Samia a fui son son pays pour gagner la France. Elle y retrouve Imed, un ami de son frère, qui lui offre l’hospitalité. Samia, qui vit dans la peur d’être arrêtée et expulsée, trouve un travail chez Laila, une riche bourgeoise, qui vient de perdre son époux. Laila prend Samia sous son aile. Mais Imed se montre vite jaloux.
Raja Amari s’était fait connaître en 2002 en tournant Satin rouge, un film sur une mère de famille trop sage qui s’adonne à la danser du ventre dans un cabaret. C’était la première fois qu’Hiam Abbas occupait la tête de l’affiche. Depuis l’actrice palestinienne a fait la carrière qu’on sait en France, au Moyen-Orient et même aux États-Unis (on l’a vue au casting de Blade Runner 2049 ou du Munich de Spielberg). Pendant ce temps, la jeune réalisatrice tunisienne a disparu, sortant un seul film en 2010.
Raja Amari retrouve son actrice fétiche quinze ans après Satin rouge. Elle a vieilli, mais pas vraiment changé. À cinquante ans passé, Hiam Abbas joue le rôle d’une femme dont le mariage lui a permis de s’intégrer à la société française mais dont le veuvage la laisse désemparée. La relation qu’elle noue avec la jeune Samia est ambigüe. Elle l’accueille comme une mère, l’héberge, lui achète des vêtements, lui donne de l’argent. Mais, sevrée de tout contact physique depuis la mort de son mari, Laila nourrit envers Samia des sentiments plus troubles.
Imed vient compliquer cette relation – qu’illustre à merveille la belle affiche du film. Par délégation du frère de Samia, emprisonné au pays pour son intégrisme religieux, il veille sur elle. Il fait peser sur la jeune femme le double interdit de la religion et de la tutelle masculine. Corps étranger est l’histoire de ce trio, ou plutôt de ce quatuor car le frère quoiqu’absent et invisible – on ignore s’il est encore en prison ou s’il s’en est échappé pour la France – est présent dans tous les esprits.
La première moitié du film est stimulante qui met lentement ce trio en place. La seconde moitié déçoit qui peine à l’exploiter. Après une scène phare qui réunit dans l’appartement cossu de Laila les trois protagonistes, ivres d’alcool, de musique et de solitude, Corps étranger se dégonfle. Comme si le scénariste avait manqué d’idées pour exploiter une situation pourtant riche de potentialités. Dommage…