Au nord de l’Irak et de la Syrie, Daech étend lentement son emprise et asservit les femmes.
Un village yézidi est envahi. La jeune Zara (Dilan Gwyn) est coiffée d’un tchador, vendue au marché aux esclaves, achetée par un combattant britannique sadique qui la viole et l’emprisonne. Zara avait vu son père assassiné et son petit frère capturé pour devenir un des « boucliers humains » de l’émir.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la ligne de front, les peshmergas kurdes s’organisent. La commandante du groupe du serpent (Amira Casar) a sous ses ordres des femmes de toutes nationalités venues rejoindre la cause. Deux françaises viennent de la rejoindre : l’une est juive et s’appelle Yael Cohen (Esther Garrel), l’autre est musulmane et s’appelle Kenza Belkacem (Camelia Jordana).
Sœurs d’armes est tristement servi par l’actualité. Sa sortie coïncide avec la décision ubuesque de Donal Trump de retirer ses forces spéciales du nord de la Syrie, laissant le champ libre aux forces turques pour saigner les milices kurdes.
Sœurs d’armes est l’oeuvre de Caroline Fourest. Polémiste , essayiste, elle milite pour le féminisme et la laïcité. Elle avait déjà réalisé des documentaires (sur Marine Le Pen, les Femen ou les « réseaux de l’extrême ») ; mais Sœurs d’armes est sa première fiction cinématographique.
Les peshmergas sont à la mode. Leur combat ne peut que susciter la sympathie en Occident : ils se battent pour la reconnaissance de leur identité nationale, contre le fanatisme de Daesh et en faisant dans leurs rangs une place à égalité aux hommes et aux femmes. Bernard-Henry Lévy (Peshmerga) et Stéphane Breton (Filles du feu) leur ont consacré deux documentaires en 2016 et 2017.
Sœurs d’armes marche sur les traces des Filles du soleil d’Eva Husson diffusé l’an dernier en compétition officielle à Cannes. Il en reprend presque à l’identique les thèses, les personnages, les situations. Mais il en exacerbe les défauts. Tout sonne faux dans ce film de guerre simpliste et manichéen où chacun des personnages incarne un stéréotype (la Yézidie martyre, la fière cheffe de guerre kurde, la beurette cool, la Juive laïcarde, le jihadiste psychopathe…), où chaque prévisible rebondissement semble n’avoir été écrit que pour scandaliser les cœurs et forcer les pleurs.
Ce piteux nanar hollywoodien eût-il été signé par un réalisateur anonyme, on aurait, avec beaucoup d’indulgence, toléré son simplisme badass. Mais, de la part de Caroline Fourest, on attendait autre chose, on attendait mieux.