Victoria (Sebastian Schipper, 2015) ★★☆☆

« Victoria » a été tourné en un seul plan-séquence de 2h14. Dit autrement : le réalisateur a dit « Ça tourne » (il a dû le dire en allemand) et 2h14 son film était dans la boîte.

C’est une prouesse technique qui est présentée comme la qualité cardinale du film. Je dois avouer le rouge au front que je m’en fiche un peu.

Parce qu’une fois qu’on a salué la dextérité du directeur de la photo qui a sans doute dû se plier en quatre pour suivre ses acteurs, quelle est la valeur ajoutée de l’unique plan séquence ?
Sa valeur ajoutée serait de nous donner à vivre une durée réelle, avec toute son épaisseur, loin des artifices du montage.

Sauf que cet effet de réalité ne fonctionne pas. La réalité, la vraie vie est faite de temps morts et d’accélérations. Alors quand la réalité accélère comme dans la scène de fusillade, l’effet de réalité marche à fond : rarement a-t-on vécu au cinéma avec autant d’intensité un échange de coups de feu, au point de ressentir la peur physique de prendre une balle. Mais, à part cette scène exceptionnelle, le film, trop long, s’étire interminablement. Et paradoxalement, l’effet de réalité devient artificiel : quand Victoria déambule dans les rues de Berlin avec ses compagnons d’un soir, les propos qu’elles échangent sonnent faux, tournent en rond. On a envie d’une narration plus serrée, d’un montage cut, bref d’une mise en scène.

La bande-annonce

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