Pierrot (Pierre Richard), Mimile (Eddy Mitchell) et Antoine (Roland Giraud) ont grandi ensemble dans le même petit village du Tarn. Si Pierrot est monté à Paris sans rien sacrifier à ses rêves soixante-huitards, si Mimile se languit dans un mouroir à Meuricy (sic), le trio se reforme à l’occasion de la mort de Lucette, l’épouse d’Antoine.
Aux lendemains des obsèques, le veuf inconsolable découvre que sa femme aurait eu une liaison avec Garan-Servier, le patron de l’usine où elle travaillait comme secrétaire et Antoine comme syndicaliste. Fou de rage, il se précipite en Italie où le vieux capitaine d’industrie, à moitié sénile, s’est retiré. Pierrot et Mimile, accompagné de Lucie, la petite-fille d’Antoine, se jettent à sa poursuite pour lui éviter de commettre l’irréparable.
L’affiche du film, le sous-titre aussi drôle qu’élégant qui la barre (« Il n’y a pas d’âge pour faire chier le monde »), la bande-annonce, la brochette d’acteurs principaux, dont l’heure de gloire remonte aux années soixante-dix, tout dans ces Vieux Fourneaux me faisait fuir. Et pourtant, dans un moment de relâchement, parce que je n’avais pas envie de voir un film lituanien en noir et blanc et qu’il passait dans l’UGC Gobelins flambant neuf qui vient de rouvir ses portes à un jet de pierre de chez moi, je suis allé le voir.
Ai-je bien fait ? Oui et non. Mon avis est mitigé comme le sont les deux étoiles que je lui attribue.
Car, dans sa première partie, Les Vieux Fourneaux a hélas conforté mes lourds a priori. Notre trio de vieilles canailles cabotine sans retenue et enchaîne les blagues pas drôles – sauf à trouver hilarant un papy bigleux qui jette la voiture qu’il conduit dans le décor ou fraude les péages d’autoroutes avec le brouilleur d’ondes qu’il a bricolé.
Mais dans sa seconde partie Les Vieux Fourneaux surprend. Non pas en entonnant le chant nostalgique et prévisible du grand âge qu’il faut savoir assumer avec sérénité, mais celui plus surprenant du passé qui ne passe pas. Il le fait à travers trois flash-back tournés chacun dans un style différent. Le troisième est le plus touchant, filmés en stop-motion avec de petites marionnettes en carton mâché.
La comédie pataude avec ses blagues téléphonées se leste soudain d’une gravité inattendue. Le scénario, dont on aurait pu craindre qu’il se contente d’aligner paresseusement les saynètes, se révèle avoir une unité et un sens. Autant de qualités qu’on n’attendait pas.