Deux migrants (réfugiés ?) burkinabés traversent le Sahara et la Méditerranée au péril de leurs vies. Ils débarquent en Sicile et y survivent tant bien que mal. L’un se fond dans le système, acceptant un logement insalubre, un travail au noir et les railleries racistes des Italiens ; l’autre ne l’accepte pas et se révolte.
La sortie de « Mediterranea » en septembre 2015 avait exactement coïncidé avec la mort du petit Aylan Kurdi.
L’immigré devient une figure cinématographique. Les films se multiplient qui retracent son voyage périlleux (« La pirogue » de Moussa Touré, « In this land » de Michael Winterbottom) et l’accueil pas toujours bienveillant qui lui est réservé à son arrivée en Europe (« Welcome » de Philippe Lioret, « Terraferma » de Emmanuele Crialese).
Tous ces films ont en commun de se focaliser sur des individus représentés dans leur humanité souffrante et courageuse.
Ce bel unanimisme est problématique. Sans doute faut-il se féliciter que le cinéma véhicule un tel message et ne se fasse pas le fourrier de thèses xénophobes. Mais il n’en demeure pas moins que ce cinéma bien-pensant est en décalage avec une opinion publique qui ne l’est pas ou qui ne l’est que par éclipses.
On va au cinéma le samedi soir compatir aux destins tragiques des héros de « Welcome » et de « Mediterranea »… et on vote dimanche matin pour des partis politiques qui ont renoncé à accueillir toute la misère du monde.