War Machine ★★★☆

Quand le général McChrystal est nommé en 2009 à la tête de l’ISAF, la coalition des forces armées en Afghanistan, la guerre y dure depuis déjà huit ans sans perspective réaliste d’une issue victorieuse. Certes, les talibans ont été chassés de Kaboul et se terrent à la frontière pakistanaise. Mais le pays, lesté par ses traditions, foncièrement hostile aux forces d’occupation, peine à se reconstruire. L’armée américaine et celles de ses alliés, taillées pour gagner la guerre, peinent à gagner la paix.

Michael Hastings, un journaliste de Rolling Stone, signa un reportage qui provoqua le départ anticipé de McChrystal de son commandement. Il en tira ensuite un livre, The Operators.
C’est ce livre volontiers ambigu que David Michôd, le réalisateur australien de Animal Kingdom et Le Roi, porte à l’écran.

War Machine est un film désarmant qui hésite constamment entre deux registres : d’un côté la réflexion très fine sur l’interventionnisme militaire dans l’après-guerre froide, de l’autre la bouffonnerie vers laquelle le tire l’interprétation outrée par Brad Pitt de son héros.

Car Brad Pitt en fait des tonnes pour caricaturer le malheureux général McChrystal qui n’en méritait pas tant – et dont on serait curieux de connaître la réaction à ce spectacle embarrassant. Quelque part entre le Patton de George C. Scott (Oscar – refusé – du meilleur acteur en 1971) et Le Dictateur de Sacha Baron Cohen, Brad Pitt force le trait, campant un général droit dans ses bottes, affublé de tics (regardez ses pouces !), entouré d’une bande de joyeux drilles qu’on croirait tout droit sortis de M*A*S*H ou d’un épisode des Têtes brûlées (vous vous souvenez de la série avec Robert Conrad que vous regardiez sur Antenne 2 à la fin des années 70 ?). Il croise un président Karzai pas moins caricatural, interprété par Ben Kingsley dans deux scènes désopilantes.

Le film manque de prendre définitivement le virage de la comédie loufoque. C’eût été un choix radical et pourquoi pas envisageable. La réussite dans ce registre des Chèvres du Pentagone ou de La Guerre selon Charlie montre qu’on peut rire des guerres menées par les Etats-Unis en Afghanistan ou en Irak. Mais, assez miraculeusement, War Machine reste du début à la fin dans un entre-deux qui se révèle diablement stimulant. Il ne va jamais jusqu’au bout de sa loufoquerie. Il continue inébranlablement à traiter sérieusement d’un sujet sérieux : l’incapacité d’une force militaire d’occupation à reconstruire un pays conquis. Et le regard qu’il porte sur ce sujet reste incroyablement balancé, et donc très stimulant (à la différence d’un M*A*S*H qui versait dans une posture antimilitariste pas très fine selon moi).

Ce film déconcertant réussit à la fois à nous faire rire et à nous faire réfléchir. Double pari qu’on pensait impossible à réussir simultanément.

La bande-annonce

Une valse dans les allées ★☆☆☆

Christian est embauché comme manutentionnaire dans un supermarché. Bruno, le chef du rayon des boissons, prend en charge sa formation. Marion travaille au rayon confiseries. Christian s’en rapproche vite.

Une valse dans les allées n’est pas sans qualités. Il est d’abord servi par l’interprétation toute en nuances des deux comédiens en vogue du cinéma allemand : l’héroïne de Toni Erdmann (Sandra Hüller) et le héros de Transit (Franz Rogowski). Il raconte ensuite dans l’espace clos d’un supermarché sans âme, qui ne constitue a priori pas le cadre idéal d’une romance poétique, une histoire d’amour minimaliste. Il dépeint en filigrane une société est-allemande, ballottée entre précarité et déclassement, qui n’a toujours pas cicatrisé les plaies de la réunification.

Mais Une valse dans les allées a un défaut rédhibitoire : sa durée excessive. L’adaptation d’une courte nouvelle de vingt-cinq pages s’étire inutilement pendant plus de deux heures. Rien dans le scénario ou dans la mise en scène ne justifiait une telle longueur – à la différence par exemple du Poirier sauvage dont la durée participait de la raison d’être. Plus ramassé, plus dense, Une valse dans les allées aurait été un joli pas de danse. Inutilement dilué, il se condamne à n’être qu’une ennuyeuse pantomime.

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Voyage of Time ☆☆☆☆

« Le passé, le présent, le futur ». Rien de moins…

Terrence Malick voit grand. Trop peut-être. Voyage of Time que les producteurs français ont sous-titré, pour des motifs qui m’échappent, Au fil de la vie a l’ambition insensée de raconter l’histoire du monde depuis sa création. Docu écolo pour Disney Channel ? Pas vraiment. Terrence Malick ne s’abaisse pas à faire œuvre de pédagogue. On n’apprendra rien avec Voyage of Time : rien sur l’histoire de la Terre, son passé, son présent et encore moins son futur.

Car, hélas, Terrence Malick vise plus haut. Il veut réaliser un hymne beethovénien à la vie, une œuvre à la saisissante beauté et au puissant message panthéiste. Des images à la beauté confondante, une musique symphonique envahissante, la voix éthérée de Cate Blanchett (ou celle de Brad Pitt dans la version IMAX) qui ânonne des commentaires aussi creux que vains (« After all those years, what does that mean to be us? »).

Comme une mouche devant une lampe à lave, on peut lentement se laisser hypnotiser. On peut aussi s’endormir. Alternativement, on peut se foutre en rogne. Ou encore aller voir un autre film.

D’ailleurs les distributeurs ont opté sur une stratégie de diffusion insolite. Le film a été diffusé en « séance unique » le jeudi 4 mai à 20 heures. Il ne faut jamais dire jamais : la séance soi-disant unique a été dupliquée le jeudi 29 juin (voir l’affiche ci-contre). Pourquoi un tel choix ? Mystère…

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Sayonara ★★☆☆

Dans un Japon post-apocalyptique, une femme atteinte d’une maladie dégénérative se meurt dans son salon. Une humanoïde veille à son chevet.

Koji Fukada, avant de réaliser Harmonium, sorti sur les écrans français en janvier dernier, avait tourné Sayonara, une œuvre puissante qui frappe par l’économie de ses moyens et l’ambition de son propos.

Plusieurs thèmes y sont évoqués. Le premier, qui nous prend à la gorge dès la première scène, est celui de la catastrophe apocalyptique. On ne l’a jamais autant vu traitée que dans la littérature de ces dernières années : qu’il s’agisse évidemment de La Route de Cormac McCarthy ou World War Z de Max Brooks qui furent l’un et l’autre adaptés au cinéma, mais aussi Station Eleven de Emily St John Mandel ou Le Grand jeu de Cécile Minard. Il prend un relief particulier dans le Japon depuis l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011.

Le deuxième, moins évident, est aussi plus politique. Dans Sayonara, l’évacuation du Japon est décidée, mais se fait selon des critères de classe et de race : les pauvres et les étrangers sont abandonnés à leur sort dans un archipel qui se vide lentement de ses habitants.

Tania – qui est (bizarrement) d’origine sud-africaine – reste donc seule avec son robot de compagnie. C’est le troisième thème de Sayonara : l’homme face à l’intelligence artificielle, la frontière ténue entre l’homme et la machine. C’est aussi l’aspect le plus novateur du film, le rôle de Léona étant jouée par un robot – opéré en coulisse par un roboticien.

Mais le plus important thème du film est son dernier : la mort ou comment la regarder en face. Le sujet, particulièrement macabre, est traité frontalement, sans fard. Koji Fukuda nous rappelle à notre condition mortelle en filmant en long plan fixe la lente agonie de Tania. On n’oubliera pas de sitôt les vingt dernières minutes, particulièrement éprouvantes, particulièrement élégiaques aussi. Elles se seraient suffi à elles-mêmes, les quatre-vingt qui les précèdent ne servant guère qu’à les introduire.

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Une famille heureuse ★★★☆

Manana est professeure de lettres dans un lycée de Tbilissi. Elle fête son cinquante-deuxième anniversaire dans l’appartement qu’elle partage avec son père grabataire, sa mère envahissante, son époux taiseux, sa fille et son gendre éperdument amoureux, son fils amorphe. Une famille ordinaire ? Sans doute. Une famille heureuse ? Pas si sûr. Car devant toute sa famille attablée, Manana annonce son intention de quitter le foyer et de s’installer seule ailleurs.

Un film en forme d’oxymore. Nana & Simon, un couple à la ville, filme à l’écran les apories d’une famille heureuse. Comme on les connaît, comme on les aime. Bruyantes, hautes en couleurs. Vivant au rythme de dîners pantagruéliques où tout le monde parle, se coupe la parole, s’admoneste – la mise en scène est admirable qui réussit à rendre parfaitement lisible ces scènes excessivement confuses …. et on ne peut s’empêcher une pensée solidaire pour l’auteur des sous-titres qui a dû avoir bien du mal pour décider ce qu’il fallait retranscrire de ces voix enchevêtrés.

Une famille heureuse est à la fois un film terriblement exotique et absolument universel.
Un film terriblement exotique. L’action se déroule en Géorgie. Je ne l’avais pas compris en en voyant la bande-annonce et, faute de reconnaître le géorgien et ses intonations, hésitais : Turquie ? Arménie ? Bosnie ? Pour qui comme moi maîtrise mal sa géographie, la Géorgie est un espace d’autant plus fascinant qu’on le situe mal. Pas tout à fait méditerranéen. Pas vraiment européen. De moins en moins soviétique. Toujours un peu slave. « Une famille heureuse » porte la trace de cet atavisme. Il documente le poids de la famille dans la société géorgienne patriarcale, la difficulté de s’en affranchir, le regard toujours envahissant des parents et des amis qui limitent sinon interdisent l’autonomie, surtout celle des femmes.

Un film absolument universel. Mais pour autant, Une famille heureuse traite d’un sujet universel : la crise de la quarantaine au féminin. C’est un pont-aux-ânes du film français : Aurore, Marie-Francine pour ne citer que deux films sortis ces dernières semaines. Mais, ce qui est intéressant est qu’en France, la cinquantenaire déprime car elle vit seule et cherche éperdument à refaire sa vie. Alors que la cinquantenaire géorgienne déprime parce qu’elle vit dans un appartement trop bruyant au milieu d’une famille envahissante dont elle veut se séparer.

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Alien: Covenant ★☆☆☆

Alien: Covenant est le sixième film de la saga Alien. Il s’agit d’une suite de Prometheus (2012) et d’un préquelle d’Alien, le Huitième passager (1979).

Disons-le encore plus obscurément. Alien: Covenant est à l’univers d’Alien ce que l’australopithèque est à la théorie de l’évolution : le chaînon manquant.
On avait laissé à la fin de Prometheus Elisabeth Shaw (Noomi Rapace) et son humanoïde (Michael Fassbender) en bien mauvaise posture. Que s’est-il passé pendant les trente années qui s’écoulent jusqu’au débarquement sur la planète LV-426 des sept astronautes du cargo Nostromo, parmi lesquels le lieutenant Ripley (Sigourney Weaver) et son désormais légendaire débardeur ?

Près de quarante ans après avoir tourné Alien, le Huitième passager, Ridley Scot veut boucler le boucle. Pas sûr que l’obnubilation du réalisateur de Blade Runner, Thelma et Louise ou Gladiator à ressasser ses vieilles lubies soit couronnée de succès. Car, à trop vouloir mettre les points sur les i, Alien: Covenant dissipe le mystère qui entourait les xénomorphes et en faisait l’intérêt.

Alien: Covenant se présente comme une synthèse maladroite des grands thèmes de la science-fiction. Premier thème typiquement asimovien : l’intelligence artificielle et l’impossibilité d’en contrôler les errements. On pense à Hal dans 2001, Odyssée de l’espace, à Blade Runner (signé par Ridley Scott) mais aussi au premier Alien dont l’un des astronautes était (déjà) un humanoïde (interprété par Ian Holm). Deuxième thème : la jungle mystérieuse et dangereuse. On pense à Jurassic Park, à King Kong, à Predator.  Il faut aussi évoquer, sans déflorer le sujet, la figure mystérieuse découverte au sein de cette jungle hostile, qui n’est pas sans rappeler le personnage du colonel Kurz dans Apocalypse Now. Dernier thème, celui même qu’avait si brillamment inventé le premier Alien : le « survival movie » claustrophobe dans une navette spatiale (« In space, no one can hear you scream »).

Le problème de Alien: Covenant est qu’il ressemble moins à une synthèse sublimée de tous ces genres qu’à un patchwork de bric et de broc. Il fera peut-être la joie des vidéastes qui enfileront l’espace d’une nuit les six (sept ? huit ?) épisodes de la saga. Il a hélas pour les spectateurs de cinéma moins d’intérêt que les épisodes précédents qu’il se contente de recycler.

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Les Fantômes d’Ismaël ★☆☆☆

Ismaël Vuillard (Mathieu Amalric) est un réalisateur installé. Il écrit un film dont le rôle principal, celui d’un jeune diplomate, se nomme Ivan Dédalus (Louis Garrel). Il fut marié à Carlotta Bloom (Marion Cotillard) qui disparut de sa vie. Il parvient difficilement à l’oublier en nouant une liaison avec Sylvia (Charlotte Birkin). Jusqu’au jour où Carlotta réapparaît…

Arnaud Despelchin est de retour. Avec Mathieu Amalric, son acteur fétiche (ils ont tourné huit films ensemble), son double de cinéma (Ismaël est un réalisateur égocentrique dévoré par le doute). Son film a fait l’ouverture du festival de Cannes. C’est dire l’importance de Desplechin dans le cinéma français contemporain.

Pourtant je n’aime pas son cinéma. J’ai vu tous ses films, attiré par la richesse de ses thèmes et une critique élogieuse. Depuis La Vie des morts en 1991 – dont le scénario sera repris à l’identique dix-sept ans plus tard dans Un conte de Noël – et La Sentinelle – qui racontait déjà les premiers plats d’un diplomate. J’en admire la cohérence. Mais j’en déplore le narcissisme.

Car de film en film, Desplechin ressasse les mêmes obsessions : l’enfance roubaisienne, la femme, mise sur un piédestal et méprisée pour son inconstance dans le même mouvement, la famille qui protège et qui étouffe, une lecture paranoïaque du métier de diplomate, les allusions à une obsédante judéité, les références révérencieuses à Joyce … Chacun de ses thèmes a tour à tour été développé dans chacun de ses films. Les Fantômes d’Ismaël est un film somme qui les convoque tous. En fait un film gloubiboulga qui les mélange tous au point d’y perdre le spectateur.

Le cinéma n’est pas une opération cathartique qui permet à un réalisateur de faire l’économie d’une cure psychanalytique.

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Rodin ★☆☆☆

Vingt ans dans la vie de l’illustre sculpteur. De 1880 où l’État lui passe commande de La porte de l’Enfer – qu’il n’achèvera jamais – à l’achèvement du Monument à Balzac en 1900 qui fera scandale. Ces vingt ans, ce sont ceux aussi de la rencontre, de l’idylle puis de la rupture avec Camille Claudel, sa plus brillante élève.

Les biopics ont décidément la côte. Pas une semaine sans qu’il en sorte un nouveau : Pablo Neruda, Dalida, Jackie Kennedy, Paula Modersohn-Becker, Django Reinhardt, Emily Dickinson, Lou-Andreas Salome, Winston Churchill … Où diable s’arrêtera cette veine biographique qui produit à la chaîne des œuvres auxquelles je ne trouve guère d’intérêt ?

L’autre défaut rédhibitoire Rodin est qu’il succède à Camille Claudel, l’un des films les plus iconiques  des années 80, apogée de la carrière de la « reine » Adjani, couronné d’innombrables récompenses, entouré de l’aura de film-culte. Je n’ai pas revu Camille Claudel depuis sa sortie – au 14-juillet Odéon, dans une salle qui a été depuis longtemps rebaptisée ; mais j’en garde un souvenir indépassable. Peut-être ce souvenir est-il excessif. Peut-être Camille Claudel m’apparaîtrait-il aujourd’hui démodé. Mais c’est à l’aune de ce souvenir que j’ai vu Rodin. Et Rodin n’est pas de taille à se battre contre un souvenir.

Certes on comprend ce qui a attiré Jacques Doillon dans l’œuvre du maître. Il a voulu le filmer au travail, la main dans la glaise, obnubilé par une impossible quête de perfection. Vincent Lindon se glisse dans les habits trop larges de l’artiste enfiévré. Mais ce qu’il gagne en passion pour son art, il le perd en humanité. Le Rodin de Lindon n’est pas un être de sang, c’est une statue. Aucune étincelle ne jaillit entre Camille Claudel (Izia Higelin est pourtant excellente) et lui. On me rétorquera que tel était peut-être le dessein du réalisateur et scénariste. Mais alors, pourquoi avoir traité de cette dimension là de la vie du sculpteur ? pourquoi ne pas s’être contenté de le filmer sculptant ?

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Drôles d’oiseaux ★☆☆☆

Viviane, dite Mavie (Lolita Chammah), a vingt ans et débarque à Paris. Elle s’installe sur le divan du salon d’une amie (Virginie Ledoyen) qui s’envoie bruyamment en l’air dans sa chambre avec son copain du moment. Pressée de déménager, Viviane répond à une annonce qui lui propose, en échange d’une chambre, quelques heures de travail dans une librairie. Elle y fait la connaissance de Georges (Jean Sorel), un libraire bougon dont elle se rapproche bientôt…

Sur le papier, Drôles d’oiseaux avait tout pour séduire. Un roman d’apprentissage filmé dans les rues du cinquième arrondissement et sur les bords de la Seine. Une histoire d’amour impossible entre une jeune fille en fleurs et un vieil homme revenu de tout. Un zeste de fantaisie (des goélands suicidaires, un hacker irlandais) pour alléger le propos.

Mais, prisonnier de son manque d’ambition, Drôle d’oiseaux ne prend pas. Son manque criant de moyens se voit. Sa durée bâtarde (une heure dix) atteste la vacuité de son propos. Il y aurait eu pourtant tant à dire sur cette jeune fille et ce vieux monsieur élégant. Nelly et Monsieur Arnaud (ah ! le regard de Michel Serrault sur Emmanuelle Béart assoupie) l’avait fait avec tant de grâce. Après une introduction charmante, à la limite loufoque (qui rappelle les films d’Emmanuel Mouret), la rencontre entre Mavie et Georges est mal filmée. Il n’était pas question d’un coup de foudre. La réalisatrice aurait dû prendre le temps de les laisser se rapprocher. Or, Georges, de misanthrope, devient soudainement épris. Comme si une scène avait sauté au montage. Idem pour l’épilogue, plein d’élégance sur le papier, qui bégaie devant la caméra.

Drôles d’oiseaux est l’exemple malheureux du film qu’on aurait tellement aimé aimer.

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Conspiracy ☆☆☆☆

Alice Racine (Noomi Rapace) travaille sous couverture pour la CIA à Londres. Elle reste traumatisée par un attentat terroriste commis quelques années plus tôt à Paris qu’elle n’a pas su déjouer. Elle y était alors en poste auprès de Eric Lasch (Michael Douglas). Elle n’a pas pour autant perdu la confiance de son directeur (John Malkovich) qui lui confie une mission délicate : infiltrer un réseau djihadiste pour déjouer une attaque terroriste imminente visant des ressortissants américains sur le sol britannique.

Ce résumé vous semble bien filandreux ? Ou alors, en le lisant une seconde fois, pas si compliqué ? Tel est bien le problème de Conspiracy : un film qui voudrait se donner l’apparence de la complexité mais peine à cacher son indigence.

Michael Apted à la réalisation est un honnête faiseur qui a signé des films de studio : un James Bond (Le Monde ne suffit pas), le troisième volet du Monde de Narnia, quelques épisodes de Masters of Sex. Il abat besogneusement la tâche, alternant quelques molles scènes de fusillade et des dialogues téléphonés. On se laisse gentiment happer par l’action, attendant que se révèle la « conspiration » que le titre annonce. Une bonne surprise : l’arrivée au milieu du film du séduisant Orlando Bloom dont l’évolution du personnage est la seule dimension surprenante de ce thriller par trop convenu.

Pour le dire en une phrase assassine : un film tellement mauvais qu’il ne mérite même pas un coup de gueule.

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