcilierait le roman d’initiation et le film d’horreur.

« Grave » a produit sur moi un effet paradoxal. Sur le coup, je ne lui ai pas trouvé grand chose. Mais plus j’y pense, plus je lui trouve d’intérêt.

Pourquoi ce peu d’enthousiasme initial ? Parce qu’en faisant de son héroïne une cannibale, « Grave » bascule dans un gore auquel il est difficile d’adhérer – et qui ne fait même pas peur. C’est le problème du cannibalisme, un thème pourtant souvent traité au cinéma (« Trouble Every Day » de Claire Denis, « Dans ma peau » de Marina de Van, « Only Lovers Left Alive » de Jim Jarmusch…) : je n’arrive pas à le prendre au sérieux. Quand c’est bien fait, je peux à la limite éprouver une once de peur ; mais la plupart du temps, le fou rire n’est pas loin. Et, dans un cas comme dans l’autre, la crédibilité est aux abonnés absents. Alors ne venez pas me parler de la « scène du doigt » dont on fait grand cas. Je n’y ai pas adhéré pas. Pas du tout.

Pour autant, depuis ma sortie de la salle, le film a creusé sa marque dans mon esprit. Et plus j’y pense, plus je le trouve intéressant. Ou pour le dire autrement : intelligent. Que sa réalisatrice soit une ancienne élève de Normale Sup n’y est peut-être pas pour rien. Car « Grave » ne se réduit pas à un aimable film de série B, vite vu, vite oublié, du genre « La vétérinaire vénère » ou « Justine l’aime cru ».

« Grave » brasse beaucoup de sujets. Et les brasse bien.
La découverte de la sexualité d’une jeune fille un peu coincée qui quitte pour la première fois le cocon familial.
Les liens du sang qui unissent une enfant à sa sœur et à ses parents. Pour le meilleur et pour le pire.
Le désire de s’intégrer et le refus d’entrer dans la norme
La transgression et l’ivresse qu’on y trouve.
L’addiction et la difficulté de s’en sevrer.

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Wrong Elements ★☆☆☆

Au nord de l’Ouganda, depuis près de trente ans, la Lord’s Resistance Army (LRA) est entrée en rébellion. Son chef, Jospeh Kony, n’hésite pas à kidnapper des enfants, des filles pour les réduire en esclaves sexuelles et des garçons pour en faire des soldats fanatisés. Jonathan Littell, l’auteur des Bienveillantes, prix Goncourt 2006, filme quatre d’entre eux, revenus à la vie civile.

Difficile de ne pas être écrasé par un sujet aussi grave. Moins connus que le génocide rwandais, les crimes perpétrés par la LRA en Ouganda n’en sont pas pour autant moins choquants : la durée exceptionnelle de la rébellion, le nombre des victimes qu’elle a causés (100 000 morts, 2 millions de déplacés), le fanatisme de son leader, le recours systématique aux enfants soldats en font un exemple tristement caractéristique de violence politique extrême. Il n’est dès lors pas surprenant que l’auteur des Bienveillantes s’y soit intéressé. Comme dans son roman-fleuve, c’est le mal qu’il dissèque, comment on le fait, comment on supporte de l’avoir fait.

A ce titre, les ex-enfants soldats de la LRA constituent une population chimiquement pure. Victimes innocentes d’un kidnapping, peuvent-ils être tenus pour coupables des exactions qu’ils ont commises ? La caméra de Jonathan Littell n’est pas neutre qui montre des ex-soldats pudiques et souriants dont les rares confessions les posent en victimes plus qu’en coupables. Utilisant exactement le même procédé, le documentariste Joshua Oppenheimer aboutissait à un résultat inverse en allant à la recherche des tortionnaires indonésiens auteurs des crimes commis en 1966 contre la rébellion communiste (The Act of Killing, The Look of Silence).

Le problème est ailleurs. Il est dans le décalage entre l’ambition philosophique du projet et sa réalisation cinématographique. Pour le dire plus brutalement : Jonathan Littell pense bien mais filme mal.
Les témoignages des ex-recrues de la LRA sont rythmés par de longs plans séquences d’une savane filmée dans une lumière inutilement esthétisante. La musique est au diapason, qui invite au recueillement. Mais pourquoi diable avoir choisi Bach ou Biber ?
Plus grave : le montage. Pendant une heure, on suit Geoffrey et Mike, Nighty et Lakwena. Le film pourrait s’arrêter là. Mais, Jonathan Littell lui greffe une autre séquence : la remise du chef Dominic Ongwen à l’Union africaine avant son transfert à la Cour pénale internationale de La Haye. Du coup, la durée du film double avec au final une séquence, certes émouvante, mais qu’on sent reconstituée pour les besoins du documentaire, où l’on voit Geoffrey revenir dans un village qu’il avait razzié lorsqu’il œuvrait dans les rangs de la rébellion.
Une dernière irritante interrogation : que faut-il comprendre du titre ? L’expression Wrong Elements est empruntée à Alice Auma Lakwena, l’inspiratrice de la LRA : « La guerre doit débarrasser la société de tous ses mauvais éléments ». De quels « mauvais éléments » parle-t-on ? De ces quatre victimes devenues à leur corps défendant des bourreaux ? Pourtant, tant aux yeux de la prophétesse acholi que de ceux du réalisateur franco-américain, ils ne sont pas de mauvais éléments. Alors ?

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Love & Mercy ★★★☆

Biopic schizophrène
Love and mercy (pfffft qui a eu l’idée de ce titre à la con ?) raconte l’histoire de Brian Wilson des Beach boys.

Le héros est interprété par deux acteurs : jeune et génial, c’est Paul Dano qui lui prête ses traits. Vieux et dépressif, c’est John Cusack.

On peine à comprendre ce parti pris d’autant moins pertinent que les deux acteurs ne se ressemblent pas. Todd Hayes s’y était déjà cassé les dents en faisant jouer Bob Dylan par sept acteurs différents dans I’m not there.

Ce choix est particulièrement malheureux car il brise l’unité d’un homme et contredit la morale du film. Brian Wilson et son épouse – qui ont co-produit le film et en ont gommé les épisodes les moins flatteurs pour eux – voudraient nous faire croire qu’ils ont réussi à vaincre la dépression. Mais l’incarnation par deux acteurs différents montre tout au contraire qu’il y a eu un Avant et un Après.

Reste le plaisir d’écouter les tubes incroyablement audacieux des Beach boys et de se ruer dès la sortie du film sur la BO de Pet Sounds.

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Monsieur & Madame Adelman ★★★☆

De 1971 à 2016, l’histoire de Victor de Richemont et de Sarah Adelman, un couple qui s’aima à la folie.

Les chiens ne font pas des chats. Nicolas Bedos est bien le fils de son père. Il a le même humour, drôle et acide. Longtemps il a essayé de faire oublier cette paternité encombrante. Personne ne se satisfait d’être le « fils de ». Passant pour la première fois derrière la caméra, il assume désormais cet héritage sans rougir. Pour notre plus grand plaisir.

Car « Monsieur & Madame Adelman » n’est ni l’histoire sentimentale d’un couple qui s’aime, ni celle dramatique d’un couple qui se déchire. C’est l’histoire menée tambour battant de deux vies entrelacées.

Nicolas Bedos a l’intelligence de s’effacer devant ses partenaires. Certes, il joue le rôle principal de Victor, l’écrivain maudit qui connaît le succès grâce à la rencontre de Sarah. Mais c’est Dora Tillier qui crève l’écran, éblouissante sylphide des années soixante-dix, impressionnante Folcoche des années 2000. Les entoure une galaxie de seconds rôles tous excellents. Mention spéciale à Pierre Arditi qui prend un plaisir communicatif à jouer un riche bourgeois réactionnaire et à Denis Podalydès en vieux psychiatre (pas si) compréhensif.

Non content de briller par ses dialogues éblouissants, par son tempo débridé, « Monsieur & Madame Adelman » offre la belle surprise d’un dénouement surprenant.

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Victoria (Sebastian Schipper, 2015) ★★☆☆

« Victoria » a été tourné en un seul plan-séquence de 2h14. Dit autrement : le réalisateur a dit « Ça tourne » (il a dû le dire en allemand) et 2h14 son film était dans la boîte.

C’est une prouesse technique qui est présentée comme la qualité cardinale du film. Je dois avouer le rouge au front que je m’en fiche un peu.

Parce qu’une fois qu’on a salué la dextérité du directeur de la photo qui a sans doute dû se plier en quatre pour suivre ses acteurs, quelle est la valeur ajoutée de l’unique plan séquence ?
Sa valeur ajoutée serait de nous donner à vivre une durée réelle, avec toute son épaisseur, loin des artifices du montage.

Sauf que cet effet de réalité ne fonctionne pas. La réalité, la vraie vie est faite de temps morts et d’accélérations. Alors quand la réalité accélère comme dans la scène de fusillade, l’effet de réalité marche à fond : rarement a-t-on vécu au cinéma avec autant d’intensité un échange de coups de feu, au point de ressentir la peur physique de prendre une balle. Mais, à part cette scène exceptionnelle, le film, trop long, s’étire interminablement. Et paradoxalement, l’effet de réalité devient artificiel : quand Victoria déambule dans les rues de Berlin avec ses compagnons d’un soir, les propos qu’elles échangent sonnent faux, tournent en rond. On a envie d’une narration plus serrée, d’un montage cut, bref d’une mise en scène.

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Le Ministère de la Peur / Espions sur la Tamise ★★☆☆

Alors qu’il vient d’être libéré de l’institution où il a passé deux ans pour avoir pratiqué l’euthanasie sur sa femme, Stephen Neale gagne lors d’une tombola un gâteau. Poursuivi par des espions nazis et suspecté par la police britannique, il doit seul contre tous faire la preuve de son innocence.

« Ministry of Fear » – qui est sorti en France sous le titre « Espions sur la Tamise » avant de retrouver un titre plus proche de l’original – est un jalon intéressant dans l’œuvre de Fritz Lang. Le génial réalisateur allemand a trouvé refuge depuis peu aux États-Unis – après un court séjour en France. Il se cherche.

Les fulgurances expressionnistes du « Docteur Mabuse » ou de « M le maudit » sont derrière lui. Fritz Lang n’est pas encore devenu le maître du film noir, un genre qui trouvera avec « Le démon s’éveille la nuit » et « La Femme au gardénia » ses canons indépassables.

« Ministry of Fear » est un film d’espionnage qui louche vers Hitchcock. De l’intrigue passablement embrouillée (inspirée de Graham Greene qui n’a pas encore signé ses chefs d’œuvre), du duo complice que forment ses deux protagonistes en quête de vérité (qui rappelle celui de « Une femme disparaît »), du héros injustement soupçonné  (joué par Ray Milland qui ne soutient pas la comparaison avec Cary Grant) à la campagne anglaise où se déroule l’action, tout rappelle le maître britannique. Hitchcock… en moins bien.

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