Dieu peut se défendre tout seul ★☆☆☆

Richard Malka est depuis 1992 l’avocat de Charlie Hebdo. Il a défendu le directeur de sa publication en 2007 et en 2008 dans les procès que lui avaient intentés l’Union des organisations islamiques de France et la Mosquée de Paris pour avoir repris les caricatures de Mahomet publiées par le journal danois Jyllands-Posten et obtenu sa relaxe en première instance puis en appel. Ces procès avaient fait l’objet en 2008 d’un film, C’est dur d’être aimé par des cons, et d’un livre, Éloge de l’irrévérence, rassemblant les plaidoiries de Richard Malka et de Georges Kiejman lors de ces procès.

Le même dispositif est déployé autour de la plaidoirie qu’il prononce en décembre 2020, en qualité d’avocat des parties civiles au procès qui se tient devant la cour d’assises spéciale contre les complices des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher. Elle est publiée chez Grasset en 2021 sous le titre Le Droit d’emmerder Dieu. Elle fait aujourd’hui l’objet d’un documentaire sous un titre légèrement moins provocateur.

Sorti en catimini, dans deux salles parisiennes et cinq villes de province à peine, au cœur de l’été 2024, près de quatre ans après le procès, le documentaire d’Isabelle Cottenceau peine, par sa durée – une heure vingt à peine – et par sa qualité à se différencier du docu TV de 52 minutes. Il est tout entier centré sur Richard Malka, laissant à penser que l’homme travaille seul, sans associé ni collaborateur. Il lit face caméra le texte de sa plaidoirie et revient sur la généalogie de ce procès.

Richard Malka a donné un visage à un combat : celui de Charlie Hebdo pour la liberté d’expression et même pour le droit au blasphème. Il a raison d’affirmer qu’en France, société pluraliste et laïque, le respect de toutes les croyances doit pouvoir se conjuguer avec le droit de critiquer toutes les religions. Pour autant, le vibrant plaidoyer de Richard Malka serait plus convaincant encore si l’avocat ne prenait pas la défense de Manuel Valls dans le procès intenté en 2015 contre Dieudonné pour injure publique, celle de la crèche de Baby Loup demandant le licenciement d’une salariée voilée, celle enfin de Charlie Hebdo dans le procès qui l’opposait à une publication pastiche Charpie Hebdo. Dans ces trois instances là, Malka reprochait précisément à ses adversaires ce qu’il revendiquait à raison dans sa plaidoirie de 2020 : la liberté d’expression.

La bande-annonce

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