Halla, la cinquantaine, est une battante, une femme solitaire qui mène une double vie. Elle est musicienne et cheffe de chœur. Mais elle consacre son temps libre à mener des opérations clandestines pour la protection de l’environnement et contre l’implantation en Islande d’une usine de production d’aluminium.
L’adoption d’une jeune orpheline ukrainienne place Halla face à un dilemme : ses nouveaux devoirs de mère lui permettront-ils de poursuivre son combat ?
J’avoue avoir eu quelques hésitations face au pitch de Woman at War. Je le trouvais trop simpliste voire rétrograde : une femme obligée de sacrifier sa vocation à sa maternité. Heureusement Woman at War n’est pas une comédie tire-larmes sur les joies de l’adoption mais un thriller écologique remarquablement rythmé.
On ne quitte pas d’une semelle son héroïne, Halldora Geirhardsdottir, qui réussit même à se dédoubler puisqu’elle interprète aussi le rôle de la sœur jumelle de Halla, Asa, dont l’utilité au scénario s’éclairera à la fin du film. L’énergie de ce Robin des bois des temps modernes – Halla porte le prénom d’un bandit de grand chemin qui défia l’autorité étatique au XVIIème siècle – est communicative. On admire sa force physique et son intelligence quand elle réussit à échapper à ses poursuivants en courant dans la lande islandaise, en se jetant dans les flots glacés d’un torrent ou en se cachant sous la dépouille d’une brebis. Personnage d’autant plus admirable quand on sait dans quel mépris le cinéma tient les femmes de cinquante ans – quatre fois moins présentes au cinéma qu’elles ne le sont dans la société française selon une récente enquête de l’AAFA.
Mais l’énergie terrienne de son héroïne et la beauté impressionnante des paysages ne sont pas les seuls atouts de ce conte moderne. Une loufoquerie inattendue et surréaliste le traverse, incarnée par ce cycliste sud-américain qui croise le chemin de Halla aux moments les plus inattendus et par une fanfare (un piano, des percussions et un soubassophone) accompagnant un trio de choristes ukrainiennes.