Stéphanie Gaillard a suivi pendant une année les joueuses de l’Olympique lyonnais, le club le plus titré du football français, qui vont tenter en 2018-2019 de remporter comme les deux saisons précédentes le triplé Coupe de France, championnat de France et Ligue des champions.
On diffuse aujourd’hui des documentaires sur tout – à la différence d’une époque antérieure au succès de Michael Moore, où rares étaient les documentaires qui se frayaient un chemin en salles : la vie des insectes, la migration des oies sauvages, les pingouins de l’Antarctique…. Aussi, n’est-il pas surprenant que le football attire la curiosité des documentaristes et de leurs spectateurs. On avait eu Les Yeux dans les bleus en guise d’album souvenir de la folle victoire de 1998, Zidane, un portrait du XXIème siècle en lever de rideau du Mondial 2006 et Diego Maradona en 2019.
Le sujet des Joueuses laisse augurer une étude sur le football féminin et une critique, fût-elle indirecte, des inégalités qui le séparent encore du football masculin : manque de considération, de visibilité, différentiel de salaires… Or, il n’en est quasiment jamais question. Stéphanie Gaillard ne se lance pas dans un film à thèse, ni ne mène une croisade. Très modestement, elle se contente de poser sa caméra dans les vestiaires et de nous y montrer la vie quotidienne, presque banale, de ces jeunes femmes qui y passent avant ou après leurs entraînements. C’était la même démarche qu’avait suivie Beau Joueur avec les rugbymen de l’Aviron bayonnais.
Elles nous deviennent bientôt familières et brillent par leur diversité et par leur personnalité. Il y a d’abord Ada Hegerberg, la belle Norvégienne, Ballon d’Or 2018, l’immense (1m87) Wendie Renard, la capitaine, Sarah Bouhaddi, la gardienne de but et Selma Bacha, la toute jeune latérale gauche qui passe son bac cette année-là et qui grandit à l’ombre de ses aînées.
La vie du groupe est rythmée par les entraînements, les déplacements, les matchs. Même si la concentration est de rigueur et la décompression autorisée après les victoires, on touche à ce qu’a de routinier la vie de ces sportives de haut niveau qui exercent un métier finalement pas si différent d’un autre. On y est surtout sensible à la camaraderie bienveillante qui semble régner dans leur sororité et on s’interroge sur ses causes : trouve-t-on la même complicité dans les vestiaires des garçons ? ou est-ce là une spécificité féminine ?
Les Joueuses est autant un documentaire sur le football féminin que sur un collectif uni par l’exercice d’un même métier. Il n’est nécessaire ni peut-être pertinent d’être passionné.e de ballon rond pour le regarder.