Asako, une jeune Japonaise timide à peine sortie de l’adolescence, rencontre dans une galerie d’art Baku, un garçon au charme ténébreux. Elle en tombe instantanément amoureuse. Mais, trompant sa confiance, Baku la quitte sans un mot d’explication après quelques semaines de vie commune.
Dévastée de chagrin, Asako part refaire sa vie à Tokyo. Elle y travaille dans un café. Quelques années plus tard, elle fait la connaissance de Ryohei qui entretient avec Baku une ressemblance troublante.
J’étais déjà passé à côté de Senses, le film de six heures qui avait fait connaître Ryusuke Hamaguchi en France. Je suis aussi passé à côté de Asako I & II sélectionné en compétition officielle au dernier festival de Cannes.
Pourtant Le Monde le considère comme un chef d’œuvre et Jacques Mandelbaum lui consacre une critique dithyrambique : « un film d’une richesse et d’une sensibilité rares, récit d’initiation amoureuse qui ne passerait pas tant par les ponts aux ânes de la psychologie que par les souterrains de l’inconscient et du merveilleux ». Diantre…
Sur le papier, certes, Asako I & II suscite l’intérêt. On escompte une nouvelle variation sur le thème de Vertigo. Soit une intrigue policière autour de l’identité du nouveau compagnon de Asako et/ou une réflexion sur la marque indélébile laissée par un premier amour.
Hélas rien de tout cela n’arrive. L’intrigue policière tourne court ; car le scénario n’entretient aucun suspense sur l’identité de Ryohei et ses liens éventuels avec Baku. Hamaguchi n’a pas entendu se mesurer à Hitchcock et il a bien fait.
L’histoire ne suit qu’un seul fil : celui de la romance. Et on se pince devant la naïveté avec laquelle il le fait. Certaines scènes – telle celle où les trois copines pouffent dans un canapé – ne dépareraient pas dans un épisode de Hélène et les Garçons. Qu’on ait ou pas été marqué à tout jamais par son premier amour et qu’on recherche ou pas dans chaque relation à retrouver l’émotion de ces premières étreintes, on ne sera pas un seul instant touché par les atermoiements de la trop sage Asako ni par le charme du trop lisse Ryohei/Baku.