The Look of Silence ★★★☆

Cette page de l’histoire indonésienne est mal connue en Occident : en 1965-1966 la dictature du général Suharto a massacré entre 500.000 et un million de communistes ou suspectés de l’être.

Joshua Oppenheimer, un documentariste américain, est parti à la recherche des auteurs de ces crimes et de leurs survivants survivants. Il en a tiré un premier film en 2012 « The Act of Killing ». « The look of silence » en constitue le second volet qui s’attache aux pas du frère de l’une des victimes. Sans esprit de vengeance, avec une étonnante placidité, il profite de l’exercice de son métier d’opticien de campagne pour reconstituer les circonstances de la mort de son frère.

« The Act of Killing » présentait des assassins bravaches qui, loin de nier les crimes commis ou de s’en repentir, s’en enorgueillissaient, allant même jusqu’à en reconstituer la scénographie devant la caméra. « The Look of Silence » est tout aussi troublant qui place les bourreaux face à leurs victimes. Ce face-à-face est extrêmement malaisant. Car les bourreaux comme les victimes n’ont pas le comportement ou les réactions qu’on attendrait d’eux. L’opticien enquêteur affiche en toutes circonstances un visage impavide comme si aucun sentiment le traversait : ni désir de vengeance, ni chagrin. Les bourreaux et leurs familles ne sont guère plus expressifs, manifestant tout au plus quand ils sont poussés dans leurs retranchements, une gêne agacée.

Du coup, ces confrontations produisent sur le spectateur occidental un résultat paradoxal. Au lieu de nous sensibiliser aux atteintes portées à l’universalité de la condition humaine, elles nous font toucher du doigt l’immense fossé culturel qui nous sépare.

La bande-annonce

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