Productrice de télé survoltée, Nathalie (Léa Drucker) pend la crémaillère de la belle maison qu’elle vient d’acquérir « à trente-cinq minutes de Paris à vol d’oiseau »… mais un peu plus en voiture. Autour d’elle, sa sœur Hélène, toujours prête à s’engager pour la cause des déshérités au risque de négliger ses proches, l’ex-mari d’Hélène, Castro (Jean-Pierre Bacri) dont le talk-show racoleur produit par Nathalie connaît une perte de popularité, son chauffeur (Kevin Azaïs), la fille de Castro et d’Hélène, Nina (Nina Meurisse) qui va publier un roman à clés où elle caricature ses parents, la nouvelle femme de Castro, Vanessa (Hélène Noguera), ancienne miss Météo rêvant de monter sur les planches, Jean-Paul (Frédéric Dupont), l’homme dont Hélène est depuis toujours amoureuse, Biggistar, une nouvelle star de YouTube, etc.
Il est de bon ton de dire du mal du dernier film d’Agnès Jaoui. Les JaBac (Jaoui-Bacri), longtemps couple à la ville, pour toujours couple à l’écran, auraient épuisé la veine qui avait fait le succès de Un air de famille, On connaît la chanson, Le Goût des autres. Leurs grimaces feraient moins rire ; leurs dialogues feraient moins mouche.
La critique est méchante. car place publique est loin d’être un mauvais film. Il contient quelques scènes hilarantes – qui le seraient plus encore si on ne les avait vues et revues dans la bande-annonce diffusées ad nauseam avant la sortie du film. La direction d’acteurs est impeccable qui laisse s’exprimer tous les talents (mention spéciale à Léa Drucker, Sarah Suco et Olivier Broche). Et la morale du film, même si elle n’est guère innovante, touche souvent juste, qui fait le procès de la télé-spectacle, de la soif de célébrité et du jeunisme.
Place publique n’en a pas moins un immense handicap : il sort six mois après Le Sens de la fête, dont il reproduit quasiment à l’identique l’intrigue (une fête réunit l’espace d’une soirée une brochette de personnages), la tête d’affiche (Jean-Pierre Bacri au sommet de sa bacritude), le propos (une coupe longitudinale de la société française et de ses tics). Sur tous les tableaux, Place publique est juste un petit peu moins bon que Le Sens de la fête. Il m’a moins fait rire, m’a moins ému aussi.
La raison en vient peut-être, et paradoxalement, du manque de finesse du film de Nakache-Toledano. Les personnages de Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve, Vincent Macaigne ou Benjamin Lavernhe étaient hilarants parce qu’ils étaient monolithiques : un DJ prétentieux, un photographe ringard, un dépressif à la masse, un marié prétentieux… Dans Place publique, les personnages sont plus subtils, ni franchement sympathiques, ni carrément antipathiques. Du coup on s’y attache moins.