Histoires de femmes.
Malheureuse auprès d’un mari qui ne lui donne plus de plaisir, Agata fantasme sur le curé de sa paroisse. Iza espère pouvoir enfin épouser l’homme marié dont elle est la maîtresse depuis plusieurs années et qui vient de perdre sa femme. Renata, une enseignante proche de la retraite, est secrètement amoureuses de Marzena, la sœur d’Agata, une ancienne reine de beauté qui cherche sans succès à percer dans le mannequinat.
Vous n’avez rien compris à ce résumé trop dense ? Estimez vous heureux. Le film est plus incompréhensible encore qui ne se comprend qu’après coup, une fois bouclées le destin de ces quatre femmes frustrées, animées de pulsions inavouables : séduire un prêtre, épouser un veuf, conquérir le cœur d’une hétérosexuelle…
La construction semble en tous points calquée sur celle de Certaines femmes, le film de Kelly Reichardt sorti en début d’année : soit le portait kaléidoscopique de plusieurs femmes murées dans leur solitudes que relie entre elles un fil narratif ténu. Je lis qu’il s’agirait d’un manifeste féministe. Je trouve au contraire que les femmes n’y ont pas le beau rôle qui courent sans raison après un rêve inatteignable au risque d’y perdre leur dignité.
L’action est censée se dérouler en Pologne en 1990 juste après la Chute du Mur. Pourtant, rien dans la lumière grise et les héroïnes dépressives ne laisse imaginer l’ivresse de liberté qui a saisi la Pologne – sauf à vouloir démontrer que cette soi-disant ivresse était une construction occidentale qui n’a pas eu une once de réalité à l’Est.
United States of Love vaut surtout par l’éclairage et le cadrage : images pâles, sous-saturées, cadrages millimétriques inspirés des natures mortes des peintres hollandais. La chair y est montrée nue, flasque, presque animale : ventres débordants, pénis détumescents, seins vergéturés… C’est pathologiquement beau. C’est surtout foncièrement triste.