Irene, la petite quarantaine, ne sait plus où donner de la tête. Sa maison tombe en ruines. Sa sœur se réfugie chez elle pour fuir un mari violent. Ses quatre enfants s’agitent, chahutent et se bousculent du matin au soir. Et son aîné va quitter le foyer pour s’engager en Allemagne dans un club de handball professionnel.
Il est frappant de voir combien le cinéma brésilien s’intéresse à la famille. Les Bonnes manières (2017), Aquarius (2016), Une second mère (2015), Une famille brésilienne (2008) : autant de films qui, quand ils parlent d’amour, évoquent l’amour maternel. Est-ce à dire que la famille occupe au Brésil une place plus centrale qu’en Europe ? que la mère y est plus importante qu’en France ?
La Vie comme elle vient est d’une étonnante justesse. Pourtant il en aurait fallu d’un rien pour sombrer dans la mièvrerie ou dans l’insignifiance. La Vie comme elle vient réussit à maintenir l’intérêt sans raconter grand-chose : une sortie à la plage, un barbecue dominical, une cérémonie de remise de diplôme… La seule tension qui sous-tend le film est celle, bien ténue, qui entoure le destin du fils. Partira ? partira pas ? On sait par avance qu’il partira et que sa mère en aura le cœur brisé. On sait même par avance qu’elle est suffisamment forte, suffisamment solaire pour s’en remettre. Cette absence de suspense, loin de nuire au film, lui donne une énergie et une tendresse revigorantes.
Il le doit pour beaucoup à son héroïne, Karine Teles. Son compagnon à la ville, Gustavo Pizzi, est derrière la caméra. C’est son premier film. Ils ont écrit ensemble le scénario à quatre mains. Leurs enfants jouent le rôle des trois benjamins. Quelle est la part d’autobiographie dans cette joyeuse smala ? On n’en sait rien. Et c’est très bien ainsi…