Le cinéma roumain est décidément surprenant. Sans doute n’a-t-il plus atteint les sommets de 4 mois, 3 semaines, 2 jours, Palme d’or à Cannes en 2007. Mais il nous réserve régulièrement de jolies surprises. Mère et Fils de Calin Peter Netzer ou Le Voyage de Monsieur Crulic de Anca Damian figurent parmi les meilleurs films que j’ai vus ces dernières années.
Dans la jeune garde roumaine, Corneliu Porumboiu s’était distingué avec deux films hors norme. Le premier, 12 h 08 à l’est de Bucarest, était un vrai-faux documentaire rassemblant des témoignages sur la chute de Ceaucescu. Le second, Match retour, filmait le père du réalisateur commentant le match de football qu’il avait arbitré, en 1998, sous une neige épaisse, entre deux équipes roumaines.
Le Trésor est d’une teneur plus académique, même s’il conserve le parfum de bizarrerie de ses précédentes réalisations. Persuadé que son arrière-grand-père a laissé un trésor dans son jardin, un homme convainc son voisin de louer un détecteur de métaux pour le déterrer.
On imagine que le film est une métaphore. Celle d’une société roumaine qui peine à solder ses comptes avec son passé ? Ou qui se réfugie dans des espoirs chimériques pour fuir un présent ingrat ?
Rien de tout cela ! Le Trésor filme – longuement – deux hommes en train de creuser un trou. Le suspense fonctionne assez bien, évitant de trouver le temps trop long et le trou trop profond : que vont-ils découvrir ? Rien ? Quelque chose ? Et s’ils déterrent un trésor que vont-ils en faire ?
Très intelligemment – ou très stupidement – les réponses à ces questions sont frustrantes. C’est là ce qui fait l’originalité du film – ou, si on est mal luné, son absence d’intérêt.