Le capitaine Pierre Perdrix (Swann Arlaud, César 2018, taillé un peu trop large pour lui, du meilleur acteur masculin) dirige, sans toujours se faire respecter, une brigade de gendarmerie perdue au fond des Vosges. Soutien de famille depuis la mort de son père, il vit avec sa mère (Fanny Ardant), son frère (Nicolas Maury) et la fille adolescente de celui-ci.
Sa vie sans histoire est brutalement tourneboulée par l’arrivée en ville de Juliette Webb (Maud Wyler). La jeune femme, sans feu ni lieu, vient de se faire voler sa voiture par un gang de « nudistes révolutionnaires » (sic) et compte sur le capitaine et ses acolytes pour la retrouver.
Le cinéma français se porte bien. Ce premier film d’un réalisateur venu du journalisme (Erwan Le Duc travaille au sevice Sports du Monde) en témoigne, qui s’inscrit dans une riche généalogie. La lumineuse relation amoureuse qui se noue entre les deux héros rappelle Vincent n’a pas d’écailles ; la famille Perdrix avait sa pareille dans Gaspard va au mariage ; le personnage de Juliette, joyeusement barrée et farouchement indépendante, n’est pas sans ressembler à ceux joués par Vimela Pons comme par exemple dans La Fille du 14 juillet.
On se laisse immédiatement conquérir par ces personnages. La vraie héroïne est Juliette. C’est par elle que le bonheur arrive, qui pousse chaque personnage, à commencer par Pierre Perdrix, mais aussi sa mère, son frère, sa nièce, à commencer à vivre. Dans Théorème de Pasolini, l’arrivée d’un mysterieux visiteur jetait le trouble dans une riche famille milanaise. Terence Stamp était un astre noir, d’une diabolique beauté. Maud Wyler est un rayon de soleil.
Perdrix est burlesque, tendre, surréaliste. En un mot charmant. On pourra s’en satisfaire. Mais on pourra aussi faire la fine bouche. Passer la comédie romantique au tamis du burlesque tendre change la recette mais pas les ingrédients : il s’agit toujours d’une histoire d’amour qui frise l’inconsistance. Et si la galerie de personnages est attachante, la mère animatrice radio, le frère géodrilologue [le mot rare du jour] et la nièce apprentie pongiste, il n’est pas certain que leur présence soit utile à l’histoire, sinon pour lui donner une épaisseur artificielle.