Le Grand Jeu explore un champ délaissé du cinéma français : le sommet de l’État. Des Trois Jours du Condor à House of Cards, le cinéma américain, lui, l’a exploré en tous sens. En revanche rares et souvent maladroits sont les films français qui s’aventurent dans les couloirs du pouvoir : L’Exercice de l’État (qui ne méritait pas les louanges qu’il a reçus), Une affaire d’État (avec André Dussolier déjà)…
Le Grand Jeu raconte une manipulation politique. Pour faire tomber le ministre de l’Intérieur, un homme d’influence (André Dussolier) décide de monter en épingle la menace de l’extrême gauche radicale. Un écrivain (Melvil Poupaud), en pleine crise de la page blanche, est recruté pour rédiger un appel à l’insurrection qui servira de document à charge pour démontrer la dangerosité de cet extrême gauche et le laxisme du ministre.
Le film a deux défauts : le premier – comme L’Exercice de l’État en son temps – est son manque de crédibilité. Non ! Le sommet de l’État – ou du moins celui que je connais – n’est pas peuplé de comploteurs et d’hommes de main. Ce qu’on y fait est beaucoup plus banal et beaucoup moins illégal.
Le second est plus rédhibitoire encore s’agissant d’une œuvre de cinéma. Le film commence sur un bon tempo. Mais il s’enlise dans sa seconde moitié lorsque l’écrivaillon part se réfugier à la campagne. La nuit urbaine dans laquelle se déroulait la première partie convenait mieux que le jour laiteux qui baigne la seconde. Et il sombre définitivement dans sa conclusion, qui louche du côté du film d’action sans s’en donner les moyens.
Ping La Mécanique de l’ombre ★★★☆ | Un film, un jour