Chloé a mal au ventre. Son mal lui dit-on, est psychosomatique. Elle consulte un psychiatre, dont elle tombe amoureuse, qui l’aide à identifier le syndrome familial qui en était la cause. Mais, après que le jeune couple se sera installé ensemble, elle découvrira que son conjoint lui a caché un pan de sa vie.
Qui est François Ozon ? Le réalisateur le plus brillant de sa génération ? Ou un faiseur dont les énigmes prétentieuses se dégonflent comme des baudruches ?
Ce n’est pas L’Amant double qui permettra de trancher cette question qui accompagne peu ou prou la sortie de chacun des films d’une désormais bien remplie filmographie. Sous le sable ou Swimming pool, Jeune & jolie ou Frantz sont, chacun à leur façon, suffisamment réussis pour susciter l’intérêt, mais un peu trop artificiels pour ne pas éveiller le soupçon.
Il y a certes du génie dans la façon dont Ozon campe ses personnages. Et une bonne part de provocation. Comme ce premier plan d’un sexe de femme fouillé par un spéculum, filmé en gros plan. L’ovale du sexe se confond dans celui de l’œil de Chloé, qui pleure sur la table d’examen de son gynécologue. Cette entrée en matière louche un peu trop du côté de L’Origine du monde pour surprendre. Mais, ces réserves levées, on se laisse vite hypnotiser par Chloé, incarnée avec une fragile beauté par Marine Vacth, qui gravi de vertigineux escaliers colimaçon et se perd dans des intérieurs glaçants.
L’Amant double serait une version moderne de Vertigo s’il ne se perdait pas, dans sa second partie, dans un salmigondis psychanalysant sur fond de gémellité pathologique. David Cronenberg avait déjà tourné un film sur le même thème en 1988 avec Jeremy Irons et Geneviève Bujold. Entre Paul qu’elle aime et Louis qu’elle désire, la malheureuse Chloé ne sait plus où donner de la tête. Hélas, on ne partage jamais son trouble, la faute peut-être à Jérémie Renier, un acteur trop doux pour jouer des rôles de durs.