À Tunis de nos jours. Sami est fils unique. Il prépare son bac. Il est l’enfant chéri de Riad et de Sazli, un couple déjà âgé dont on comprend qu’il a eu Sami sur le tard.
L’adolescent a de violentes céphalées qui inquiètent ses parents. Ils le font consulter sans succès : un neurologue, un psychiatre… Puis, soudain, Sami disparaît. Ses parents comprennent qu’il est parti en Syrie faire le djihad. Son père décide d’aller l’y chercher.
La radicalisation est un sujet brûlant dont le cinéma n’a pas tardé à s’emparer avec un succès inégal. Dès 2011, avant les attentats de Charlie Hebdo ou du Bataclan, Philippe Faucon suivait dans La Désintégration avec une belle prescience la dérive d’un groupe de jeunes dés-intégrés. En 2015, Thomas Bidegain filmait dans Les Cowboys un père à la recherche de sa fille. Moins inspirée, en 2016, Marie-Castille Mention-Schaar racontait dans Le ciel attendra l’histoire de deux jeunes filles, l’une en cours de radicalisation, l’autre en voie de déradicalisation.
On attendait avec intérêt ce film sur le même sujet d’un réalisateur tunisien qui, sans prétendre se faire l’ambassadeur de son pays, nous éclaire sur la radicalisation vue de l’autre côté de la Méditerranée. On en est pour son compte d’une analyse politique ou sociologique. Ce n’est pas dans ce registre là que Mon cher enfant s’inscrit. Au contraire, comme son titre et son affiche l’annoncent, c’est moins un processus de radicalisation qu’une relation père-fils que Mohamed Ben Attia, déjà remarqué pour Hedi, un vent de liberté, analyse.
On ne saura rien de la façon dont Sami a été recruté, ni des motifs profonds pour lesquels il quitte la Tunisie. Le sujet est entièrement filmé du point de vue du père et du regard aimant qu’il porte sur son fils. Sans doute son amour l’aveugle-t-il. Mais on aurait scrupule à lui en faire le reproche. Quand la vérité s’impose à lui, il a la seule réaction digne : tout mettre en œuvre pour ramener son fils. Le film le suit en Turquie et aurait pu prendre un virage vers le thriller. Mais Mohamed Ben Attia n’en fait rien. L’attitude du père, sa décision surprennent. On ne peut rien en dire sinon qu’elle est profondément crédible et profondément touchante. Humain, trop humain…