Les Yeux sans visage (1960) ★☆☆☆

Un éminent chirurgien spécialiste des greffes de peau, le professeur Génessier (Pierre Brasseur) a décidé de donner à sa fille (Edith Scob), défigurée après un grave accident de voiture, un nouveau visage. Dans le laboratoire secret de sa clinique, installée en banlieue parisienne, il mène des expérimentations sur des chiens. Son assistante dévouée (Alida Valli) l’aide à kidnapper des jeunes femmes pour leur ôter leur visage et le greffer sur celui de sa fille, condamnée pour l’heure à vivre recluse dans la propriété et à se cacher derrière un masque. Mais les greffes échouent les unes après les autres.

Les Yeux sans visage fait partie de ces films culte cités dans toutes les anthologies, présents dans tous les classements. La raison souvent avancée n’est pas très convaincante : Les Yeux sans visage serait le plus grand film d’épouvante français, un genre qui prospéra en Italie ou aux Etats-Unis mais ne connut pas une grande postérité en France.

Je n’avais jamais vu Les Yeux sans visage et ai profité de sa rediffusion dans une petite salle du Quartier latin. La salle – ainsi que l’Officiel des spectacles – affichait une interdiction aux moins de seize ans désormais désuète : la Commission de classification, ressaisie en 1998, l’a à raison reclassé tous publics avec avertissement. Consciencieusement, la caissière demande à un jeune spectateur son âge. « Quatorze ans » répond-il. La caissière tique ; mais le projectionniste la coupe : « Laisse le passer ; ça craint rien ». Je n’ai pas osé intervenir et étaler ma science.

J’avoue avoir été très déçu. Le thème du savant fou, même s’il est magistralement interprété par le toujours magistral Pierre Brassseur, n’est pas très original. Quant à sa clinique filmée dans un noir et blanc anxiogène et magnifiée par la musique de Maurice Jarre, elle n’est pas si angoissante que cela.
Bien embêté, je me demandais comment tourner ma critique, n’osant pas avoir l’irrévérence de ne pas encenser ce film-culte unanimement encensé. La lecture du Dictionnaire du cinéma de Jacques Lourcelles m’a désinhibé. Il y exécute Les Yeux sans visage en deux expressions : « poésie de bazar », « horreur de pacotille ».

La bande-annonce

Operation finale ★★☆☆

Le nazi Adolf Eichmann, l’homme de la Solution finale, s’était enfui sous une fausse identité en Argentine à la fin de la Seconde guerre mondiale. Il y fut identifié par une jeune fille qui fréquentait son fils. L’information parvint au Mossad qui décida de monter une opération commando à hauts risques pour l’appréhender et l’exfiltrer d’Argentine vers Israël où il serait jugé. Operation finale raconte l’histoire de ce commando.

L’arrestation et le jugement d’Eichmann à Jerusalem m’ont toujours passionné. Car ils combinent trois éléments fascinants. 1. La Shoah et l’intérêt morbide qu’elle suscite. 2. L’opération commando rocambolesque, digne des meilleurs films d’espionnage, qui a réussi à kidnapper Eichmann à Buenos Aires et à le dissimuler dans un avion El Al en partance pour Israël. 3. Le procès d’Eichmann à Jerusalem, ce qu’il a révélé sur la « banalité du mal » et l’analyse si intelligente qu’en fit à chaud Hannah Arendt.

Il était évident que le cinéma allait s’emparer d’une matière aussi riche. Ce fut le cas dès 1961 avec Opération Eichmann. En 1979, The House on Garibaldi Street, le livre de Isser Harel, le directeur du Mossad qui supervisa les opérations, fut adapté pour la télévision. En 1996, toujours pour la télévision américaine est tourné The Man Who Captured Eichmann avec Robert Duvall dans le rôle d’Eichmann. En 1999, j’avais vu dans les salles en France le remarquable documentaire co-réalisé par Eyal Sivan et Rony Brauman, Un spécialiste, portrait d’un criminel moderne. Il m’avait tellement marqué que j’en avais même lu le livre qui en avait été tiré et que je retrouve avec nostalgie, rempli de mes pattes de mouche illisibles. Enfin, en 2007, un film britannico-hongrois (sic) réalisé par Robert Young était sobrement intitulé Eichmann.

Le film de Chris Weitz (un homme de cinéma américain connu pour avoir prêté la main en tant que réalisateur, scénariste ou producteur, à des films aussi différents que American Pie, Twilight ou Rogue One) s’inscrit dans cette longue généalogie. Il rassemble un casting international autour de l’excellent Oscar Isaac. L’inoxydable Ben Kingsley y incarne l’ancien nazi à la perfection. Mélanie Laurent joue les utilités françaises – et paie ses impôts. La lecture du générique nous apprend que l’informe Mme Eichmann, quinquagénaire et boudinée, est interprétée par la sublime Gretta Scacchi qui, dans les années quatre-vingts incarnait mon idéal féminin.

Brièvement sorti aux Etats-Unis fin 2018 avant d’être racheté par Netflix pour sa diffusion mondiale, Operation finale se regarde sans déplaisir bien qu’on en connaisse par avance les rebondissements les plus rocambolesques et l’épilogue glaçant.

La bande-annonce

Men ★☆☆☆

Pour récupérer du traumatisme qu’elle vient de subir, une jeune Anglaise, Harper (Jessie Buckley) décide de louer un gîte à la campagne. Elle découvre un splendide manoir dans le Gloucestershire dont Geoffrey (Rory Kinnear) lui fait faire le tour du propriétaire. Mais, bien vite, dans cette immense maison isolée entourée d’une nature menaçante, le malaise s’installe.

Alex Garland est un sacré homme de cinéma qui, après avoir signé plusieurs scénarios, et non des moindres, de Danny Boyle (La Plage, 28 jours plus tard, Sunshine), est passé derrière la caméra (Ex Machina, Annihilation).

Men se présente comme un film d’horreur. Il appartient au sous-genre du folk horror, dont la spécificité est de se dérouler à la campagne et de faire fond sur les mythes et traditions populaires les plus perturbantes. Midsommar – mon film préféré en 2019 – en est l’exemple le plus caractéristique et le plus réussi.

Mais Men a un sous-texte que son titre annonce. Il s’agit d’un film sur la masculinité toxique qui empoisonne la vie de Harper. On découvre par bribes le traumatisme qu’elle a subi. On la voit ensuite se heurter aux quelques hommes qu’elle croise, qui ont tous le même visage – celui de l’acteur, remarquable, Rory Kinnear – et la même attitude faussement amicale : l’hôte qui lui fait visiter les lieux, le policier qui recueille son témoignage, le gamin qui l’insulte, le prêtre auprès duquel elle cherche du réconfort….

Men culmine dans un final d’apocalypse. Les avis en sortant de la salle sont divisés : certains rient aux éclats devant ce grand n’importe quoi, d’autres en sont durablement traumatisés. Aucun ne l’oubliera en tout cas.

La bande-annonce

Margaret (2011) ★★☆☆

Lisa (Anna Paquin) est une adolescente new-yorkaise scolarisée dans un établissement huppé de l’Upper West Side. Ses parents sont divorcés : son père est parti s’installer en Californie avec sa nouvelle compagne ; Lisa est restée à New-York avec son petit frère et sa mère (J. Smith-Cameron), une comédienne à succès que courtise un riche Colombien (Jean Reno). Son instabilité émotionnelle l’a conduite à multiplier les aventures : avec un camarade de lycée, puis avec son professeur de mathématiques (Matt Damon).
La vie de Lisa éclate lorsqu’elle cause un accident de la circulation et qu’une passante, Monica (Allison Janney), est fauchée par un bus dont Lisa avait distrait l’attention du conducteur (Mark Ruffalo). La jeune femme, écrasée par la culpabilité, part à la recherche de la famille de la victime pour l’inciter à entamer une procédure contre la régie des transports de Manhattan.

Margaret est un film maudit, tourné en 2005, mais sorti seulement six ans plus tard. La cause de ce retard : la bataille dantesque entre le réalisateur, Kenneth Lonergan, qui, fort de sa réputation de dramaturge à succès à Broadway, avait obtenu le director’s cut, et le studio Fox Searchlight qui n’avait pas accepté de distribuer le film dans sa version initiale de trois heures. C’est finalement une version amputée, de deux heures trente quand même qui sortait en catimini aux Etats-Unis en 2011, puis en France, fin août 2012 (en vf et sans projection de presse).
Margaret n’en acquérait pas moins une réputation de film culte, trouvant même sa place dans la liste de la BBC des cent meilleurs films du siècle. Cet argument n’était pas le moindre qui me poussait à le voir.

Force est d’avouer que je fus déçu. Sans doute Margaret est-il remarquablement interprété, notamment par son héroïne, la jeune Anna Paquin, découverte face à la caméra de Jane Campion en 1993 dans La Leçon de piano. Elle est entourée d’une pléiade de stars plus habitués aux premiers rôles qu’aux seconds : Matt Damon, étonnamment effacé dans un rôle ingrat, Mark Ruffalo (dont le premier film de Kenneth Lonergan avait lancé la carrière) et Matthew Broderick, le professeur de littérature de Lisa qui lit le poème qui éclaire le titre du film.

Mais Margaret ne justifie pas sa réputation sulfureuse. Le montage est très rapide, qui témoigne des efforts inlassables pour en ôter les intrigues secondaires et les secondes superflues. Mais la durée du film, anormalement obèse, ne se justifie pas. Si Lisa traverse une époque chaotique de sa vie et cristallise autour de la mort de Monica toutes les émotions que la fin de son enfance suscite (la relation houleuse avec sa mère, l’éloignement de son père, la perte de sa virginité….), son histoire aurait pu être racontée plus brièvement.

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Petite Fleur ★☆☆☆

José (Daniel Hendler) est un dessinateur argentin en manque d’inspiration. Il s’est installé en France, à Clermont-Ferrand avec Lucie (Vimala Pons) qui vient de lui donner un enfant. Epuisé par l’éducation de leur enfant, le couple s’enfonce dans la routine. Deux rencontres vont peut-être l’en sortir : avec un voisin horripilant (Melvil Poupaud) et avec un psychologue limite gourou (Sergi Lopez).

Le réalisateur argentin Santiago Mitre (El Presidente) est venu tourner en France l’adaptation du roman de son compatriote Iosi Havilio. Son pitch et sa bande-annonce flirtent avec le fantastique ou, pour utiliser une expression souvent répétée pour caractériser la littérature sud-américaine, avec le réalisme magique : un homme en tue un autre qui, chaque semaine ressuscite.

Une fois engagé dans ce chemin, le scénario n’a guère d’autres possibilités que les deux qui se présentent à lui : ces meurtres répétitifs ont une explication logique… ou bien n’en ont pas. Et s’ils n’en ont pas, c’est, sauf à perdre la raison, qu’ils sont une métaphore. Oui… mais une métaphore de quoi ?

Je crois avoir compris qu’il s’agit d’une métaphore du couple, de l’ennui qui le menace, de la nécessité de sortir de la routine qui le gangrène lentement. Mais je n’en suis pas absolument certain.
Les Cahiers du cinéma sont plus catégoriques : « Le propos de Petite fleur est transparent : la libido, ferment de l’amour comme de la création artistique, ne peut survivre sans charrier avec elle une part de violence. » Soit… L’idée se défend.
Mais c’est sa mise en scène qui pose problème. Car cette idée, pas follement originale, ne suffit pas à elle seule à porter un film. Passé le plaisir qu’on prend à voir le personnage joué par Melvil Poupaud se faire assassiner chaque semaine, le film fait du surplace.

La bande-annonce

Sweat ★★☆☆

Sylwia est une pro du fitness polonaise. À force de sacrifice, elle a sculpté un corps de rêve. Ses cours de fitness qu’elle relaie sur les réseaux sociaux sont suivis par une foule de fidèles. Cette influenceuse compte plus de six cent mille abonnés. Mais l’immense popularité de Sylwia cache une immense solitude.

Sweat traite d’un sujet éminemment contemporain et profondément original. Il filme trois jours de la vie d’une influenceuse, cette profession qui dit-on fait désormais autant rêver les enfants que celle de footballeur ou de pop star et qui consiste, si je l’ai bien comprise, à profiter de la célébrité acquise sur les réseaux sociaux pour y faire la publicité rémunérée des produits fournis par des annonceurs.
Cette surmédiatisation remet en cause les frontières entre la vie publique et la vie privée. Mieux : elle les nie, l’influenceur.se promettant à ses followers de partager avec eux sa vie privée.

On pourrait se moquer de cette nouvelle profession, en stigmatiser l’artificialité, en dénoncer la vacuité. Il est facile d’imaginer que l’image avantageuse que donnent ces influenceur.ses est à mille lieux de la réalité moins glamour de leur quotidien.
L’écueil de Sweat était de se borner à ce message-là.

Je n’arrive pas à savoir si Sweat justement s’y borne ou s’il est plus malin que ça. Pendant tout le film, j’ai soupiré : « Bon… ça va… on a compris …. la jeune bodybuildeuse glamour est en vérité une pleureuse en manque d’amour ». Mais, avec le recul, je trouve au personnage de Sylwia plus d’épaisseur que je ne lui en concède. Les événements traumatisants qu’elle vit – et qu’elle provoque – dans la seconde partie du film – et que je tairai pour ne pas être accusé de divulgâchage – sont plus émouvants que la visite dominicale prévisible qu’elle rend à sa mère pour son anniversaire dans la première.

Sweat est un film polonais dont je ne sais pas s’il est emblématique de ce pays et de sa récente évolution politique et sociologique. Je serais curieux de ce que Hollywood pourrait faire d’un tel sujet.

La bande-annonce

Loving Highsmith ★★☆☆

Patricia Highsmith (1921-1995) est une romancière américaine dont les thrillers ont souvent été adaptés au cinéma. Elle accède à la célébrité dès son premier roman, Strangers on a Train, dont Alfred Hitchcock tire L’Inconnu du Nord-Express. Son personnage le plus connu est Tom Ripley – dont le documentaire nous apprend qu’il lui a été inspiré par la silhouette d’un homme solitaire aperçu à l’aube sur la plage de Positano – qui inspirera René Clément (Plein soleil) et Anthony Minghella (Le Talentueux Monsieur Ripley).

Le documentaire que lui consacre Eva Vitija est d’une facture très classique. Sans originalité, il alterne les interviews de Patricia Highsmith elle-même, de ses proches et des images d’archives.
Il révèle le poids déterminant dans la construction de la personnalité de la jeune Patricia de sa mère, qui s’était séparée du père de Patricia avant sa naissance et qui n’a jamais donné à sa fille l’amour que celle-ci lui réclamait désespérément.

Loving Highsmith est le portrait d’une écrivaine. C’est aussi le portrait d’une homosexuelle à une époque et dans un pays où le lesbianisme ne pouvait pas se vivre à visage découvert. En 1952, s’inspirant d’une anecdote qui lui était arrivée (elle avait croisé le regard d’une belle inconnue chez Bloomingdale’s) Patricia Highsmith écrit Carol. Craignant le scandale et la réaction de sa mère, elle le publie sous pseudonyme et n’en assumera la paternité que quarante ans plus tard.

Loving Highsmith a retrouvé les amantes de l’écrivaine aux Etats-Unis, en France, en Allemagne et même en Angleterre où elle a acheté un cottage pour se rapprocher d’une femme mariée qui finalement n’aura pas le courage de quitter son mari. Un temps installée en France, à Montcourt, en Seine-et-Marne, Patricia Highsmith en part après d’obscurs démêlés avec le fisc. Elle achève sa vie en Suisse, seule avec ses chats, dans une immense maison sans charme qu’elle avait fait construire en pleine nature. On hésite à considérer que son crépuscule fut serein, comme le documentaire aimerait nous en convaincre, ou profondément neurasthénique.

La bande-annonce

Entre la vie et la mort ★☆☆☆

Leo Castaneda (Antonio de la Torre) est espagnol. Il vit à Bruxelles. Il est conducteur de métro. Sa vie banale cache en fait un lourd secret que la mort brutale de son fils, après un braquage, va l’obliger à révéler à Virginie (Marine Vacth), l’inspectrice de police chargée de l’enquête.

Entre la vie et la mort est un polar fiévreux et cosmopolite. Son action se déroule à Bruxelles. Son réalisateur est chilien. Ses trois acteurs principaux sont espagnol, français et belge. Comme avec ces mauvais vins vendus à vil prix, réalisés à partir de « cépages de la CEE », on aurait pu redouter le pire. Entre la vie et la mort charrie son lot de clichés, à commencer par son titre grandiloquent, son personnage principal de héros taiseux, consumé de l’intérieur par le drame qui le frappe et par son scénario pépère qui nous mène gentiment vers le défouraillage final.

Entre la vie et la mort est sauvé de justesse par un montage intelligent d’une histoire passablement emberlificotée dont les pièces du puzzle s’agencent patiemment. Il est surtout transcendé par l’interprétation fiévreuse d’Antonio de la Torre. On connaissait l’acteur espagnol pour ses rôles chez Rodrigo Sorogoyen (Que Dios nos perdone, El Reino). Revers de la médaille : sa prestation éclipse celles de Marine Vacth, bien falote dans un personnage trop grand pour elle, et d’Olivier Gourmet qui cachetonne sans conviction dans un rôle dispensable.

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Le Divorce de mes marrants ★★☆☆

Romy a été élevée par sa mère. À vingt ans passés, elle décide  de renouer avec son père et de comprendre le motif du divorce de ses parents.

Le Divorce de mes marrants inspire des réactions contrastées. D’abord, on tombe immédiatement sous le charme de Romy, une jeune femme aussi séduisante que douée. Et on se méfie de cette inclination trop brutale qui risque d’altérer l’objectivité de notre jugement.

Prenant un pas de recul, on se méfie alors de la démarche de la réalisatrice. On se dit qu’elle fait, sur le dos du spectateur qui n’avait rien demandé, une analyse pour solder le traumatisme provoqué par la séparation de ses parents. On découvre un père maniaco-dépressif dont la maladie n’excuse pas les outrances et une mère qui en fut certes la victime mais qui semble elle aussi sacrément déjantée.

Puis finalement – troisième temps de cette valse-hésitation – on se laisse convaincre par ce projet dans lequel Romy nous a embarqué. On se laisse toucher par l’impudeur qu’elle a accepté de dépasser et on se laisse séduire par l’intelligence avec laquelle elle nous le présente.

En sortant de la salle, on n’est pas totalement convaincu d’avoir vu un grand documentaire – telle n’était d’ailleurs pas manifestement sa prétention ; mais on est content d’avoir rencontré une belle personne.

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I’m Your Man ★★☆☆

Alma (Maren Eggert) est chercheuse au musée Pergamon de Berlin où elle dirige une petite équipe spécialiste de l’époque sumérienne. Pour recueillir des fonds, elle accepte, non sans rechigner, d’accueillir à son domicile un humanoïde pendant trois semaines et de le tester. Produit phare de la société Terrareca, Tom (Dan Stevens) a été conçu pour être le compagnon idéal de la femme allemande et lui apporter le bonheur. Mais Alma n’a pas envie d’être heureuse.

I’m Your Man semble tout droit sorti de l’imagination débordante des scénaristes de Black Mirror. Mettant en scène un robot, il pose la question diablement contemporaine du statut de l’intelligence artificielle dans nos sociétés et celle, intemporelle, de l’essence de l’humain. La question traverse le cinéma depuis Metropolis en passant par 2001, Odyssée de l’Espace, Blade Runner, I.A., Her ou, plus récemment la série suédoise Real Humans, le film qu’on dit très décevant de Jeunet Big Bug sur Netflix ou encore la comédie Yves  passée inaperçue malgré son titre si séduisant (!).

Sacrée gageure pour ce film allemand, adapté d’une nouvelle publiée outre-Rhin en 2019, que d’apporter du nouveau à un thème si rebattu. On craint un instant le pire : qu’aux premières réticences opposées à Alma succède une ro(bo)mance éculée. Le scénario est plus malin qu’il en a l’air, qui pose des questions aussi fondamentales que le conditionnement des êtres et le sens de l’amour et y apporte des réponses moins éculées qu’on pouvait le redouter.

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