Amel est photographe. Elle expose ses premières œuvres lorsque son mari décède brutalement laissant cette orpheline seule avec sa belle-famille, des riche patriciens de Tunis. Encouragée par son beau-père, Amel décide de continuer à photographier et entend donner à son art un tour de plus en plus provocateur, invitant des jeunes hommes à poser nu pour elle. Mais c’est sans compter sur les résistances que ses choix suscitent, chez sa belle-famille et dans son entourage.
L’Amour des hommes aurait pu être un film extraordinaire. Un film sur la photographie – comme Blow up d’Antonioni dont il revisite l’affiche. Un film sur la libération des femmes – car Amel entend photographier le corps des hommes avec la même gourmandise que les hommes ont coutume de photographier celui des femmes. Un film sur la Tunisie contemporaine – couturée de tabous mais vibrante de ses libertés refoulées.
Mais hélas L’Amour des hommes est un film raté. Un film qui ne marche pas. Il ne s’en faut de pas grand-chose. Et je confesse volontiers une part de subjectivité assumée dans ce jugement à l’emporte-pièce.
Prenez l’élégante musique de Karol Beffa dont les accents veloutés ne sont pas sans rappeler ceux de Georges Delerue : ils conviendraient mieux à un drame bourgeois tourné par Chabrol ou Ozon dans la froideur de l’hiver parisien des années Pompidou qu’à ce film tunisien sous un soleil brûlant.
Prenez Hafsia Herzi. La jeune actrice d’origine tunisienne était, sur le papier, l’actrice parfaite pour le rôle d’Amel : suffisamment étrangère pour oser ce que les Tunisiennes n’oseraient pas, suffisamment tunisienne pour ne pas faire figure de pièce rapportée. Mais malheureusement, malgré son charme et son talent, la greffe ne prend pas et son jeu sonne faux, dès la première scène du film qui la confronte à la mort de son mari.
Prenez la figure de son beau-père, un patriarche cultivé qui prend l’orpheline sous son aile protectrice mais qui hélas se révèle tristement animé par de bien vils motifs… jusqu’à une scène splendide qui l’exonère de ses pêchés.
Prenez l’ultime pirouette de L’Amour des hommes qui voudrait exalter l’irréductible liberté d’Amel. Elle manque de crédibilité et fait tourner court la seule histoire d’amour du film.