Dans un futur proche, en Norvège. Après que le Premier ministre écologiste a annoncé sa décision de substituer le thorium aux énergies fossiles, la Russie intervient pour forcer la Norvège à reprendre sa production de pétrole. Chaque Norvégien est placé face à un dilemme : coopérer avec le nouvel occupant ou résister ?
Romans, films, séries TV : les pays nordiques sont à la mode. Qui n’a pas aimé les films de Lars von Trier, les polars de Jo Nesbø (co-scénariste de Occupied), de Stieg Larsson ou de Arnaldur Indriðason, la série Borgen avec sa charismatique politicienne danoise ? Occupied, la plus chère série norvégienne réalisée à ce jour, exportée dans le monde entier (et désormais disponible sur Netflix) s’inscrit dans cette veine.
Occupied est une série géopolitique qui se nourrit d’une peur : le retour de la menace russe. Elle imagine, avec beaucoup de réalisme, non pas une invasion armée rythmée par le bruit des chars et des bottes, mais la mainmise sur un petit pays de son puissant voisin. D’ailleurs la menace russe a, dans la série, un visage complexe et séduisant : celui de l’ambassadrice Sidorova.
Pour lutter contre cette menace, la Norvège ne peut compter que sur ses propres forces. L’Union européenne, à laquelle Hippolyte Girardot, dans le rôle d’un commissaire européen inféodé à la toute-puissante Allemagne, prête ses traits, est la complice silencieuse des menées russes. Les États-Unis, obsédés par leur crainte d’être entraînés dans un conflit global avec la Russie, ne sont guère plus solidaires et se révèleront à la fin de la première saison des alliés bien peu fiables. Quant à l’Otan et sa clause de solidarité, c’est à peine si elle est évoquée.
Face à l’occupation russe, chaque Norvégien réagit à sa manière : le Premier ministre, son garde du corps, sa cheffe de cabinet, la directrice de la sécurité nationale, un journaliste et son épouse…. Tout l’intérêt de cette série, qui se prolonge sur trois saisons et un total de vingt-quatre épisodes, est d’éviter de figer chaque personnage dans une posture. Il n’y a pas d’un côté des collabos et de l’autre des résistants, mais des êtres humains indéterminés et changeants. Le Premier ministre Jesper Berg, remarquablement interprété par Henrik Mestad, est sans doute le plus attachant. Soucieux au premier chef de protéger son peuple, on le voit lâchement multiplier les reculades durant la première saison avant d’embrasser une posture plus lucide et plus guerrière au risque, à la fin de la deuxième, de verser dans des excès inverses.
La troisième saison vient de sortir. Ce n’est pas la meilleure. L’action est tellement rebondissante qu’elle en devient difficilement compréhensible. Aucune saison supplémentaire n’est prévue.