David est un adulescent de vingt-quatre ans qui vit à Paris de petits boulots. Son père vient de mourir ; il est sans nouvelles de sa mère qui, peu après sa naissance, est partie refaire sa vie à Londres. David est très proche de sa sœur aînée, Sandrine, et de sa nièce, Amanda.
La vie de David bascule quand Sandrine est tuée dans un attentat terroriste. Il doit faire le deuil de sa sœur et prendre en charge la petite Amanda.
Les vingt premières minutes de Amanda ne paient pas de mine. On y découvre la vie banale de Parisiens ordinaires : David court d’un job à l’autre, Sandrine enseigne l’anglais au collège, Amanda mange avec gourmandise des Paris-Brest. Mais ce bonheur sans histoire est brisé par un attentat, d’autant plus monstrueux, d’autant plus glaçant qu’il se déroule un jour d’été sur la pelouse du bois de Vincennes.
Mikhaël Hers aurait pu signer un film sur le Bataclan ou sur Charlie Hebdo : comment le terrorisme a sidéré la France en 2015. Mais tel n’est pas l’objet de Amanda. On ne saura quasiment rien de l’attentat proprement dit, de ses commanditaires, des poursuites au pénal ou au civil qui en résulteront.
Comme il l’avait fait dans son film précédent, Ce sentiment de l’été, le réalisateur s’intéresse au travail de deuil. Un deuil paradoxal puisqu’il se déroule pendant le temps suspendu de l’été, dans une lumière douce et chaude.
Le travail de deuil de David est compliqué par la présence d’Amanda. Un tel duo, formé d’un adulte et d’un enfant que les aléas de la vie rapprochent, est une figure rebattue du cinéma depuis Le Kid de Chaplin. C’est souvent le gamin qui en constitue le maillon faible, horripilant de cabotinage. Ici c’est l’inverse. La petite Isaure Multrier n’en fait pas trop. En revanche, Vincent Lacoste est exécrable. Tout en lui m’horripile : sa silhouette dégingandée, sa bouche molle, son rire idiot.
Ce sentiment de l’été démontrait une maîtrise achevée de l’ellipse. Il valait par ce qu’il ne montrait pas. Amanda est plus maladroit qui en montre trop. Ainsi de la mort de Sandrine. Ainsi de son annonce par David à Amanda sur un banc dans un square. Ainsi de la scène finale sur le court central de Wimbledon. Trois scènes inutilement démonstratives dont Amanda aurait pu faire l’économie.